Les fragments humains de victimes juives du médecin nazi August Hirt, dont la découverte à Strasbourg durant l'été avait suscité la stupeur de l'université et de la communauté scientifique, ont été solennellement inhumés dimanche en présence de centaines de personne.
Le médecin Michel Cymes, présentateur du "Magazine de la santé" sur France 5, était également présent, ainsi que le journaliste allemand Hans-Joachim Lang qui était parvenu à préciser en 2003 l'identité des 86 victimes, ainsi que la directrice du Centre du résistant déporté du Struthof, Frédérique Neau-Dufour.
Michel Cymes avait relancé en janvier la polémique sur la présence possible de restes des "86" à l'Université de Strasbourg, avec la sortie d'un livre consacré aux médecins des camps de la mort. L'université et la communauté scientifique avaient alors vivement critiqué le travail d'enquête de Michel Cymes, écartant catégoriquement la présence de "bocaux" avec des restes du médecin nazi, dans ses bâtiments.
Un hommage solennel a été rendu à ces victimes, qui ont été enterrées au carré israélite du cimetière du quartier de Cronenbourg à Strasbourg, où reposent les dépouilles de 86 juifs assassinés dans la chambre à gaz du camp de concentration du Struthof, situé en Alsace. Le cercueil a été inhumé en présence de drapeaux tricolores, à l'issue d'une cérémonie marquée par la lecture du kaddish, la prière juive aux morts, et du "Chant des déportés", et qui coïncidait avec le jour dédié aux victimes de la Déportation.
Ces restes biologiques -parmi lesquels cinq fragments de peau- proviennent des corps d'une ou plusieurs victimes du SS August Hirt, un médecin anatomiste qui avait fait assassiner 86 déportés pour un projet de "collection de squelettes". Parmi ces restes figurent aussi des pelures de pomme de terre prélevées dans l'appareil digestif d'une ou plusieurs victimes, témoignant du dernier repas ingéré par la victime avant son exécution.
Ces fragments, prélevés à la Libération par le médecin légiste français de l'institut médico-légal, le Pr Camille Simonin, dans le cadre d'autopsies judiciaires, devaient documenter les causes de la mort des victimes et témoigner des crimes et atrocités commis par les nazis. La majeure partie des restes, en grande partie découpés, avait été retrouvée par les Alliés peu après la libération de Strasbourg en 1944 et fut rapidement inhumée dans un cimetière juif.