Une étudiante strasbourgeoise de 22 ans aurait été violemment agressée par trois jeunes hommes pour le seul motif de porter une jupe, vendredi 18 septembre. Dans son témoignage recueilli par France 3, elle dénonce un climat d’insécurité qui ne ferait qu'empirer pour les femmes à Strasbourg.
Mercredi 7 octobre, nos confrères de Libération ont établi un lien entre Elisabeth et le groupe Facebook Stras Defense, groupe privé sur Facebook (1.800 membres) "aux inclinaisons droitistes dont elle fait régulièrement la promotion lors de ses interviews", selon Libération. Elle est l'une des modératrices du groupe depuis ses débuts. Par ailleurs les Dernières Nouvelles d'Alsace et BFM TV ont évoqué le doute des enquêteurs qui ne trouvent pas trace des trois individus, ni de la jeune femme ou de la "quinzaine de témoins". Le bornage de son téléphone ne correspondrait pas non plus à ses dires, selon nos confrères, faits que nous avons relaté dans un article sur notre site internet.
Ce vendredi 18 septembre en début d'après-midi, Elisabeth, jeune étudiante strasbourgeoise de 22 ans, explique qu'elle rentre d'une balade à pied, près du canal de la presqu'île André Malraux. Sur son chemin, elle dit avoir croisé trois jeunes hommes qui vont rapidement s'en prendre à elle, verbalement puis physiquement pour le simple fait qu'elle porte une jupe. Maintenue par les bras, elle se serait pris un coup de poing au visage, avant que les trois hommes prennent la fuite.
Selon elle, une quinzaine de témoins ont assisté à la scène mais aucun ne l'a aidée ni appelé les secours. La victime a depuis porté plainte et veut aujourd'hui médiatiser son histoire pour dénoncer un climat devenu, selon elle, de plus en plus dangereux pour les femmes dans la capitale alsacienne. La police a lancé un appel à témoins.
Une quinzaine de témoins ont assisté à l’agression de cette jeune femme à #strasbourg mais personne n’a réagi.
— Officiers et Commissaires de police (@PoliceSCSI) September 22, 2020
Si vous avez des informations sur cette agression contactez @PoliceNat67
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Quatre jours après votre agression dans quel état d’esprit êtes-vous ?
"J’ai envie d’en parler pour sensibiliser les gens et pour ouvrir les yeux aux personnes qui se permettent de dire sur les réseaux sociaux que les femmes ne subissent pas d’agression. Mais si, elles en subissent. Je veux leur montrer avec ma tête qu'il y en a tous les jours et pour 90% des femmes."Qu’est-ce qui s’est passé ?
"Je rentrais d’une balade comme je fais parfois dans mon quartier, fumer ma clope, près du canal de la presqu’île André Malraux. Je regarde une vidéo sur mon téléphone, je suis habillée en jupe, une jupe rouge avec des fleurs, rien de particulier. Je vois trois hommes arriver en face de moi et là j’entends "regarde cette pute en jupe". Moi qui ai le sang très chaud, je les regarde et dis juste "pardon". J’essaie de comprendre quel est le problème avec cette jupe et là l’un des trois me dit "tu fermes ta gueule salope, tu te tais et tu baisses les yeux". L’un m’attrape par un bras, l’autre par l’autre bras et le troisième me donne un coup dans mon œil droit. Après les trois se sont enfuis dans le quartier un peu plus loin."Ce n’est pas la première fois que vous vous faites harceler ?
"Non, ce n’est pas la première fois. Ma mère a toujours refusé que je sorte avant mes 18 ans donc je ne sortais jamais le soir. Quand j’ai commencé à sortir le soir, il y a quatre ans, c’est là que j’ai compris pourquoi elle ne voulait pas que je sorte le soir avant. Il y eu tellement de fois où j’aurai pu être violée, agressée, et que je m’en suis sortie. Je me suis dit, quand j'aurai un enfant, ce sera pareil, avant 18 ans hors de question, à 18 ans il sortira faire la fête avec moi. Je le surveillerai de loin."Vous vous sentez en insécurité à Strasbourg ?
"Le soir dans certains quartiers, oui. En journée non. Mais le soir, vraiment, dans certains quartiers je suis de tempérament à répondre mais si je sais que je rentre seule, ce qui arrive rarement, je prends un Uber ou je me fais accompagner ou je dors chez la personne. Mais parfois je me dis, tu ne réponds pas, tu traces et tu baisses les yeux."La victime a porté plainte au commissariat central de Strasbourg le 20 septembre. L'enquête pour violences commises en réunion suivies d'une incapacité n'excédant pas 8 jours, a été confiée à la Sûreté départementale du Bas-Rhin. Les enquêteurs procèdent actuellement au recueil de témoignages et à l'exploitation des images de vidéo-protection.