Après trois ans de préparation, d'études et de concertation, l'Eurométropole s'apprête à rentrer dans la seconde phase de son renouvellement urbain. Sept quartiers prioritaires vont pouvoir bénéficier d'une enveloppe d'1,3 milliard d'euros pour une rénovation en profondeur jusqu'en 2026.
"On a souvent l'impression que Strasbourg est une ville riche", explique Robert Herrmann, le président de l'Eurométropole, "mais l'orsqu'on regarde le taux de pauvreté dans les villes françaises, Strasbourg n'est pas loin derrière Marseille". Faire reculer la pauvreté dans les quartiers chaque jour un peu plus : c'est tout l'enjeu de la deuxième phase du plan de renouvellement urbain signé ce mercredi 9 octobre entre l'Eurométropole, l'Etat et l'Agence nationale pour la rénovation urbaine.
Tout a démarré il y a 15 ans
Lorsqu'en 2004, l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (l'ANRU) voit le jour sous l'impulsion de Jean-Louis Borloo, alors ministre délégué à la Ville, l'idée est d'assurer la mise en oeuvre et le financement du programme national de rénovation urbaine dans les lieux où les conditions de vie sont particulièrement difficiles. Entre 2005 et 2015, 846 millions d'euros sont ainsi investis dans 5 projets de l'Eurométropole. La seconde phase du programme couvre la période de 2018 à 2024 : elle concerne cette fois-ci 7 quartiers de l'Eurométropole.
C'est donc une convention importante qui est signée ce mercredi 9 octobre 2019 : une convention qui va permettre à ces sept quartiers prioritaires de Strasbourg d'aborder une transition économique, sociale, urbaine et énergétique. Pour entreprendre ses rénovations, l'Agence nationale pour la rénovation urbaine, l'Etat et l'Eurométropole s'engagent à hauteur d'1, 3 milliards d'euros. C'est le cadre de vie de 54.000 Strasbourgeois, soit 11% de la population, qui devrait changer dans les prochaines années.
Quels sont les quartiers strasbourgeois concernés?
La loi de programmation pour la Ville et la Cohésion urbaine du 21 février 2014, dite loi Lamy, a engagé une réforme globale de la Politique de la ville. Depuis cette date, par exemple, les QVP ont remplacé les ZUS. En clair, on ne parle plus de Zone urbaine sensibles mais plutôt des nouveaux quartiers prioritaires de la Politique de la Ville. Pour les identifier, un critère unique : celui de la pauvreté, c'est-à-dire la concentration des populations ayant des ressources inférieures à 60 % du revenu médian.
Le contrat de Ville de l'Eurométropole de Strasbourg avait ainsi identifié ainsi 18 QPV, représentant plus de 77 000 habitants soit plus de 16% de la population de l'agglomération. Il y en avait 13 à Strasbourg, trois à Schiltigheim et Bischheim, un à Lingolsheim et un à Illkirch-Graffenstaden.
Sur ces 18 QPV, sept ont été identifiés par l'ANRU. Ce sont les mêmes qui vont bénéficier de ce Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) :
- Cronenbourg, Elsau, Hautepierre et Neuhof - Meinau à Strasbourg
- Libermann à Illkirch-Graffenstaden
- Les Ecrivains à Schiltigheim et Bischheim
- Les Hirondelles à Lingolsheim
Concertation et mobilisation citoyennes
Pour ancrer les projets dans les différentes territoires, les citoyens ont été mis à contribution, notamment au travers des Conseils citoyens. Ils y avaient la possibilité d'évoquer la façon dont ils voyaient leur quartier, la manière dont ils y vivaient et surtout leurs besoins. S'étalant d'avril à octobre 2015, cette concertation entre habitants, usagers, acteurs associatifs et institutionnels de terrain avait pour but d'élaborer un projet de territoire co-construit.
Bilan de cette période de consultations d'avril à octobre 2015 : 8 réunions partenariales, 20 concertations sur site, 9 balades urbaines, 6 forums et un total de 1.000 personnes rencontrées.
Un calendrier en plusieurs temps
De septembre 2016 à décembre 2018 s'est ouverte une phase d'études. Les contributions exprimées lors des différentes concertations de 2015 ont été transmises aux cabinets d'études pour qu'ils puissent affiner le diagnostic. Tout au long de cette phase, les concertations avec les citoyens se sont poursuivies afin d'échanger sur les grandes orientations des projets.
La signature de la convention ce mercredi 9 octobre lance la mise en oeuvre du programme d'actions dans les sept quartiers prioritaires strasbourgeois. Aux côtés de l'ANRU, l'Etat et l'Eurométropole mettent aussi la main au porte-monnaie, sans oublier des partenaires privés.
Le visage de ces quartiers devraient peu à peu changer et avec lui, il faut l'espérer, le plaisir des habitants à y vivre : immeubles à taille humaine, logements neufs, extension des transports en commun, des espaces verts et des services publics. La première phase de l'ANRU avait permis la création de 50 entreprises et de 1.000 emplois. Avec ANRU 2, chacun espère au moins un meilleur cadre de vie, au mieux un emploi. Reste un point délicat : celui de la mixité sociale qui demeure, semble-t-il, toujours difficile à mettre en place.