Dans la nuit du 6 au 7 août 2023, les pompiers ont amené un homme à l'hôpital de Hautepierre pour ivresse sur la voie publique. Pris en charge par les urgentistes, il est devenu violent et aurait blessé quatre personnes en arrachant leurs cheveux et en les mordant. Une plainte a été déposée par les victimes au commissariat de Strasbourg.
Les faits se sont déroulés dans la nuit du dimanche 6 au lundi 7 août à Strasbourg. Un homme très alcoolisé a été transporté par les pompiers du Bas-Rhin pour ivresse sur la voie publique. Accueilli par les urgences de l'hôpital de Hautepierre aux alentours de 3h du matin, il s'est montré agressif. À tel point qu'il aurait commis des violences sur quatre urgentistes qui le prenaient en charge.
Pour Louise, infirmière organisatrice de l'accueil, l'homme a été agressif dès son arrivée. "Il était très agité. On essayait de communiquer avec lui, mais il disait ne pas parler le français", explique-t-elle. C’est donc Zehra, agente d'accueil qui va tenter de lui parler pour lui demander son identité : "J'ai communiqué avec lui en turc, car il comprenait cette langue. Il ne voulait rien savoir et restait très agressif", déplore-t-elle.
Selon le personnel hospitalier, le quinquagénaire alcoolisé n'avait de cesse de vouloir quitter l'hôpital. "On lui a dit qu'on ne lui voulait aucun mal et qu'il fallait qu'on puisse le prendre en charge", précise Zehra. Rien n'y fait et le vigile présent habituellement était déjà occupé à régler une altercation pour des propos racistes dans un autre bloc. A l'accueil des urgences de l'hôpital strasbourgeois, le personnel s'est senti livré à lui-même pour gérer ce patient.
Coups, morsure et traumatisme crânien
Les urgentistes ont vite compris que le dialogue ne se ferait pas dans le calme. "Il titubait énormément et tenait à peine debout. Pour son confort et éviter qu'il se blesse, on a pris la décision de l'allonger sur un brancard", raconte Louise. À ce moment-là, en plus d'être agressif verbal, il devient "violent physiquement".
Pour tenter de le maîtriser et de l'inciter à venir s'allonger sur le brancard, Louise et Zehra sont accompagnées de renforts : Marion, infirmière et N., aide-soignant. "Je suis partie chercher le brancard. N. est venu nous aider pour pouvoir l'installer dessus, se rappelle Louise, quand je suis revenue, c'est là qu'il a commencé à donner des coups dans le vent. Il a agrippé mes collègues, donné des coups et mordu N. . De mon côté, il m'a attrapé par les cheveux et en a arrachés pas mal. En me poussant à terre, je me suis cognée la tête contre le mur. J'ai désormais un traumatisme crânien".
De son côté, l'aide-soignant, affirme qu'il a tenté de passer au-dessus de l'individu qui agrippait les cheveux de Louise pour l'arrêter. "Je l'ai mis au sol et il a entraîné mes collègues dans sa chute. Le personnel de la sécurité est arrivé très vite, mais le mal était fait. Je suis aussi tombé sur la tête et j'ai dû faire un scanner du crâne. J'ai une morsure au coude gauche et des ecchymoses", constate-t-il.
Suite à ces violences, l'homme sera tout de même pris en charge dans un box jusqu'à 8h du matin avant d'être finalement embarqué par les forces de l'ordre. Il est ensuite conduit en cellule de dégrisement avant d'être placé en garde à vue lundi.
Selon les urgentistes, le commissariat a depuis relâché l'individu et un jugement sera rendu par le tribunal de Strasbourg en mars 2024. "On ne comprend pas pourquoi il n'y a pas d'urgences à le juger en comparution immédiate. Il est libre et ça nous met très en colère", réagit Louise.
Une violence inédite pour le personnel
Louise, premier maillon de la chaîne des urgences, a l'habitude des personnes agressives ou en colère. "Mais là, je n'avais jamais vu autant de violences dans ma carrière. On s'est retrouvé tous les quatre au sol face à un individu alcoolisé. Il faut s'imaginer la violence quand même pour en arriver là", estime-t-elle. "Je sentais les coups et j'étais immobilisée, je voulais lutter pour pas qu'il touche mon visage. Quand il m'a fait tomber, il avait le visage contre le sol. Je ne pouvais plus bouger", ajoute-t-elle.
Il y a aussi une blessure psychologique
Louise, infirmière à l'hôpital de Hautepierre à Strasbourg
Les quatre urgentistes ont déposé plainte auprès du commissariat de Strasbourg, avant d'aller faire constater leurs blessures. "Il y a aussi une blessure psychologique. C'est difficile rien que d'en parler", évoque Louise. Pour l'instant, ils restent tous en arrêt de travail et tentent de se remettre physiquement et mentalement de ce qu'ils ont vécu.