Ils sont fiers de présenter leur Karbike, prototype de vélo électrique bi-places. Circuler à deux, à vélo, sous un toit, c'est l'idée de deux start'upeurs strasbourgeois. Les inventeurs présentent leur prototype, la fabrication en série est en cours.
Comme souvent, une invention est le fruit d'un besoin. Pour Lucas Vançon, l'idée vient de son expérience de trajets à bicyclette, par mauvais temps."Faire du vélo quand il pleut et qu'il fait froid, ça ne donne pas toujours très envie de pédaler, alors je me suis dit pourquoi pas mettre un toit sur le vélo et, au fur et à mesure de la réflexion, on est arrivé à ce concept."
Auparavant, Lucas Vançon avait travaillé un peu dans l'automobile, dans l'industrie lourde puis dans l'industrie pharmaceutique, quand il a décidé de tout quitter, pour créer le vélo-voiture. Il s'est lancé dans un master en école de commerce, "pour comprendre le marché" et sa cofondatrice, Gaëlle Richard a, de son côté, quitté l'industrie agroalimentaire.
"Je savais que je regretterai, si je ne me lançais pas" explique Lucas. Alors, il y a deux ans, les deux startupeurs ont créé leur entreprise Karbikes.
Et voilà le résultat, un vélo à assistance électrique avec un châssiss en acier, un toit avec une plaque d’aluminium par-dessus, un pare-brise en polycarbonate incassable et (à installer encore) des côtés fermés en tissus amovibles, "Ils sont fixés par zips, on peut les enrouler pour circuler portes ouvertes ou les laisser à la maison." précise le concepteur. "Mais des portes rigides sont en cours de développement."
Le véhicule est gravé, la batterie est sous clé et ne démarre qu'avec un mot de passe sur écran ou grâce téléphone connecté.
"À la différence du vélo électrique classique, il n'y a pas de dérailleur, mais une boîte de vitesses automatique, fabriquée par Valéo en région lyonnaise." indique Lucas Vançon. "Les vitesses passent toutes seules et il y a la marche arrière" complète Gaëlle Richard.
Le karbike est fabriqué à proximité pour un public varié
Les deux jeunes startupeurs sont des patrons d'entreprises convaincus qu'il faut réduire leur impact environnemental. Pour le vélo-voiture, ils ont choisi des fabricants les plus proches possible. Les châssis sont fabriqués à Hochfelden, les pare-brise à Mulhouse, les pièces usinées dans les Vosges, les pièces de carrosserie en Moselle, les moteurs par Valéo en région lyonnaise et tout est assemblé à l’atelier à Strasbourg.
Limité à 25km/h, le karbike peut circuler sur les pistes cyclables, mais aussi sur la route. Avec ses 80 cm de large, il est plus fin qu'un vélo-cargo à trois roues, et permet de circuler de façon agile selon les concepteurs. Les premiers intéressés sont les particuliers, les familles, mais bien sûr aussi les entreprises de livraison, les artisans qui ont du matériel à transporter.
Le modèle, vendu à 12 000 euros, est destiné aux particuliers, mais il existe aussi un modèle plus utilitaire. L'espace de rangement va ainsi de 60 à 400 litres et il est possible de rajouter des barres de toit. "Le moteur du karbike est puissant (couple de 130 newtons-mètres) et peut monter des côtes tout en transportant des charges lourdes." souligne Gaëlle Richard.
"Les vitesses passent toutes seules et il y a une marche arrière"
Gaëlle Richard, cofondatrice de Karbikes
Le prototype a déjà convaincu beaucoup de monde, puisqu'ils ont eu le soutien financier de la ville de Strasbourg, de la Région Grand Est, de l'Ademe, de la Banque publique d’investissement. Ils sont soutenus aussi par la Frenchtech et font partie du réseau Coq vert (les patrons d'entreprises qui veulent réduire leur impact environnemental) ainsi qu'un financement européen. Désormais ils recherchent des financeurs, car ils ont encore besoin de 100 000 euros, pour lancer la production. En parallèle, ceux qui le souhaitent peuvent acquérir des parts et devenir associés à partir de 2000 euros.
Se déplacer en ville, à vélo, sans se faire tremper quand il pleut, ni subir les assauts du vent, un luxe qui pourrait bientôt devenir réalité avec les Karbikes. Une dizaine de vélos sont déjà commandés, ils seront livrés au cours de l'été 2024.