Vidéo. 50 000 abeilles mortes mystérieusement, "c'était impressionnant, j'étais tellement déçu", que s'est-il passé chez cet apiculteur ?

Apiculteur amateur depuis 25 ans, Jean-Marc Morzuch se réveille un matin avec une vision d'effroi : des dizaines de milliers de ses abeilles ont disparu ou gisent inconscientes sur le sol. Il souhaite aujourd'hui comprendre ce qu'il s'est passé et alerter ses confrères.

Les faits remontent à fin avril. Ce matin, Jean-Marc Morzuch, 71 ans, est alerté par un silence pesant. Étrange pour cet apiculteur du quartier de Montagne Verte à Strasbourg, qui garde précieusement plusieurs ruches au fond de son jardin. Le soleil est pourtant de sortie ce jour-là. Lorsqu'il s'approche de son rucher, il ne peut que constater la mort de plusieurs milliers d'abeilles.

"C'était impressionnant, j'étais tellement déçu. J'ai dit à ma femme que j'arrêtais les abeilles", confie le Strasbourgeois, encore marqué par les faits deux mois plus tard. Voilà 25 ans qu'il dédie son temps à ces insectes pollinisateurs et n'avait jamais connu telle hécatombe. 

Jean-Marc Morzuch tire rapidement un bilan de ses pertes : près de 50 000 abeilles sont mortes. Encore déboussolé, il croit dur comme fer que ses protégées ont été intoxiquées. 

La faute à un champ de colza ?

Les principales victimes sont des abeilles butineuses, qui représentent 15 % de la ruche. Ce sont elles qui s'aventurent le plus loin pour rapporter des provisions. Seulement, ce matin-là, une grande partie ne rentre pas à bon port. "Quelques butineuses ont réussi à revenir jusqu'au jardin, je les voyais mourantes sur le sol", indique l'apiculteur. D'autres parviennent à se glisser dans les ruches, contaminant une partie de la population.

Après discussion avec son voisin apiculteur, Jean-Marc Morzuch est persuadé que ses abeilles ont été infectées par des produits pulvérisés sur un terrain agricole. Comme le révèle les DNA, la piste d'un champ de colza, situé non loin du jardin, pourrait en être la cause.

"J’ai observé une forte mortalité sur 4-5 jours. Ça signifie que les nouvelles butineuses sont retournées sur le champ et ont été infectées. La substance est volatile donc ça s’est calmé petit à petit", estime-t-il.

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Sur la végétation de son jardin, les abeilles semblent fragilisées. ©Jean-Marc Morzuch

L'idée d'une contamination est également avancée par Gérard Lickel, vice-président de la fédération des apiculteurs du Bas-Rhin. "Au vu de la situation, ça ressemble à un empoisonnement des abeilles. C'est probablement un produit phytosanitaire épandu sur un champ voisin ou un jardin."

Comment éviter ce type d'incident ?

Deux mois plus tard, Jean-Marc Morzuch en observe encore les conséquences. Quatre reines ont disparu, laissant les ruches sans moyens de reproduction. "Elles se sont sûrement perdues lors de leurs sorties nuptiales, trop affaiblies", déplore l'apiculteur. 

Gérard Lickel ne peut que constater la dégradation des conditions de vie des abeilles sur le territoire. "Tout le système agricole est à revoir. Les arboriculteurs utilisent leurs propres produits. Nos abeilles deviennent de plus en plus fragiles." Faute de pouvoir interdire certains produits, il préconise une meilleure communication entre agriculteur et apiculteur lorsqu'un traitement est utilisé. 

L'expert rappelle l'importance d'un point d'eau proche d'un rucher. "Plus on propose aux abeilles une eau de qualité à proximité, moins elles seront tentées d'aller dans une piscine voisine, qui peut être traitée." La diversification de ses sources d'alimentation est aussi cruciale. Cela suggère un maintien de la biodiversité aux alentours. Il recommande enfin aux apiculteurs de s'informer auprès de l'ARS concernant les traitements antimoustiques épandus durant l'été.

Si ces conseils ne feront pas revenir les 50 000 abeilles de Jean-Marc Morzuch, ils auront peut-être le mérite d'en protéger d'autres. Pour rappel, l'insecte est aujourd'hui en voie d'extinction, principalement à cause de l'activité humaine. 

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