Un homme de 56 ans en chimiothérapie palliative pour un cancer avancé se retrouve à la rue à Strasbourg, faute de chambre et de prise en charge médicale adaptée à sa situation. Une association tire la sonnette d'alarme.
"Les finances de l’association sont dans le rouge, mais on a décidé de lui payer une chambre d’hôtel vendredi dernier, on ne pouvait plus le laisser dehors". La situation dont parle Sabine Carriou, présidente de l’association Les Petites roues semble incroyable.
Monsieur E est gravement malade. Il suit une chimiothérapie palliative en ambulatoire à Strasbourg. "Le 7 mars 2024, un médecin de l’Hôpital de Hautepierre a rédigé un certificat signalant un besoin impératif d’une prise en charge médicale" indique Sabine Carriou. "Il y indiquait que le fait de rester dans la rue, engageait le pronostic vital à court terme du patient".
Ce certificat est à l’attention des structures sociales, pour leur signifier l’urgence de la situation. Mais à Strasbourg, les structures adaptées manquent. "Un hôtel avec lit superposé (place du haut) lui a été proposé, mais lui n’a plus la force de grimper. À l'hébergement des Remparts, tout le monde doit partir à 8 heures du matin, et lui ne peut pas se lever tous les jours, quand il a trop mal" souligne la présidente de l'association.
"Je ne demande pas grand-chose, juste un endroit pour dormir et cuisiner pour retrouver un peu d’autonomie."
Monsieur E.
Monsieur E est Georgien, arrivé à Strasbourg en mars 2023. Il a d'abord été hébergé en CADA (centre d’accueil pour migrants), mais suite au refus de sa demande d'asile, il s'est retrouvé à la rue. "Une demande de titre de séjour pour raison de santé a été faite pour lui" indique Sabine Carriou."C’est une demande d’étranger malade, elle est en cours, mais la réponse peut prendre des mois".
Il a pleuré quand il a eu la chambre d'hôtel
La bénévole russe de l’association qui communique avec lui, nous a rapporté ses propos : "Ma santé ne s’améliore pas mais je garde espoir" dit-il. Je ne demande pas grand-chose, juste un endroit pour dormir et cuisiner pour retrouver un peu d’autonomie". Monsieur E dit à son interprète qu'il ne veut pas se plaindre, mais que la chambre, que l’association a eu la gentillesse de lui payer à l’hôtel, est inadaptée à son état de santé. Il doit se lever plusieurs fois la nuit, dans cet espace, c'est compliqué.
"La solution la plus adaptée pour lui" précise Sabine Carriou, "serait d’obtenir, en urgence, une place dans le dispositif LAM (Lit accueil médicalisé). C’est un hébergement dédié aux personnes majeures sans domicile et souffrant de pathologies lourdes, chroniques. Il y serait suivi par du personnel médical".
L'association fait son maximum, mais là elle se sent à court de moyen. D'autant que le cas de cet homme n’est pas isolé, selon la bénévole. "Nous avons connaissance d’une dizaine de situations graves comme celle-ci, en ce moment à Strasbourg. On se retrouve complément démuni, face à leur détresse, psychologique aussi".
Ils sont une trentaine de bénévoles chez Les petites roues à s'occuper d'environ deux cents personnes tout au long de l’année, sur leur temps libre. Aujourd'hui, ils espèrent juste être entendus. Pour cet homme très malade qui se retrouve à la rue. Le temps presse et l'état de santé de Monsieur E se dégrade.