Strasbourg : "Le réseau express métropolitain européen est un fiasco total", des usagers en colère face aux suppressions de trains

Inauguré à Strasbourg le 11 décembre 2022, le réseau express métropolitain européen (REME) peine à se mettre sur les rails. Plusieurs usagers de TER dénoncent des suppressions et des retards incessants de trains aux heures de pointe.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Lancé en grande pompe le 11 décembre 2022, le réseau express métropolitain européen (REME) de Strasbourg prévoyait une cadence renforcée des TER avec 813 trains supplémentaires par mois et des amplitudes horaires allant de 5h à 23h. Une petite révolution pour la région qui est la première à accueillir un RER hors de l’Île-de-France. La réalité est toutefois bien différente. 

Alors que ce réseau n’en est qu’à ses débuts, un certain nombre d'usagers s’agacent déjà des nombreux couacs constatés au quotidien. En cause, des suppressions et retards de trains aux heures de pointe, et même des communes qui ne sont plus desservies par les TER

Un RER qui ne fait pas l’unanimité

"On est passé de 3 à 1 train par heure", raconte Fabien Masson, directeur de l’association CADR 67, la galère est quotidienne. Habitant à Duttlenheim, il doit prendre un TER pour Strasbourg matin et soir, mais depuis quelques semaines, c’est le parcours du combattant. "Nous avions des trains à 7h50, 8h19 et 8h40. Depuis la fin des vacances scolaires, nous n’en avons plus qu’un à 7h55, le suivant est à 8h55", déplore-t-il. Un problème d’autant plus important, car il doit désormais trouver une solution pour amener ses enfants avant le travail. "Je vais devoir trouver une nourrice ou les mettre dans le périscolaire". 

Pour Céline Heitz, résidente à Brumath, la galère est la même. "Je travaille au CHU de Strasbourg, et ça fait plusieurs années que cela se dégrade", indique-t-elle, "Mais depuis le lancement du REME, c’est devenu invivable". Chaque matin, elle se réveille aux aurores pour ne pas être en retard au travail. "Entre 5h40 et 6h54, il n’y a plus aucun train. Celui de 6h54, c’est devenu presque impossible d’y monter car c’est bondé". 

Il y a un train à 7h09 qui arrive à Strasbourg à 7h30, soit une demi-heure avant l’ouverture des grilles du lycée, ce n’est pas possible

Habitante de Rosheim et usagère du TER

Même cas de figure pour les trains entre Strasbourg et Colmar. "Depuis novembre, il y a une dégradation, mais depuis le lancement du REME c’est une catastrophe", explique Thomas Guedet, qui habite dans la capitale alsacienne et travaille à l’hôpital de Colmar. "Aux heures de pointe, nous n’avons qu'un seul train au lieu de deux par heure. Certains jours, je dois prendre ma voiture pour ne pas arriver en retard au travail". 

Emilie, habitante de Rosheim s’agace elle aussi de la réduction du trafic dans sa commune. Sa fille, en classe de seconde dans un lycée strasbourgeois, subit depuis décembre les modifications d’horaires. "Le rythme des trains depuis quelques semaines ne correspond plus du tout avec le rythme scolaire", explique-t-elle, "Il y avait un train à 7h21 qui arrivait à 7h50, c’était parfait. Désormais, il y a un train à 7h09 qui arrive à Strasbourg à 7h30, soit une demi-heure avant l’ouverture des grilles du lycée, ce n’est pas possible".

Les habitants d’Hindisheim et Limersheim sur le pied de guerre

À la gare de Limersheim, dans le Bas-Rhin, les usagers ont eu le droit à un cadeau empoisonné pour la nouvelle année. Depuis le 1er janvier, un seul train circule entre 7h et 8h au lieu de quatre en temps normal. "Personne ne nous a mis au courant, on a découvert ça dès la rentrée scolaire", s’agace Estelle, habitante de la commune. "Mon fils est en terminale au lycée à Strasbourg et il cumule les retards à cause des annulations de trains. Il va bientôt déposer son dossier sur Parcoursup et ça ne l’avantage clairement pas", explique-t-elle. "Certaines fois, il ne peut pas aller en cours, car je ne peux pas l’emmener à l’école par mes propres moyens". 

Virginie, qui réside aussi à Limersheim, connaît la même galère. "Ma fille est scolarisée à Strasbourg. Avant elle prenait le train à 7h20, désormais, c’est 7h00 car il n’y en a plus après. Donc elle attend l’ouverture du collège dans le froid", affirme-t-elle, "Il arrive qu’il n’y a pas de train du tout aussi, et là je suis obligée de l’emmener au collège en voiture". Une option peu viable économiquement au vu des prix de l’essence.

En réaction, les usagers du secteur ont décidé de s’unir en collectif et de créer une pétition. Ils demandent le maintien des horaires mis en place avant le lancement du REME à la gare de Limersheim. Le maire de la commune a lui-même signé la pétition. "Nous allons également envoyer un courrier recommandé pour alerter la direction territoriale de la SNCF Grand Est", annonce Estelle.

La SNCF promet une amélioration fin janvier

Au niveau régional, une autre pétition a été lancée le 3 janvier. Intitulée "TER Grand Est : stop à la dégradation du service de transport !!", elle a déjà réuni près de 600 signatures. "Cela montre le mécontentement de chacun dans la région. Le lancement du REME est un fiasco total", estime Vanessa Mikuczanis, initiatrice de la pétition. "Je connais une personne au chômage qui ne peut plus chercher de travail, car il n’y a plus assez de train pour s’y rendre sur place. Cela devient dramatique". 

Le texte demande à la SNCF et la région de "respecter ses engagements" et de réétudier le cadencement des trains. Les usagers signataires demandent aussi un remboursement partiel ou total des abonnements des mois de novembre, décembre et janvier. 

De son côté la SNCF, que nous avons contactée, estime que la situation reviendra à la normale à partir de fin janvier pour ce qui est des annulations et des retards fréquents. "Il y a une période de rodage. Nous analysons actuellement les situations sur le rail pour améliorer la cadence des transports prochainement", explique l’entreprise. En attendant, une nouvelle fiche horaire a été communiquée pour la période allant du 2 janvier au 3 février, confirmant les suppressions de trains actuelles.

Dans le cas des usagers du TER à Limersheim, la responsabilité viendrait, selon eux, de la région Grand Est qui décide des modifications d’horaires et de la suppression d’arrêt dans certaines gares.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information