Le 4 janvier est la journée mondiale du braille. Cette écriture tactile et unique qui permet aux personnes aveugles et malvoyantes de lire et écrire est pratiquée par six millions de personnes dans le monde, mais son apprentissage, notamment en Alsace, régresse.
Il s’agit d’un système d’écriture tactile qui à ce jour reste l’unique façon pour les personnes aveugles et malvoyantes de lire et écrire des lettres, des chiffres et des notes de musique sur une partition.
En 1829, Louis Braille donne son nom à ce système de "lecture par les doigts" plébiscité aujourd’hui par six millions de braillistes dans le monde.
La France compte 1,7 million de déficients visuels, dont 300.000 non-voyants. Parmi eux, seuls 15% maîtrisent le braille.
Un manque accru d'enseignants
En Alsace, les lieux d’apprentissage se font de plus en plus rares. C.Cité, la Fédération des aveugles Alsace Lorraine Grand Est n’est plus en mesure d’assurer des cours, faute d’enseignants. C’est le cas pour l’antenne de Strasbourg, comme pour celle de Colmar.
A la Fédération des aveugles de France, Ana Pereira confirme : "Il y a une pénurie de professeurs de braille sur toute la France. Le phénomène n'est pas qu'alsacien. Les départs à la retraite ne sont pas remplacés".
"C'est une vraie préoccupation pour les associations d'aveugles. Pour un enfant non voyant, apprendre le braille lui permet d'acquérir l'orthographe. C'est primordial", ajoute-t-elle.
La Fédération des aveugles de France et leurs homologues entendent faire remonter ce problème au ministère des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées.
Un apprentissage nécessaire pour les enfants
Dans le quartier du Neuhof à Strasbourg, l’association Adèle de Glaubitz propose des cours au Centre Braille. Evelyne Jung-Hess, chef de service du SAAAS (Service d’Aide à l’Acquisition et l’Autonomie dans la Scolarité) précise : "Nous accompagnons les jeunes jusqu’à 20 ans dans l’apprentissage du braille. Une trentaine d’enfants sont rattachés à l’établissement et une centaine d’autres est intégrée en milieu scolaire".
Les jeunes non-voyants apprennent le braille comme ils apprendraient à lire et écrire en CP. "Imaginez un domino : la cellule braille est une case de 6 points répartis en deux colonnes. Le 1, 2, et 3 sur la colonne de gauche, le 4, 5, 6 sur la colonne de droite. Pour l’alphabet, le A, c’est le 1, le B, c’est le 1 et le 2, le Y, c’est le 1, le 3, le 4, le 5 et le 6", explique Evelyne Jung-Hess. Et cela se complique si l’on ajoute la ponctuation, les chiffres mathématiques.
À cet apprentissage de code s’ajoute tout un travail autour du toucher. Autant dire qu’apprendre le braille jeune, c’est sans doute mieux.
Il arrive aussi que la situation visuelle de certains malvoyants qui lisaient l’écriture en noir (autrement dit, celle des voyants) se dégrade. Pour eux, qui ont déjà les repères d’écriture et de lecture, il est plus facile et plus rapide d’apprendre le code.
"Pour tous ces jeunes, le braille permet un accès à la lecture et à l’écriture. Il reste incontournable pour accéder à des études", confirme Evelyne Jung-Hess.
Des outils informatiques en relais
Pour ceux qui s’y mette sur le tard, l’apprentissage du braille peut se révéler chronophage et épuisant. Malgré tout, Evelyne Jung-Hess reconnait que l’apprentissage du braille se perd : "Avec les outils informatiques, les livres audio et la synthèse vocale, on peut contourner".
Elle ajoute : "Pour lire Harry Potter en braille, il faut avoir une grande bibliothèque. Ce sont des dizaines de livres. L’écouter en audio, pour certains, c’est beaucoup plus simple".
Braille n'est pas né aveugle
Louis Braille, fils de bourrelier, naît parfaitement voyant le 4 janvier 1809 à Coupvray (Seine-et-Marne). C’est dans l’atelier de son père qu’il se blesse l’œil droit avec un poinçon à l’âge de trois ans. Il se gratte la plaie qui s’étend à l’œil gauche et engendre une cécité totale.
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Il rentre à l’institut royal des jeunes aveugles où, en 1829, il fait paraître son "Procédé pour écrire les paroles, la musique et le plain-chant au moyen de points, à l’usage des aveugles et disposés pour eux". C’est l’acte de naissance du système braille. En 1847, il crée la première machine à écrire le braille.
Il poursuit le travail du cuir auprès de son père et devient un organiste de talent. Louis Braille meurt le 6 janvier 1852 de la tuberculose. Sa dépouille sera transférée un siècle plus tard au Panthéon de Paris, mais ses mains restent inhumées dans sa tombe originelle.
