On leur refuse l'école à la maison, ces familles se mobilisent, "on est prêt à aller jusqu'à la désobéissance"

Plusieurs familles alsaciennes se sont rendues devant l'inspection académique de Strasbourg. Elles ont recours à l'instruction en famille, autrement dit l'école à la maison, et ont vu récemment se multiplier les refus d'autorisation du rectorat. Elles envisagent d'aller jusqu'à la désobéissance civile.

Elles ont reçu un véritable coup de massue. De nombreuses familles alsaciennes pratiquant l'instruction en famille, certaines depuis longtemps, se sont vues notifier des refus de l'inspection académique pour poursuivre l'école à la maison à compter de la rentrée prochaine et sont donc invitées à scolariser leurs enfants. 

Certaines d'entre elles se sont donc rassemblées devant l'inspection académique de Strasbourg ce mardi 18 juin pour tenter d'infléchir ces décisions qu'elles jugent injustes et injustifiées.

Noémie instruit son fils de 7 ans et demi à la maison depuis ses trois ans. "Nous l'avons scolarisé au tout début, mais ça s'est très, très mal passé. Il a fait des terreurs nocturnes, il n'était vraiment pas bien alors avec son papa, on a fait le choix de le sortir de l'école."

La maman de 32 ans l'assure, cela a tout changé. "Ça l'a sauvé, il était de nouveau un enfant heureux. Je m'adapte à son fonctionnement, par exemple, ce qu'il aime c'est la lecture, il savait parfaitement lire à cinq ans, il peut lire jusqu'à cinq heures par jour. S'il va à l'école, ce ne sera plus possible".

Or, Noémie s'est vue refuser la demande de renouvellement qu'elle avait formulée au titre d'une situation propre à l'enfant. Dans son courrier, le rectorat précise que "les éléments constitutifs de votre demande d'autorisation d'instruction dans la famille, n'établissent pas l'existence d'une situation propre à l'enfant réellement avérée".

La veille, la jeune maman avait pourtant reçu les résultats de son contrôle annuel que nous avons pu lire. Il y est précisé que "le bilan général reste conforme à l'acquisition progressive de chacun des domaines du socle commun et ne demande pas de second contrôle".

Obligation de remplir un long dossier

Parce que les familles qui choisissent l'instruction à domicile sont contrôlées chaque année. Seulement depuis 2022, et suite à la promulgation de la loi du 24 août 2021, les demandes d'instruction en famille sont soumises à autorisation et nécessitent l'élaboration d'un dossier de plusieurs dizaines de pages, alors qu'auparavant une simple déclaration suffisait.

"Ça prend un temps fou de remplir ce dossier, explique encore Noémie. Ça génère aussi beaucoup de stress. On avait entre le 1er mars et le 31 mai pour l'élaborer. L'inspection académique a ensuite deux mois pour nous répondre. Mais la donne est faussée, parce que selon une source de l'inspection académique, les consignes ministérielles sont claires : le plus d'enfants possibles à l'école ! C'est ce qu'on nous a dit mot pour mot".

Pour Germain, Strasbourgeois et papa de quatre enfants entre 4 et 15 ans qui suivent tous l'instruction en famille, "c'est du républicanisme fanatique ! Le gouvernement nous dit que nous sommes libres mais dans les faits c'est le contraire, puisque les 3/4 des demandes sont refusés ! C'est très grave !" Tempête le père de famille, très impliqué.

Pour lui, cette loi votée pour "lutter contre le séparatisme est contraire à la loi qui promeut la liberté d'instruction. Contrairement à ce que l'on pense, ce n'est pas l'école qui est obligatoire mais bien l'instruction ! Et je peux vous dire que nos enfants passent haut la main tous les contrôles. Pour lutter contre le séparatisme, mieux vaut augmenter ces contrôles."

Pour l'heure, Germain attend la réponse de l'inspection académique à sa demande. En cas de refus, il pourra, comme les familles qui le souhaitent, déposer un recours devant le tribunal administratif. "Cela représente beaucoup d'énergie, du temps  mais aussi de l'argent, les familles ont l'impression d'être sous un rouleau compresseur", regrette Noémie.

Alors certaines envisagent d'aller jusqu'à la désobéissance civile. En connaissance du risque encouru : une enquête sociale, 6 mois d'emprisonnement et 7 500 euros d'amende.

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