Un couple de parisiens possède la seule photo représentant la Veuve Clicquot entourée de sa famille. Un panotype chiné il y a plus de 40 ans. Jusqu'à présent, il n'y avait qu'une seule photographie connue de Barbe-Nicole Clicquot-Ponsardin. Elle est soigneusement conservée dans les archives de la célèbre maison de champagne.
Philippe et Frédérique Robiaud sont amoureux des vieux objets. Ils courent les brocantes en tous genres et possèdent une grande collection de photos anciennes de toutes sortes. L'histoire commence au début des années 1980. Frédérique et Philippe ne manquent jamais la braderie de Lille, ville d’origine de Frédérique.
Un heureux hasard
Un jour de début septembre, sur un stand aux mille et une merveilles, Philippe fouille une boîte de vieilles photos entre le trottoir et le caniveau. Il tombe par hasard sur cette photo sombre, aux personnages étranges mais aux fins détails. Elle attire son attention. Il hésite, puis met la photo dans sa poche en échange d’une pièce de 20 centimes de francs. La photo restera dans les archives personnelles du couple pendant plusieurs années sans révéler ses secrets.
à l’époque, je n’ai pris aucune précaution pour la préserver alors qu’aujourd’hui je la garde à l’abri de tous les dangers.
Philippe Robiaud
10 ans plus tard...
Frédérique est une fidèle lectrice de magazine de décoration. En juin 1990, elle fut interpellée par un tableau de Léon Cognet édité dans un article présentant une célèbre veuve de la Champagne. Aux pieds de celle-ci, une jeune fille est allongée. Leurs visages ne lui sont pas étrangers. Elle s'est souvenue de la photo sombre de Lille. Aucun doute il s’agit bien des mêmes personnes. La Veuve Nicole-Barbe Clicquot Ponsardin et son arrière-petite-fille Anne de Rochechouart. À l'arrière-plan, le Château de Boursault, propriété de la famille près d'Epernay.
Tout à coup tout s’éclaire. Rien n’est plus beau que la curiosité satisfaite. C’était le début d’une longue recherche qui nous occupe encore aujourd’hui. C’est sans fin.
Frédérique Robiaud
La révélation fut vérifiée en 1992 lors de la parution du livre de Frédérique Crestin Billet. Le couple de chineurs acquiert dès sa sortie. Rempli d’archives de la maison de Champagne, l’ouvrage présente en macaron « la seule et unique photo qui ait jamais été prise de Madame Clicquot ».
Ça nous a bien fait rire quand on a lu cela, nous en avions une entre les mains.
Frédérique Robiaud
Encore un heureux hasard en 2005, Philippe recontre l'oenologue de la célèbre maison de champagne par l'intermédiaire d'un ami. La photo a pu être certifiée, plius de doute possible sur l'identité des protagonistes.
L’enquête continue
Philippe veut lever tous les mystères qui entourent la photographie. Il parcourt les ouvrages spécialisés, interroge les spécialistes. Récemment il est allé se renseigner auprès de La société Nationale de Photographie, à la Bibliothèque Nationale de France. Il s’agit d’une prise de vue particulière, un panotype. Le principe est le même que le Daguerréotype, au lieu de fixer l'image sur une plaque de cuivre, elle est imprimée sur du carton. Il en existe très peu car le temps de pause était très long. Le plus souvent il n'y a qu'un seul protagoniste pour cette raison. La photographie est datée de 1857.
Une famille célèbre
Autour de La Grande Dame de la Champagne se trouvent les membres de sa famille. À droite, le Comte Louis Marie Joseph de Chevigné, auteur et poète du XIXe siècle. À gauche se trouvent la petite-fille de la Veuve, Marie-Clémentine de Chevigné et son époux Louis de Rochechouart-Mortemart. Bien tenue par ses parents, la jeune Anne Rochechouart-Mortemart âgée de 10 ans. Elle deviendra plus tard la Duchesse d'Uzès après son mariage avec le Duc Emmanuel Crussol D'Uzès. Sculptrice, elle sera notamment la première femme à obtenir le permis de conduire et deviendra pilote de course.