La consternation de tout un quartier qui découvre le projet de démolition d'un patrimoine industriel, "c'est un lieu qui fait partie de ma vie"

Un rassemblement de protestation. En cette fin d'été, dans le quartier de Koenigshoffen à Strasbourg, l'ambiance est tendue. Les riverains viennent de découvrir un projet, qui selon eux, a été mené en catimini par la Ville : la démolition des anciennes écuries du Parc Gruber, patrimoine industriel témoin de l'histoire brassicole de ce faubourg.

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La victoire de l'argent sur l'intérêt collectif? C'est ce que soupçonnent les riverains du Parc Gruber dans le quartier de Koenigshiffen, à l'ouest de Strasbourg. Les anciennes écuries d'une brasserie qui fut implantée à cet endroit au milieu du 19eme siècle vont être démolies pour permettre le développement d'un projet immobilier. Du moins, c'est ce que les riverains croient savoir, en l'absence de véritable communication de la part de la Ville de Strasbourg. 

Les bâtiments concernés sont en mauvais état, car peu ou pas entretenus. Malgré cela, selon les dires de l'Architecte des Bâtiments de France, "le bâtiment objet de la présente démolition, fait partie intégrante de l’ancienne brasserie Gruber (....) Il présente des éléments d’architecture caractéristiques de sa fonction dans l’architecture industrielle du XXème siècle, avec de petites ouvertures hautes en plein cintre, une maçonnerie de pierres et briques et s’implante le long du Muhlbach(....) Prévoir de ne déposer que les parties en plus mauvais état".

Ces recommandations, visiblement, n'auront pas été entendues car selon la Ville, les écuries ne se trouvant pas dans le périmètre du site classé. L'avis de l'architecte des Bâtiments de France n'est donc pas contraignant. Le permis de démolition, signé fin juillet, prévoit la démolition totale du bâti.

Manque de concertation ?

Ils étaient donc quelques représentants du quartier à s'être rassemblés mercredi devant le bâtiment en sursis. "On trouve vraiment dommage que ce lieu disparaisse sans aucune concertation et sans une réflexion autour de ce qu'il véhicule, de ce qu'il raconte et de la mémoire qu'il nous transmet" regrette Alice Faye, une riveraine. 

Le site porte le nom d'un industriel, diplômé en pharmacie, David Gruber qui a mis en avant ses compétences de chimiste pour créer une bière pasteurisée. À Koenigshoffen, du fait de la proximité du chemin de fer, il a pu développer sa brasserie industrielle et acheminer sa production jusqu'à Paris. Aujourd'hui, il reste donc ces vestiges, que Paul-Antoine Dantes, riverain et historien, ne se résout pas à voir disparaître. Cela fait 82 ans qu'il vit à Koenigshoffen "Tout jeune, je venais ici, j'ai toujours vu ce bâtiment, c'est un lieu qui fait partie de ma vie. Savoir que ce morceau de patrimoine risque d'être démoli pour des appétits immobiliers, ça me gêne énormément" dit-il.

Pourtant, du côté de la Ville de Strasbourg, on plaide non coupable. "Ce bâtiment appartient à un propriétaire privé, qui n'a pas entretenu les locaux, ce qui entraîne aujourd'hui la nécessité de le démolir par mesure de sécurité" explique Pierre Ozenne, élu du quartier de Koenigshoffen. Selon lui, la Ville a été mise devant le fait accompli. Mais il l'assure, il n'y aura pas de construction de logements.

Le PLU, plan local d'urbanisme, définit ce site comme étant réservé à des activités économiques et artisanales. "Nous serons vigilants à ce que cela ne change pas, assène Pierre Ozenne. C'est un propriétaire privé qui avait un calendrier caché, et qui a laissé pourrir la situation dans l'espoir de faire plier la Ville, et construire des logements à la place", précise-t-il, ajoutant qu'il existe de nombreux exemples de propriétaires qui spéculent de la même façon pour tenter de faire modifier les documents d'urbanismes et faire construire des logements, beaucoup plus lucratifs. "Nous ne souhaitons absolument pas entrer dans cette dynamique" assure-t-il.

Cela signifie qu'il n'y aura vraisemblablement pas d'immeuble d'habitation sur ce site. Mais alors, quoi? Nul ne le sait pour l'instant. Seule certitude : les écuries, elles, vont bientôt disparaître du paysage.

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