Maître de conférences le jour, comédien la nuit : les deux vies du présentateur vedette Philippe Sandmann

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Sujet Rund Um en alsacien sous-titré. ©France Télévisions

Il donne le ton de l'émission humoristique Sùnndi's Kàter le dimanche matin sur France 3 depuis quatre ans. Philippe Sandmann - ou Philippe Gillig de son vrai nom - se lance désormais également dans le seul en scène. Un comédien en pleine ascension, qui partage son temps entre les plateaux de tournage et l'université, où il enseigne les sciences sociales. Portrait.

Il y a Alain Chabat, Yann Barthès et... Philippe Gillig, excusez du peu. Comme les deux animateurs stars avec leurs Late et Quotidien, l'Alsacien a amené à sa façon le late show à l'américaine sur nos écrans. Depuis 2020, il est le visage de l'émission Sùnndi's Kàter (la "gueule de bois du dimanche"), diffusée sur France 3 et produite par Red Revolver.

Un programme humoristique en alsacien (mais sous-titré), qui se moque gentiment de tout et de tout le monde. Il a valu à son présentateur de sortir subitement de l'anonymat. "C'est vrai qu'il y a parfois des gens qui me reconnaissent dans la rue, sourit-il. Mais ça n'arrive pas tous les jours non plus."

Cela pourrait bien changer, très vite. À 42 ans, Philippe Gillig - ou Philippe Sandmann, son nom de scène - fait ses grands débuts au Théâtre de la Choucrouterie, à Strasbourg. Seul sur les planches. "Ça n'a rien à voir, confesse-t-il. J’ai déjà fait du théâtre dans ma jeunesse, de l’impro et des pièces, mais tout un spectacle seul, c’est une première."

Un comédien qui monte

L'Eckbolsheimois jouera Manala Jones, un pastiche du célèbre Indiana Jones (en français, avec des passages en alsacien), du 19 au 29 septembre 2024. Mi-professeur de langue, mi-archéologue, mais 100 % aventurier, il est mandaté par une mystérieuse organisation pour mener une mystérieuse mission sur le mystère de l’alsacien. Et comme les mystères, il n'aime pas ça, Manala Jones s'emploie à lever le mystère...  

Là encore, le comédien qui monte nous invite subtilement à rire de nous-mêmes. Et apparemment, il le fait plutôt bien. "Il a carrément le trac à l'aube de la première, mais c’est normal, ça fait partie du job, assure Arthur Gander, auteur et metteur en scène du spectacle. Mais il s’en sort bien, je suis content. Je ne le dis pas trop fort, il ne faut pas qu’il entende !"

Philippe Gillig, ou Sandmann, on ne sait plus trop, est un homme de défis. Et les questions presque existentielles soulevées par Manala Jones lui parlent : concrètement, que signifie vraiment "être alsacien" ? Quelle est la place du dialecte ? Et son évolution ? Il y a beaucoup réfléchi, au sortir de l'adolescence.

Il joue en alsacien... mais ne l'a appris qu'à 18 ans

Car si l'enfant de Mittelhausbergen fait aujourd'hui le pitre en alsacien, il ne l'a appris que tardivement, à 18 ans. La force des convictions. "Mes parents m'ont toujours parlé en français, car l'alsacien était mal vu. Mais eux communiquaient en dialecte. J'étais très frustré, car ils avaient l'air de s'éclater lors de soirées blagues ou au théâtre, et quand je leur demandais à quel propos ou de me raconter la blague, ils répondaient que je ne pouvais pas comprendre, car c’était en alsacien. Je trouvais ça dommage et j'ai fini par en avoir assez. À 18 ans, j’ai eu envie de comprendre et de me marrer moi aussi", confie-t-il.

Il a fait passer le mot à toute sa famille, les oncles, les tantes et les autres : désormais, on ne s'adresserait plus à lui qu'en alsacien. "J'ai acheté le « Wie geht's », de Matzen, pour apprendre, et tout le monde s'est pris au jeu : à chaque anniversaire, on m'offrait des tonnes d'alsatiques, sourit-il. Mais il m'a fallu des années pour parler correctement."

Gabrielle, sa maman, confirme : "Combien de fois m’a-t-il dit : « maman, parle alsacien ! Maman, parle alsacien ! » Quand il fait quelque chose, il se donne de toute façon toujours à fond, jamais à moitié. C’est son caractère d’aller au bout des choses". "On est fiers de lui, ce n'était pas évident", complète son papa, Francis. 

La scène n'est pas son métier

Et imaginez sa fierté à lui, des années plus tard, de faire entendre sur scène et à l'écran cette langue qui lui est chère. Il avait démarré par des courts-métrages, comme Paradoxal, et des petits films dont celui-ci pour le Festival 3M qu'il organisait alors, avant de franchir un cap, plus "sérieux".

Le comédien-présentateur ne se fixe pas de limite, mais ne veut pas faire de plan de carrière non plus. Car de carrière, justement, il en a déjà une. Dans son autre vie, Philippe Gillig est maître de conférences en sciences sociales à la faculté de Strasbourg.

Un grand écart qui lui va bien. "C'est un bon équilibre, je suis heureux comme ça. Être au contact des étudiants, c'est très rafraîchissant. Mais je dois avouer qu'en fin de journée, je suis bien fatigué... Non, en réalité, je ne vous ai pas dit, j’ai un frère jumeau !", plaisante-t-il. 

On l'a bien compris, ce papa de deux enfants - auxquels il a appris l'alsacien - déteste s'ennuyer. Et vu comme il est parti, parions qu'il a encore plus d'une farce en réserve. 

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