Passionné par le bois depuis toujours, Christian Deichtmann est devenu ébéniste d'art il y a 35 ans. Un métier qui lui permet de fréquenter des lieux souvent inaccessibles pour y restaurer ou monter des meubles. Il exposera trois de ses créations au salon Résonance(s), à Strasbourg (8-11 novembre).
Il a commencé à travailler le bois dans la cuisine de ses parents - percer, visser, poncer - mais ce qui n'était alors qu'un passe-temps d'enfant s'est rapidement transformé en évidence amenée à durer... longtemps. Christian Deichtmann a réalisé le rêve de beaucoup d'entre nous : faire de sa passion, son métier. Il est devenu ébéniste d'art et a ouvert son atelier il y a 35 ans, à Mundolsheim, L'ébénisterie d'art Le chevalet.
Pourtant, son destin était tout tracé : Christian Deichtmann devait prendre la succession de son père à la tête d'une entreprise de transports. "C'était comme ça à l'époque, on se succédait de père en fils", explique-t-il. Alors, il s'est lancé dans des études de sciences économiques à la faculté, avant de tout laisser tomber et de suivre sa voie, la vraie.
Des pièces uniques qui atteignent 20.00 euros
Son truc à lui, ce sont les pièces d'exception. Hors du commun à la fois par leur technique et leur esthétique. A la pâtisserie Christian, à Strasbourg, il a par exemple installé dans le salon de thé, un meuble réalisé avec du placage de frêne olivier. Un meuble facturé 20.000 euros et qui lui a demandé 1.000 heures de travail, dont deux semaines entières rien que pour le placage. "Une marqueterie comme celle-là, c'est un tableau d'art", commente Christophe Meyer, le chef de la pâtisserie.Il a fallu plusieurs semaines pour imaginer le meuble. Chez Christian Deichtmann, chaque pièce est unique "par respect pour les clients" auxquels il fait cette promesse. Chacune a sa particularité, comme ce cabinet de curiosités créé pour le salon Résonance(s) qui se tiendra au Parc Expo de Strasbourg du 8 au 11 novembre : les angles sont coupés en onglet, autrement dit, le meuble ne comporte pas de chant. "Parfois, tu es devant ta feuille, sans aucune inspiration. Et puis subitement, un matin, tu te lèves et tu as trouvé. En trois minutes, tu as dessiné ton plan", confie l'ébéniste.
Travailler dans des lieux chargés d'histoire
Quand il ne crée pas, il restaure, souvent des pièces ancestrales installées dans des églises. Pendant six mois, il a rafraichi les deux stalles de l'église d'Ebersmunster : chaque statue a été plongée dans de l'huile de lin pour qu'elle retrouve sa couleur et sa brillance d'origine. Des moments privilégiés pour lesquels Christian Deichtmann a eu envie de faire ce métier : "Travailler dans un tel endroit, seul le métier d’ébéniste d’art le permet. Autrement, on ne pénètre pas dans ce genre de lieux pour le travail", s'émerveille l'artisan, qui regrette par ailleurs le manque de relève dans le domaine, faute de formation (son fils est néanmoins ébéniste lui-aussi).Au salon européen des métiers d'art résonance[s], devenu en quelques années l'un des salons phares des métiers d'arts en France, il exposera trois de ses créations au milieu de près de 200 artistes sélectionnés par la Fréma. 20 000 visiteurs sont attendus sur le week-end.