La communauté médicale des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) a alerté sur sa "fragilité financière", ce jeudi 8 juillet. Son déficit est élevé, et sa dette encore plus.
La communauté médicale des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) a tiré la sonnette d'alarme. Ce jeudi 8 juillet 2021, elle a mis en lumière la "fragilité financière" du groupement hospitalier.
Des investissements ont été promis à l'issue d'une grande consultation du milieu médical. Il s'agit d'un Grenelle de la santé, intitulé "Ségur de la santé" par le gouvernement du président Emmanuel Macron. Un comité régional de l'investissement en santé (CRIS), mené par l'agence régionale de santé (ARS), doit allouer les fonds promis (1.27 milliard d'euros pour la région).
Mais lors de la première édition de ce CRIS, en date du mardi 6 juillet, les fonds n'ont pas été répartis. Et aucun "soutien" n'a été formulé aux HUS. Ce groupement hospitalier comprend notamment le Nouvel Hôpital civil (NHC) et le centre hospitalier universitaire (CHU) de Hautepierre (carte ci-dessous).
Le cri d'alerte du professeur Emmanuel Andrès
Président de la commission médicale d'établissement aux HUS, Emmanuel Andrès s'est confié sur le plateau de France 3 Alsace. "On comprend bien que l'État fait un effort tout à fait conséquent pour rattraper le financement qui a manqué au fil de l'eau. Il y a eu de gros investissements, beaucoup d'opérations immobilières sur une courte période. Et ce pour garder le CHU de Strasbourg dans l'un des plus grands CHU français."
"Il y a eu beaucoup de discours portés par des politiques sur des enveloppes données à certains établissements... Le CHU de Strasbourg, lui, attend toujours de savoir combien il va pouvoir bénéficier : pour la reprise de sa dette, mais aussi pour l'investissement de demain."
Le risque, c'est de voir le CHU régresser dans l'offre à ses concitoyens, et que les jeunes talents d'aujourd'hui partent ailleurs.
"On nous a beaucoup mis en exergue lors de la première vague, sur le rôle majeur joué par les hôpitaux publics. On nous a applaudis et fait beaucoup de promesses, on n'a pas de doute sur l'engagement de l'État, mais maintenant, pour être concret, il nous faut des chiffres. Pour rassurer la communauté médicale, et savoir ce qu'on va pouvoir faire demain. Avec l'idée de rester toujours au service de nos concitoyens."
Il présente certains chiffres. "Il nous faudrait au moins 200 millions de reprise de la dette. Et chaque année, une enveloppe de 20 à 30 millions d'euros pour pouvoir mener nos projets. Le risque sinon, c'est de voir le CHU régresser dans l'offre à ses concitoyens, et que les jeunes talents d'aujourd'hui partent ailleurs. Ces soignants, dont on a besoin pour une prise en charge d'excellence, partent. Il faut absolument des projets aujourd'hui pour demain. Un signal, qu'on attend. Et on fera notre part du travail pour remettre les HUS dans le droit chemin financier, toujours en priorisant l'excellence des soins."
Hôpitaux sous tension et dette massive
Les HUS ont été particulièrement "impactés" par la crise sanitaire due au coronavirus (doublement des capacités de réanimation notamment). Ils sont toujours "sous tension et en attente de moyens financiers". La modernisation entreprise à Hautepierre et la création d'un institut de cancérologie ont aussi pesé sur les finances.
Le "déficit" des HUS a donc atteint les 70 millions d'euros, et leur "dette" près de 400 millions d'euros. Nos collègues de Rue89 Strasbourg avaient d'ailleurs révélé les efforts de rigueur budgétaire demandés par l'ARS aux HUS.
"La communauté médicale s’est toujours engagée au service de la santé publique et l’a prouvé à maintes reprises [dernièrement] (attentats de Strasbourg, déraillement du TGV-Est et trois vagues Covid successives). En parallèle, elle poursuit et intensifie ses démarches d’optimisation des dépenses. Mais ces efforts seuls - sans aide à l’investissement pour l’avenir - resteront vains face à l’ampleur du déficit. Les conséquences d’un éventuel désengagement de l’État se feront au détriment de la triple fonction du CHU : soins, enseignement, et recherche", préviennent les HUS.