Sur proposition d'une employée, un patron de PME a fait construire un poulailler dans le jardin de son entreprise à Herrlisheim dans le Bas-Rhin. Depuis, les employés ramassent des œufs frais chaque jour et font leur pause-café à côté des poules. Apaisés et plus détendus.
Pour rire, on pourrait l'appeler "La boîte à oeufs". Mais c'est tout à fait sérieux, le directeur de la PME, Les Ateliers Mécaniques de la Moder, à Herrlisheim dans le Bas-Rhin, a accepté l'idée d'une employée de créer un poulailler.
"Ce n'est pas commun " reconnait dans un sourire, Vincent, chef d'équipe, en soulevant le couvercle du pondoir, "mais nous, ça nous va bien. On vient voir s'il y a des œufs et on en fait des gâteaux."
Sur un espace vert disponible attenant à l'entreprise, douze poules rousses, blanches ou encore, dites "Bleues de France", picorent et caquettent en toute sérénité. Certaines se promènent, d'autres couvent ou pondent. À côté d'elles, des employés boivent leur café ou fument leur cigarette.
"Ça fait du bien, surtout quand on fait des pièces précises, ça permet de souffler un peu et avec les poules, c'est sympa" affirme Jonathan, régleur de précision.
Il faut dire que leur travail demande une grande concentration : ils fabriquent des pièces pour l’aéronautique, l’aviation et le secteur automobile. Alors, faire leur pause dans ce nouvel environnement leur plaît beaucoup.
À l’origine de ce royaume pour gallinacés, Renaud Huss, le frère d’une employée. Il a construit le poulailler et l’entretient tous les week-ends avec ses enfants, aussi enthousiastes que lui. "Au départ, on voulait acheter un poulailler, mais on n'a pas trouvé ce qu'on voulait, alors je l'ai fabriqué avec des matériaux de récupération et d'autres que l'entreprise a financé."
Ils ont opté pour une ouverture et fermeture automatisée, une distribution de graines et d'eau accessibles librement aux poules, de sorte que les employés n'ont aucune contrainte supplémentaire en dehors de leur travail. "Il y a même des loquets qui vont verrouiller la trappe contre l'introduction de renards, les rats ou tout autre nuisible qui pourrait causer des ravages dans le poulailler. "
Roland Burger, le directeur des Ateliers Mécaniques de la Moder, qui a financé le projet à hauteur de 600 euros, n’y voit que du positif. "Dans le chiffre global d'une entreprise, ça ne représente quasiment rien. Et le retour d'investissement pour moi, ce sont les sourires, l'engagement des gens, leur plaisir d'apporter des épluchures et de ramasser des œufs. Je pense qu'on est largement créditeur à ce niveau-là."
"Dans notre équipe de sept employés, on s'entendait déjà très bien avant" souligne Ophélie, l'assistante de direction, à l'origine du projet, "mais c'est vrai que le poulailler nous a encore rapprochés et aujourd'hui, même les clients nous demandent des nouvelles des poules."
Le producteur qui a fourni les volatiles a été surpris. Jusqu'à présent, c'étaient les particuliers qui en achetaient surtout depuis le confinement. Puis l'une ou l'autre maison de retraite a monté un poulailler pour ses résidents, mais côté entreprise, c'est une première. Une innovation qui fera certainement des émules.