Avant d'accueillir ses premiers clients fin mars, Hussam Khodary doit encore aménager son restaurant, Damasquino, à Strasbourg. Pour cela, il fait appel à la générosité de tous ceux qui voudraient prendre part à son rêve, via une cagnotte en ligne.
C'est une envie forte qui l'a saisi dès son arrivée à Strasbourg, fin 2014. Apporter un peu des saveurs de sa Syrie natale dans la ville qui l'a adopté, et qu'il ne veut plus quitter.
Hussam Khodary, 45 ans, est sur le point de réaliser son objectif : ouvrir son restaurant en plein centre de Strasbourg, au 33 rue du Jeu-des-Enfants, Damasquino (ou “petite Damas”). Mais il a encore besoin d'argent et vient donc de lancer une campagne de financement participatif sur la plateforme Ulule.
Il promet un voyage vers la ville de son enfance. Un “falafel de Proust”, comme il aime le raconter. Un trait d'union entre ses souvenirs et son avenir. Le restaurant matérialise sa vie ici : "Je suis tombé amoureux de Strasbourg dès le premier jour, quand je suis sorti de la gare. La ville ressemble à Damas, surtout la Petite France. J'ai tout de suite su que je voulais tout faire pour rester".
Un restaurant familial
La cuisine est son faire-valoir. En 2016, il a commencé par participer au Refugee Food Festival. Sa première expérience dans la restauration en France. Il a ensuite travaillé dans un restaurant pendant un an et demi, "c'était top", avant de quitter son poste pour mener ses propres projets.
Un premier restaurant, Damasquino (déjà), ouvert quartier gare, juste avant le confinement de mars 2020. Au plus mauvais moment. L'aventure n'a duré qu'un an. "Mais cela m'a permis d'acquérir de l'expérience, de savoir ce que je veux ou pas, de connaître les attentes des clients, assure Hussam Khodary, qui a obtenu ses papiers en 2015. Cette fois, c'est différent. J'ai pu acheter mon fonds de commerce, ça démarre mieux. Je veux vraiment remercier les banques et associations qui m'ont soutenu et aidé à obtenir un prêt."
Son nouveau Damasquino sera "familial", dix couverts à peine à l'intérieur, autant à l'extérieur, et un service à emporter. Dans un premier temps, Hussam y travaillera seul avec sa femme Rwaida, architecte de métier. C'est elle qui se charge de l'agencement et de la décoration de la salle de restauration, dans une ambiance mi-syrienne, mi-alsacienne.
Ils serviront des mezzés froids et chauds, du houmous, de la moussaka et de nombreuses viandes, des plats végétariens et sans gluten tout droit venus de Syrie. Tout sera servi dans des bocaux pour éviter le gaspillage alimentaire et les matières plastiques ou jetables.
3000 euros espérés dans la cagnotte
Du matériel qu'il doit encore acheter. Il compte pour cela sur la campagne de financement participatif qu'il a mise en ligne. En quelques jours, il a déjà rassemblé plus de 800 euros sur les 3000 qu'il espère pour boucler les travaux (voir post Facebook ci-dessous) et l'aménagement de l'établissement.
Mais les clients pourront aussi venir avec leur propre contenant. "Lorsque j’étais enfant, à Damas, j'avais la possibilité d’apporter ma propre assiette dans les restaurants afin que l’on me serve directement. Cela créait une atmosphère familiale et une relation très particulière entre les restaurateurs et les clients. J’aimerais, à mon tour, recréer cet environnement chaleureux", confie le chef cuisinier, qui s'exprime dans un très bon français.
"J'ai appris la langue grâce à des amis croisés au hasard dans la rue quand je suis arrivé. Ils m'ont convié à des fêtes, m'ont emmené chercher des champignons ou faire des promenades, en me parlant français. Cela m'a forcé à m'y mettre, j'ai aussi beaucoup lu pour progresser", explique Hussam Khodary, avide de découvertes.
Un grand chemin parcouru, avant d'entamer ce nouveau virage avec forcément un "peu de stress", mais déjà l'ambition d'ouvrir un jour un restaurant bien plus grand. Pour cocher un autre de ses objectifs : embaucher des salariés pour transmettre, à son tour.