Double manifestation aujourd'hui dans les rues de Strasbourg pour obtenir plus d'égalité au niveau du Ségur de la santé. En effet les administratifs et les agents de service hospitalier n'ont pas tous obtenu la revalorisation salariale de 183 euros.

Ils étaient plusieurs centaines de salariés à se rassembler ce mardi 31 mai devant l'hôtel du département vers 13 heures. Sur les pancartes, une revendication : 183 euros pour tous.

Parce que le Ségur de la santé a bien permis en juillet 2020 de revaloriser les salaires des personnels soignants dans le secteur public et privé non lucratif à hauteur de 183 euros.

Après des manifestations de protestation, les personnels des métiers du social et du médico-social ont pu à leur tour bénéficier de cette revalorisation de 183 euros par mois, une revalorisation effective depuis le 1er avril 2022.

Sauf que visiblement des inégalités de traitement subsistent toujours. Les agents d'entretien hospitalier notamment et les administratifs ne figurent pas tous parmi les bénéficiaires de cette revalorisation. Parmi les manifestants, nous avons croisé Laure Dillenseger, assistante tutélaire, qui s'estime lésée. "Je me sens délaissée, cela fait 15 ans que je me donne à fond dans mon travail, tout le monde a droit à cette prime mais pas moi!"

Et Jérôme Bardot, éducateur spécialisé de renchérir. "Si je peux bien faire mon travail, c'est aussi grâce aux administratifs, aux agents d'entretien, il n'y a pas de raison qu'ils soient privés de la revalorisation salariale et on manifestera jusqu'à obtenir gain de cause."

Pique-nique de protestation

Eux, ont décidé de pique-niquer quelques minutes plus tôt sous les fenêtres de la préfecture ce mardi 31 mai. Quelques dizaines de salariés affiliés à la CFDT, rassemblés pour les mêmes griefs.  Désespérés mais pas résignés, ces salariés des secteurs sociaux et médico-social, "les oubliés des oubliés du Ségur" comme ils se sont baptisés, espèrent aussi faire entendre leur voix.

Et s'ils sont à nouveau dans la rue aujourd'hui, c'est que le compte n'y est pas. "Il subsiste des inégalités confirme Isabelle Rentz-Merle, éducatrice spécialisée pour l'IME Arc-en-ciel de Sélestat. Les personnels administratifs et les agents de service hospitalier chez nous n'ont pas obtenu cette revalorisation. Alors même que leurs homologues de l'hôpital de Sélestat l'ont eue!" s'indigne celle qui officie depuis 17 ans dans cet IME.

Crise des vocations

Et pour les salariés du secteur privé non lucratif, les négociations sont en cours et n'ont pas encore abouti. "On voudrait la même chose pour tout le monde, dénonce Christian Dutter, agent d'entretien à l'institut thérapeutique éducatif et pédagogique le Willerhof d'Hilsenheim. Pour l'instant chez nous, seuls les soignants ont eu droit à l'augmentation de 183 euros. Mais nous aussi on est en contact permanent avec les résidents (des enfants atteints de troubles psychologiques, NDLR), on est sur tous les fronts toute l'année, pour nous c'est injuste!"

Des revendications salariales et une plus grande égalité, c'est donc le mot d'ordre de cette journée de mobilisation. Mais pas seulement. "C'est un peu un cri de désespoir que l'on pousse ici, explique encore Isabelle Rentz-Merle. Il y a véritablement une crise des vocations, une crise dans le secteur du social.

À l'IME où je travaille, sur 70 salariés, trois sont partis faire du maraîchage bio. Ça en dit long je trouve sur nos difficultés de recrutement. On manque de personnel, les jeunes ne sont pas intéressés par nos métiers, parce qu'ils ne sont pas assez valorisés".

À 10 jours des législatives, les oubliés des oubliés du Ségur comptent bien faire entendre leur voix et finalement celles de ceux qu'ils soignent et accompagnent.

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