Polémique sur la mosquée de Strasbourg : Jeanne Barseghian appelle le gouvernement à prendre ses responsabilités

La maire de Strasbourg persiste et signe. Dans une lettre à Emmanuel Macron, elle demande des explications claires et précises au gouvernement, si, comme le dit Gérald Darmanin, il y a un risque d'ingérence étrangère avec l'implantation de la mosquée Eyyub Sultan. 

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La maire de Strasbourg écologiste, Jeanne Barseghian, voudrait maintenant des explications claires du gouvernement, concernant l'implantation de la mosquée Eyyub Sultan dans le quartier de la Meinau, à Strasbourg. Elle ne compte pas remettre en question la promesse d'une subvention de 2,563 millions d'euros de la ville de Strasbourg (pour un budget total de 32 millions d'euros), telle que définie en délibération du conseil municipal du 22 mars, une décision votée à 42 voix contre 7.

Dans un nouveau tweet, Gérald Darmanin continue d'afficher son désaccord avec la mairie de Strasbourg, dans la mesure où l'association Millî Görüs "ne condamne ni l'islam politique, ni l'apostasie"[l'apostasie étant le fait de renoncer à faire partie d'une organisation religieuse, nldr]. Il a ajouté "Vivement que tout le monde ouvre les yeux et que la loi séparatisme soit bientôt votée et promulguée", en référence au projet de loi actuellement examiné par le Sénat. Il a également demandé à la préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, de déférer la délibération municipale devant le juge administratif. 

La maire de Strasbourg lui répond par une lettre, qu'elle publie dans un tweet également : "j'appelle le président et son gouvernement à prendre leurs responsabilités" :

Dans sa lettre à Emmanuel Macron, elle rappelle que la première pierre de la future mosquée a été posée en 2017 par l'équipe municipale précédente, en présence du préfet de l'époque Jean-Luc Marx, représentant de l'Etat et qu'à aucun moment depuis sa prise de fonction, le préfet ou le gouvernement ne l'a alertée sur d'éventuels problèmes liés à cette organisation. Elle rappelle également que "la délibération du 22 mars est parfaitement conforme au droit local spécifique à l'Alsace-Moselle", qui permet un financement à hauteur de 10% des lieux de culte, ce qui est le cas dans ce dossier, comme dans d'autres dossiers liés à d'autres religions.

Dans une interview sur BFMTV, la numéro 2 des Verts Sandra Regol a défendu mercredi la maire de Strasbourg : "Cette mosquée a été lancée par l'ancienne municipalité, la première pierre a été posée en 2017, il me semble que le président était déjà Emmanuel Macron, que le préfet était (le même), et à ce moment-là l'association n'était pas considérée comme un problème".

Au cœur de la tourmente, Millî Görüs [“Vision nationale”] a démarché, en vain pour l’instant, le Koweït et le Qatar, pour tenter de financer son édifice dont la première pierre a été posée en 2017. L'association se défend de tout lien politique avec la Turquie. Selon l'hebdomadaire allemand Die Zeit, c'est de loin "la plus grande association musulmane indépendante en Allemagne", dont les ramifications sont complexes. Les renseignements généraux allemands qualifient, eux, l'organisation d'"islamiste fondamentaliste".

L’association s’apprête, par ailleurs, à solliciter l’aide de la Collectivité européenne d’Alsace et de la région Grand Est, à hauteur de 8% chacune. Le chantier devrait s’achever d’ici trois ans. Une fois achevée, la Grande Mosquée Eyyub Sultan sera le plus grand complexe islamique d’Europe continentale avec ses 16 500 m².

 

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