Annoncée pour septembre 2021, c'est désormais une certitude : la SIG Arena, projet qui doit porter à 8.000 places la salle de basket qui accueille le club strasbourgeois, n'aboutira pas en temps et en heure. L'Eurométropole, dont le soutien est indispensable, attend davantage de garanties.
Le sujet avait été évoqué une première fois en mai 2015, il y a plus de quatre ans. Puis affirmé avec force, premières esquisses et calendrier à l'appui, au début de l'année 2017 : la SIG se disait prête à porter le projet d'une nouvelle salle, en lieu et place du Rhénus Sports, construit en 2003, pour, disait alors le président du club Martial Bellon, "faire partie des 20 meilleurs clubs d'Europe".
Une enceinte plus grande - 8.000 places, puis 10.000 dans un second temps -, avec une surface commerciale de taille, bien implantée au coeur du quartier d'affaires du Wacken, en plein développement. L'investissement, alors estimé à une trentaine de millions d'euros, se ferait grâce à des partenaires privés. En mai 2018 était même annoncé le nom d'un sponsor de taille, qui serait directement associé à l'enceinte : la SIG Arena devrait devenir Crédit Mutuel Forum, dans la pure tradition du "naming" des enceintes sportives et culturelles, cher aux anglo-saxons. Il pourrait entrer en fonctionnement en septembre 2021.
Un délai qui, aujourd'hui c'est une certitude, ne sera pas respecté. Si pelles mécaniques et grues continuent de fonctionner en permanence au Wacken, pour monter les tours du quartier d'affaires, aucun signe de démarrage de travaux autour du Rhénus. Le projet, si bien huilé sur le papier jusque là, donne désormais le sentiment de patiner. Et c'est l'Eurométropole qui a mis le coup de frein.
"Le dossier a changé de nature, c'est normal de l'étudier à nouveau, avec le prisme de l'investissement public, pose Robert Herrmann, le président de la collectivité. Ce projet devait être entièrement privé, mais nous devons y mettre de l'argent public. Ca change tout."
L'Eurométropole, garant des emprunts bancaires de la SIG
Sur un projet désormais évalué à environ 40 millions d'euros, les collectivités - région, département du Bas-Rhin, Ville et Eurométropole - en financeraient plus du quart, le reste à charge du club, via essentiellement des emprunts bancaires. Pour lesquels l'Eurométropole devrait pour partie se porter garant. "Le montage est complexe, estime Robert Herrmann. La loi qui le permet est récente, elle date du 1er mars 2017, nous devons prendre le temps de tout bien faire. Comme c'est novateur, ce n'est facile pour aucun des acteurs, le club, les collectivités, l'Etat."L'Eurométropole de Strasbourg pèse d'autant plus qu'elle est propriétaire de l'équipement. C'est elle qui doit donc en confier la gérance, sous la forme d'un bail emphythéotique administratif, un BEA, à la SIG, pour un délai prévu de 50 ans. La SIG, en échange d'un loyer, en serait alors en charge, comme un propriétaire, responsable de son fonctionnement, de son utilisation, etc... Et pourrait lancer ses travaux de rénovation et d'agrandissement.
La SIG reste dans l'attente de voir ce BEA lui être délivré. Ce qui bloque l'avancée du dossier, nous explique-t-on du côté du club strasbourgeois, qui a décidé de ne plus communiquer sur ce sujet, estimant que la balle est dans le camp de l'Eurométropole.
Encore trop d'incertitudes
"Nous avons encore trop d'incertitudes, financières notamment. Les recettes d'un tel équipement n'ont-elles pas été surévaluées? Et les coûts envisagés seront-ils tenus? Voilà, entre autres, nos interrogations. Je le répète, avec les subventions publiques, le dossier a changé de nature, il nous faut des garanties", martèle Robert Herrmann. Qui souligne qu'en outre, "le marché passé de gré à gré avec le groupe Vinci, alors que le projet était encore privé, ne peut plus tenir puisque nous sommes désormais dans le cadre d'un marché en partie public. Il faudra lancer un appel d'offres, ce qui va peut-être entraîner une réévaluation des coûts du projet."
Montage fincancier bouclé ?
Selon nos informations, quatre banques seraient prêtes à s'engager auprès de la SIG pour financer les quelque 30 millions d'euros à charge du club. Un partenariat avec la caisse des dépôts a été confirmé. Le permis de construire validé par la Ville de Strasbourg. Les subventions promises par la Région et le conseil départemental votées. Robert Herrmann assure qu'il n'y a aucune volonté de blocage face à ce projet, "largement soutenu depuis le début par l'administration, bien au-delà d'autres dossiers portés par des structures privées". Qu'il n'y pas de raison que la communication ne se poursuive pas entre les services de l'Eurométropole et la direction du club. Mais que "l'utilisation de tout argent public mérite une étude rigoureuse". Pas sûr qu'elle rende ses conclusions et apporte le soutien attendu aussi rapidement que le club le souhaiterait, alors que les élections municipales se profilent en mars 2020.