Depuis un an, les habitants du fond de la vallée de Masevaux, dans le Haut-Rhin, peuvent se faire soigner par télémédecine dans le cabinet d'Oberbruck. Le projet, piloté par l'association de soins et d'aides Mulhouse et environs (ASAME), suscite l'enthousiasme des praticiens et des patients.
Vous êtes-vous déjà imaginer en train de vous faire soigner par un médecin qui se trouve à l'autre bout de la France? Dans la vallée de Masevaux, tirer la langue devant une caméra, ou faire mesurer son rythme cardiaque grâce à internet n'est plus une visison futuriste, mais une réalité.
Les personnes malades peuvent en effet, depuis le 5 septembre 2016, se faire osculter par un praticien de Bordeaux, Nancy, Avignon, ou plus proche, Pfetterhouse dans le Haut-Rhin. Le procédé s'appelle la télémédecine.
Désenclaver la vallée
L'initiative, la première au monde en ce qui concerne la télémédecine indépendante, émane de l'Association de soins et d'aides Mulhouse et environs (ASAME). Elle vise à désenclaver cette vallée et en particulier cinq villages de quelques centaines d'âmes chacun: Oberbruck, Sewen, Kirchberg, Niederbruck et Dolleren. Aujourd'hui, plus aucune de ces communes ne dispose encore d'un médecin généraliste.Le fonctionnement est simple. Les personnes qui le souhaitent peuvent se rendre dans le cabinet d'Oberbruck, où ils sont pris en charge par un infirmier. Ce dernier se charge alors de faire l'intermédiaire entre le malade et le praticien, qui apparaît sur un écran. Une équipe de six médecins se relaie.
Le coût de l'équipement qui comprend la webcam, l'écran et l'interface, coûte 30.000€, en partie amortis par l'ARS (Agence régionale de santé).
373 téléconsultations en un an
Un an après sa mise en oeuvre, 373 téléconsultations ont été effectués. Le bilan global est largement positif. Pour les professionnels de la santé, la télémédecine peut dans certains cas se substituer à une consultation classique en chair et en os.L'efficacité est la même pour les pathologies courantes et banales. On ne peut pas tout faire par le biais de la télémédecine, mais cela permet de faire un tri assez rapide et assez performant pour savoir ce qu'on peut faire par le biais de la télémédecine ou s'il faut passer par un cadre classique.
Christian Hemeter, médécin à Pfetterhouse
Les patients, eux, vantent le côté arrangeant de la télémédecine, en particulier du point de vue logistique.
C'est extrêmement pratique. Je n'ai pas les moyens de me véhiculer tous les jours, donc quand il s'agit de consulter ailleurs et plus loin, c'est toute une organisation à prévoir et c'est assez compliqué. Là il suffit simplement de se rendre au cabinet
Une patiente
Prochaine étape, des mallettes
L'ASAME voit encore plus loin et compte poursuivre le développement de la télémédecine. Quatre cabinets de ce type devraient ainsi ouvrir leurs portes en 2018, dont trois dans le Haut-Rhin.En outre, l'association compte faire l'acquisition de mallettes, des sortes de kits portatifs contenant une webcam et un écran. D'un prix unitaire de 10.000€, ces mallettes permettront de visiter directement chez elles les personnes âgées, ou d'effectuer des consultations dans des EHPAD (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). On n'arrête plus le progrès.
La télémédecine à Oberbruck: Qui? Où? Comment?
Le cabinet de télémédecine d'Oberbruck accueille les patients du lundi au vendredi.Horaires d'ouverture: 9h-11h et 16h30-18h30.
Une équipe de six médecins collaborent avec le cabinet. Ils viennent de Pfetterhouse, de Nancy, d'Avignon et de Bordeaux, entre autres.