Strasbourg : vous ne comprenez rien aux institutions européennes, regardez "Parlement", vous allez rire et apprendre

"Parlement", c'est une série en dix épisodes à découvrir sur france.tv, la plateforme numérique de France Télévisions. Tournée à Strasbourg et à Bruxelles, elle décrit les tribulations d'un jeune assistant parlementaire dans la jungle des réglementations européennes. Drôle et instructif.

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Comment peut-on prétendre tenir en haleine des spectateurs, en leur narrant à longueur d'épisodes le parcours d'un amendement sur la pêche aux requins, dans les arcanes du Parlement Européen? Il y aurait de quoi faire fuir le meilleur public, et pourtant, c'est bien de cela dont-il s'agit. "Parlement", une série en dix épisodes est à voir et à revoir sur france.tv.


"Ce n'est pas exactement une autoroute commerciale" reconnaît le scénariste Noé Debré. "Mais après pas mal d'efforts et de rebondissements, on a trouvé des interlocuteurs qui ont su faire preuve d'audace".  Et ils ont eu raison. Les critiques sont unanimes pour saluer la prouesse du scénariste : raconter ce monde si complexe et si particulier des instances européennes, en adoptant résolument le ton de l'humour et de la satire, grâce à une galerie de personnages absolument impeccables. 

 

Une satire écrite en immersion

Il y a avant tout Sammy ( brillamment interprété par Xavier Lacaille), jeune attaché parlementaire qui débarque dans cet univers hermétique comme un cheveu sur la soupe. Malgré son costume bien gris, il détonne et il dénote. Et c'est ainsi qu'il embarque irrésistiblement le spectateur dans sa trajectoire erratique le long des interminables couloirs du Parlement. On se perd avec lui, et c'est drôle. 

Autour de lui, d'autres jeunes assistants anglais, allemands, scandinaves... Au premier abord, ils sont polis et lisses comme du papier glacé. Et puis, progressivement, on décèle les failles qui les rendent humains. Un jeu tout en finesse dans un monde feutré où les coups bas se pratiquent et s'encaissent en silence et sans état d'âme.


Et puis... Il y a l'eurodéputé Michel Specklin, campé par Philippe Duquesne, une caricature d'incompétence, un cancre empêtré dans un système qui le dépasse largement. Ce serait scandaleux s'il n'était pas aussi sympathique! La fiction permet de forcer le trait. Mais le fond est là.

 

Il y avait forcément le Parlement dans mon champ de vision
-Noé Debré

"Deux des co-auteurs de la série travaillent effectivement pour l'institution européenne" explique Noé Debré. Lui-même a pu être accrédité comme visiteur. "Pendant plusieurs mois, on écrivait dans les murs même du Parlement". S'inspirer des scènes vues et vécues, une force pour le scénario. Mais pourquoi avoir tellement tenu à écrire sur ce thème? Sans doute parce qu'il a passé les 18 premières années de sa vie à Strasbourg. Ses parents y vivent d'ailleurs toujours. "J'étais au Lycée Kléber. Il y avait forcément le Parlement dans mon champs de vision".

Des années plus tard, le voici donc au coeur de l'institution, non sans avoir bataillé pour obtenir les autorisations de tournage. "Ce n'était pas évident car le projet est assez impertinent quand même", dit-il. 

Le casting strasbourgeois

Les épisodes ont été tournés à Bruxelles et à Strasbourg, avec pour la partie strasbourgeoise, 150 cachets de figurants, selon les explications de Jonathan Schall, directeur de casting. Avec Clara Mulot, ils étaient chargés de repérer les comédiens régionaux pour les petits rôles ou la figuration. "On devait trouver des personnages de technocrates en costard. Mais la dimension burlesque, cartoonesque complètement inattendue de la série a rendu ce travail particulierement intéressant"  raconte Jonathan Schall. Car même les comédiens de l'ombre ont leur importance. On les voit moins, certes, mais s'ils n'existaient pas, ils manqueraient à la crédibilité de l'histoire. Ils doivent donc apporter une véritable valeur ajoutée. "On ne recrute pas de la même façon pour une scène dans un bar PMU ou au Parlement Européen" résume-t-il. 
 


​​​​​​​Des silhouettes parlantes

Marie Schoenbock a été recrutée comme silhouette parlante "C'est entre la figuration et le petit rôle" explique-t-elle. En fait, cela dépend du nombre de répliques données au personnage. Mais la partition n'est jamais tout à fait figée. Le comédien peut la faire évoluer et il se trouve que les réalisateurs de "Parlement" étaient foncièrement dans cette démarche de créativité.


"Ils nous ont offert un espace de liberté et ça rend le jeu très gratifiant. Du coup, on se sent à notre place" témoigne Marie Schoenbock qui jouait une scène avec le comédien Philippe Duquesne. Une phrase inventée en répétition, un détail qui n'était pas prévu, et les acteurs se laissent aller à une improvisation, toujours contrôlée mais qui apporte de la spontanéité à l'échange. Noé Debré ne dit pas autre chose : "Pour une série comme ça, c'est comme avec une troupe de théâtre. C'est fondamental que les acteurs s'emparent de leur personnage. Qu'ils prennent les commandes". 


Le résultat se découvre avec délectation : l'absurde technocratie, l'opportunisme des lobbys, les usages et les codes tellement abstraits que plus personne n'est responsable de rien. On s'en amuse, on rit, mais on s'interroge sur cette fiction qui n'est pas toujours fictive. Et en cela, l'équipe de "Parlement" aura gagné son pari. 

 

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