Ces derniers jours, plusieurs espaces publics ont été saccagés par des sangliers à Strasbourg. Un problème qui commence sérieusement à inquiéter les habitants.
Le phénomène ne date pas d’hier. Des sangliers sont régulièrement aperçus dans les rues de Strasbourg, créant la confusion chez certains riverains.
Au Jardin des Deux Rives, par exemple, plusieurs bêtes ont établi leurs campements, détruisant au passage les espaces verts de la ville. Le problème est tel que certains habitants du quartier n’osent plus sortir de chez eux une fois la nuit tombée.
Pour lutter contre cette prolifération, des solutions comme le piégeage sont mises en place. Néanmoins, leur efficacité n’est pas garantie, ce qui pousse la ville à revoir ses plans.
Des habitants angoissés
La scène a de quoi surprendre. Au Jardin des Deux Rives, à l’est de la ville, certaines pelouses sont complètement retournées, voire détruites. Le parc strasbourgeois a fait les frais d’une invasion de sangliers pendant la nuit. Si les images sont saisissantes, elles témoignent d’une prolifération importante de cet animal dans l’Eurométropole. "Ça fait longtemps qu’on croise des sangliers qui se baladent sur les routes et les trottoirs", raconte Tifany, habitante des Deux Rives. "Une fois, il y en avait devant chez moi. À quatre mètres il y avait un sanglier qui mangeait des glands. Je suis rentrée en courant et j’ai dû attendre qu’il parte pour pouvoir aller au travail."
Habituée à se promener dans le quartier, la Strasbourgeoise de 28 ans ne cache pas sa crainte de se retrouver une nouvelle fois devant l’animal. "On a peur avec mon mari. Il n’y a pas de lumière dans le parc et on sait qu’il y a des sangliers. On a peur pour notre chien aussi."
Ce sentiment d’insécurité est partagé par les licenciés du club équestre des Deux Rives. Eux aussi ont dû faire face à des sangliers ces dernières semaines et doivent désormais prendre des précautions. "On essaye au maximum de refermer le portail du club, mais on n’est jamais à l’abri. Ils commencent à attaquer les gens et les animaux, ça nous inquiète."
Comment inverser la situation ?
Face à l’augmentation de dégâts causés par les sangliers, la ville cherche des solutions. Il faut dire que l’espèce se plaît bien à Strasbourg. "Ils viennent dans les pelouses car ils trouvent des vers qui remontent avec la pluie", explique Frédéric Obry, président de la Fédération des chasseurs du Bas-Rhin.
Les raisons de cette prolifération sont multiples. D’une part, le sanglier ne dispose pas de prédateurs, ce qui le rend très invasif. La proximité des forêts avec les villes crée également une zone floue sur les limites de son habitat naturel. Enfin, le réchauffement climatique, fatal pour certaines espèces, favorise au contraire sa reproduction.
Deux options existent aujourd’hui pour stopper la recrudescence de sangliers. "Soit une action de piégeage ou alors la chasse mais uniquement à l’arc" indique Frédéric Obry. "On ne peut pas se permettre de tirer des coups de feu en ville. Quand on veut limiter la prédation d’une espèce, on crée souvent l’inverse au final", déplore-t-il.
Si la ville a longtemps interdit la chasse au fusil dans sa périphérie, elle revoit progressivement sa position au vu des récentes invasions de sangliers. La mairie a renouvelé sur neuf ans les baux de chasse aux portes de la ville. De quoi offrir une lueur d’espoir aux habitants de Strasbourg.