Vendredi 20 novembre 2020, un policier de 46 ans a été condamné à deux ans de prison dont quinze mois ferme avec mandat de dépôt et interdiction d'exercer pour des violences commises sur un jeune homme de 18 ans en mars dernier à Strasbourg.
Deux ans de prison dont quinze mois ferme avec mandat de dépôt et interdiction d'exercer. C’est la peine prononcée par le tribunal de Strasbourg à l’encontre d’un policier de 46 ans, poursuivi pour "violences par personne dépositaire de l'autorité Publique", commises sur un jeune homme de 19 ans durant le confinement de mars dernier.
"C’est une réaction normale du corps social et judiciaire au regard de ces comportements inadmissibles. Autrefois, ils étaient passés à la trappe, maintenant la réaction est plus ferme. Les forces de l’ordre, c’est la République, la Nation, non pas une bande de voyous. La police doit commencer à comprendre que les violences qu’elle est susceptible de commettre sont sanctionnées", réagit Me Renaud Bettcher, avocat de la victime.
Les faits s’étaient déroulés dans la nuit du 18 au 19 mars 2020. Le fonctionnaire de police avait été appelé en renfort pour interpeller un jeune homme qui venait d'acheter de la résine de cannabis. Tandis que le fuyard était maîtrisé au sol par un autre agent, le policier lui avait asséné plusieurs coups de pied au visage. La scène avait été filmée par un habitant du quartier.
Le jeune homme avait encore subi de nouveaux coups à l'hôtel de police. Au niveau des côtes, puis, une fois au sol, au visage. Il avait ensuite été emmené au CHRU de Strasbourg où il avait passé une IRM qui avait révélé une grosse fracture du nez avec un important œdème. Cinq jours plus tard, le temps que son visage puisse désenfler, il avait été opéré.
"Aujourd'hui, d'un point de vue psychologique, tout va bien mais d'un point de vue physiologique, il va encore avoir le droit à des réparations faciales importantes. Il est quand même abîmé", avance Renaud Bettcher.
Le procureur, cité par les DNA, a blâmé des actes d'une "brutalité" rare, "sans aucune retenue", qui sont ceux d'un "voyou". Le prévenu, un ancien militaire décoré après des missions en Afghanistan et au Kosovo, a concédé avoir "merdé". Fin mars, l'inspection générale de la police nationale (IGPN) avait été saisie par le parquet de Strasbourg.
De son côté, le jeune homme, qui n'était pas connu des services de police a été condamné à trois mois de prison avec sursis suite à l'achat du cannabis.
L'affaire intervient en plein débat sur la loi "sécurité globale". La mesure pénalisant la diffusion de l'image des forces de l'ordre si elle porte "atteinte" à leur "intégrité physique ou psychique" suscite la controverse. Plusieurs milliers de personnes manifestent à ce sujet dans tout le pays ce samedi 21 novembre.