"Une France découpée façon puzzle" : les territoires à l'épreuve du nouveau visage de l'Assemblée

Suite aux élections législatives anticipées, dont le résultat a été connu dimanche 7 juillet, le nouveau visage de l'Assemblée nationale dépeint un paysage politique fracturé au niveau national. Mais qu'en est-il à l'échelle locale ? Plusieurs maires de villages et villes de Champagne-Ardenne ont fait part de leurs inquiétudes face à cette nouvelle séquence politique.

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Les Français ont élu, dimanche 7 juillet, leur 577 députés. Déjouant les pronostics, le Nouveau Front populaire sera la première coalition en nombre de sièges, avec 178 députés, devant Ensemble (150 sièges) et le Rassemblement National (143 sièges). Après la découverte de ce nouveau visage de l’Assemblée nationale, nous avons interrogé des maires de villages et de villes en Champagne-Ardenne afin de recueillir leur témoignage sur cette séquence politique qui s’achève.

Le maire divers gauche de Sedan, ville des Ardennes qui compte plus de 15 000 habitants, se réjouit de cette “bonne surprise”, tout en mettant en avant la progression importante du RN “dont il va falloir tenir compte pour essayer de l’enrayer”. Faute de majorité claire, Didier Herbillon qualifie toutefois le pays “d’ingouvernable” dans un “paysage politique éclaté.”

“Une France dispersée et découpée façon puzzle”, abonde Romain Bonhomme, maire divers-droite de Beine-Nauroy, village de la Marne. Ou encore un “bazar général” avec pour “seule stabilité l’instabilité”, d’après les mots du maire divers droite de Saint-Dizier (Haute-Marne), Quentin Brière. 

Pessimisme ambiant

Ces disparités se retrouvent-elles au niveau local ? Pour Romain Bonhomme, la réponse est non : “J’ai l’impression que c’est déconnecté de la réalité de ma communauté, qui reste dans la concorde et la fraternité.” Il admet pourtant que ce système, qui “s’autoalimente” avec notamment des politiques perçus comme “irréconciliables”, se “dépeint” petit à petit sur la population. 

Quand les élus donnent le mauvais exemple, c’est assez inquiétant. Le risque de contamination est grand. Surtout lorsque l’on est bien plus observé qu’avant par la jeune génération. Les Français ont besoin de sentir que la concorde et la fraternité ce n’est pas que le 14 juillet.

Romain Bonhomme, maire de Beine-Nauroy.

Du côté Saint-Dizier, son maire décrit une population qui se dit “perdue par les discours nationaux” et qui se questionne sur la possibilité de travailler ensemble malgré les divisions. Quentin Brière estime tout de même qu’au niveau local, la proximité avec les élus et les projets concrets permettent de “réconcilier” les personnes qui s’opposent sur l’échiquier politique.

Un pays réconciliable ?

Cet échelon local est considéré par Quentin Brière comme “le seul capable de générer de l’enthousiasme, de la stabilité et de la confiance”. Dans ce contexte de “bordélisation”, il doute toutefois de la possibilité du pays à “porter des réformes fortes” et à permettre des “relais stables” au niveau national pour accompagner l’échelon local. “Il faut que les maires soient soutenus dans leur rôle, et ces résultats vont les fragiliser. Je crains un décrochage par rapport à la réalité du terrain”, prévient-il. 

Une réalité du terrain bien loin du “jeu politique” notamment fait de petites phrases, à  l’instar de la déclaration du nouveau député François Ruffin (LFI), qui a appelé à réunir la “France des bourgs et la France des tours”.

Autrement dit, la France rurale et la France citadine. “Ça rime bien, a réagi Didier Herbillon, maire de Sedan. Sauf que c’est une formule assez inexacte. Je parlerais davantage de la France des villes et des campagnes.” Et à Quentin Brière d’ajouter : 

Il y a de fortes divisions dans l’électorat qui s’expriment en fonction du territoire, mais ça n’explique pas tout. Il y a d’autres clés de lecture en fonction du type de profil, comme l’âge ou le niveau de diplôme.

Quentin Brière, maire de Saint-Dizier.

Nécessité d’un nouveau modèle ?

Le maire de Sedan, Didier Herbillon, admet toutefois que dans sa ville, le vote du Rassemblement National “est le plus fort dans les quartiers politiques de la ville où les difficultés sociales se concentrent. Que ce soit lié à une réalité ou à un ressenti, il y a une exaspération, à la fois dans les tours et dans les campagnes”, tient-il à rappeler en invitant à y répondre par des mesures concrètes et à se questionner sur ce qu’il considère être la “seule solution”

C’est-à-dire passer à une autre culture politique, celle de la “négociation et du compromis” entre les différents groupes, sur le modèle allemand ou belge. “Finalement, la fin de la Ve République et du régime présidentiel”, note-t-il, convaincu que la prédominance du rôle du président est désormais “dépassée” et qu’il serait bénéfique de réfléchir à un “nouveau logiciel pour que notre pays avance.”

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