"Je suis très fier de mes filles" : un Alsacien derrière la victoire des sabreuses japonaises contre la France

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Jérôme Guth, entraîneur strasbourgeois des équipes de sabre du Japon, revient sur sa victoire face à l'équipe de France emmenée par Sara Balzer et Sarah Noutcha (qu'il connaît bien). INTERVIEW.

Alors qu'on la voyait déjà sur la première marche du podium, l'équipe française de sabre féminin, qui compte dans ses rangs les Alsaciennes Sara Balzer et Sarah Noutcha, n'est arrivée qu'en quatrième position. À l’issue d'une petite finale haletante face au Japon, c'est finalement l'équipe nippone qui a remporté la médaille de bronze, samedi 3 août.

Un exploit pour ces outsiders emmenées par Jérôme Guth, l'entraîneur strasbourgeois des équipes japonaises de sabre (féminine, masculine et jeune) depuis janvier 2022. Pour nous, il est revenu sur ce moment incroyable, mais aussi sa vie au Japon et son contrat d'entraîneur.

Qu'avez-vous ressenti au moment de la victoire ?

C'était la toute première fois de l'histoire du Japon qu’une équipe en sabre se qualifiait aux Jeux olympiques. L’idée de venir simplement pour participer ne m’intéressait pas plus que ça. Durant toute la préparation, on s'était mentalisés à revenir avec une médaille.

Je disais aux filles qu’il fallait viser l’or, pour que la chute soit moins rude si l'on faisait moins bien. On était 8e et 9e au classement mondial. On faisait clairement figure d’outsider dans la compétition, surtout sur ce match contre l’équipe de France. Mais c’est mon job de leur inculquer cette culture de la gagne. De voir qu’on a atteint nos objectifs, cela me rend très très fière de mes filles.

Est-ce que le fait de connaître les championnes Balzer et Noutcha vous a aidé à gagner ?

Je les connais très bien personnellement, on a grandi ensemble (NDLR : ils se sont tous entraînés au Strasbourg Université Club - SUC). On s’entend très bien et je suis toujours leur premier supporter, dès lors qu’il n'y a pas de matchs à disputer contre elles. Tactiquement on les a bien étudiées, mais comme on a bien étudié toutes les autres équipes. On a fait en sorte de préparer au mieux notre compétition et d'être prêts.

Comment est-ce que vous vous êtes retrouvé à entraîner le Japon ?

Après les Jeux de Tokyo en 2021, mon prédécesseur a été remercié et j'ai commencé à vraiment les entraîner à partir de janvier 2022. On s'était fixé ça comme objectif pour les Jeux de Paris, donc c’est un vrai sentiment de fierté que je ressens.

Avant le Japon, j'ai fait dix ans d'entraînement aux Etats-Unis, donc cela faisait longtemps que j'avais quitté le giron de l'escrime français. Vivre au Japon, cela vous change complètement de planète. Je suis tombé amoureux de ce pays et de ces gens. En escrime, il y a une vraie discipline, une grande abnégation au travail, un respect de l’autorité, du partenaire d’entraînement. C’est très bluffant comme manière de vivre. On doit beaucoup s’en inspirer.

En escrime, il y a une vraie discipline, une grande abnégation au travail, un respect de l’autorité, du partenaire d’entraînement. On doit beaucoup s’en inspirer.

Jérôme Guth, entraîneur des équipes japonaises de sabre

Votre contrat se termine en décembre 2024 : qu'allez-vous faire ensuite ?

Il n’a toujours pas été renouvelé car au Japon ce n’est pas comme ça que ça marche, mais on a commencé à en discuter. Je ne suis pas hermétique à d’autres propositions, même si je suis très bien installé. Si je décidais de repartir avec le Japon, ce serait jusqu’aux Jeux de Los Angeles en 2028.

Quelle attache gardez-vous avec Strasbourg ?

Le SUC est une grande école de sabre en France, qui a été fondée et menée par le maître d'armes Philippe Nicolas, à qui j’ai beaucoup pensé hier. Je lui dois beaucoup. Je garde un rapport très fort avec l’Alsace, car c’est vraiment un endroit où je me sens en harmonie.

J’ai d'ailleurs organisé un stage à Strasbourg avec mes filles du Japon, et j’y retournerai la saison prochaine, si je reste entraîneur. D’un point de vue personnel, j’essaie d’y passer quand j’ai des compétitions dans le coin, pour me ressourcer.

Le SUC est une grande école de sabre en France, qui a été fondée et menée par le maître d'armes Philippe Nicolas, à qui j’ai beaucoup pensé hier.

Jérôme Guth, entraîneur alsacien des équipes japonaises de sabre

Qu'est-ce que l'on peut vous souhaiter ?

De bonnes vacances ! Je suis épuisé mentalement et physiquement, notamment à cause du village olympique qui n’était pas du tout confort. On va essayer de se déconnecter de la haute compétition qui puise beaucoup d’énergie mentale. Je retourne dans deux jours au Japon et, pour la première fois, je vais passer mes vacances en Asie. Et on recommence la saison en septembre.

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