Colmar : l’incendiaire et creveur de pneus du Centre-Alsace condamné à huit ans de prison

Le jugement est tombé le 9 septembre après trois jours de procès au tribunal de Colmar. L’incendiaire et creveur de pneus Régis Haegele a été condamné à huit ans de prison. Il avait reconnu une grande partie des 110 faits qui lui étaient reprochés.  

 

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Chose rare pour un procès en correctionnel, les réquisitions et plaidoiries ont duré tout l’après-midi le 8 septembre. La veille, le tribunal de Colmar avait ouvert pour trois jours le procès de l’homme surnommé "serial creveur" de pneus. Après les délibérations, le jugement est tombé le 9 septembre : Régis Haegele est condamné à huit ans de prison. Il a été relaxé pour une quinzaine de faits sur les 110 (incendies de bus, voitures et crevaisons) qui lui étaient reprochés.

Pour les 350 parties civiles, il faudra attendre le 20 janvier 2021, date à laquelle doit commencer l'évaluation du montant des dommages et intérêts. A l'issue de sa peine, Régis Haegele devra remplir trois conditions sous peine de reprendre deux ans de prison. Il devra faire l'objet d'un suivi médico-social pendant sept ans, réparer les dégâts infligés et chercher une activité professionnelle ou une formation. 

Un procès hors du commun

Un millier de pneus crevés, 27 bus et une centaine de voitures incendiées dans le Centre-Alsace en l'espace de cinq ans : voilà ce qui est reproché à Régis Haegele. L’homme de 34 ans avait été interpellé le 13 novembre 2019 après cinq ans d’investigations dirigées par la section de recherche de gendarmerie de Strasbourg.

Ce procès, peu commun, l’est aussi par le nombre de parties civiles : 350. Conséquence : si le suspect passe bien devant le tribunal correctionnel, le procès prévu sur trois jours se déroule aux assises dans un souci de gain de place et de latitude.
 

Une première matinée d’audience et des excuses

Vêtu d’un jean et d’un pull gris, Régis Haegele est apparu très calme dans le box lundi 7 septembre. Pour lui, même si, selon son avocat, il appréhendait ce moment, c’est un soulagement de pouvoir s’expliquer. D’une voix posée, il a présenté ses excuses "pour tout le mal" causé.

Originaire de Sélestat, il raconte aussi une enfance difficile et malheureuse : une famille maternelle compliquée et un père, chauffeur de bus, violent. D’ailleurs s’il s’en est pris à des autocars, c’est pour exprimer sa haine. Régis Haegele parle même "d’exutoire".  

Son parcours scolaire et professionnel est chaotique. Il a entamé un BEP de peintre en bâtiment sans jamais aller au bout. Sans diplôme, il enchaîne les petits boulots : magasinier dans un drive, livreur. Au moment de son interpellation en novembre 2019, il était sans emploi.

Ce fan de cinéma collectionne plus de 1.000 DVD, il pratique aussi la course à pied. De sa vie sentimentale, on lui connaît deux compagnes : l’une dont il s’est séparé en 2015. La seconde, rencontrée en 2018, l’a quitté depuis sa détention provisoire.

Des modes opératoires similaires

Régis Haegele se décrit comme quelqu’un de très prudent. Il dit avoir pris toutes les précautions pour ne pas se faire prendre. Sportif de haut niveau, l’homme est un coureur de fond qui profitait de ses séances d'entraînement nocturnes pour commettre ses actes de vengeance, parfois même longtemps après. Plusieurs départs de feu lui permettaient ainsi de brouiller les pistes par rapport à sa véritable cible.

A l'aide d'une pierre, il brisait la vitre du véhicule et y jetait un allume-feu. Pour les pneus, la pointe de son couteau à cran d'arrêt suffisait. En douceur et sans bruit. Cela ne lui prenait pas plus de 30 secondes par voiture.

Que dit l’expert psychiatre ?

L’expertise ne révèle aucun trouble psychiatrique patent. Elle souligne cependant certaines obsessions et le sentiment de supériorité du prévenu. Il a tendance à déformer les faits réels. Diagnostiqué pour sa pyromanie et au regard du nombre de ses récidives, il présenterait une certaine dangerosité criminologique.

A ces arguments, Régis Haegele réplique qu’il ne se considère pas comme pyromane : il n’éprouve aucune fascination pour le feu. Il réfute l’idée selon laquelle il pourrait être dangereux pour la société. Le travail mené avec le psychologue depuis sa mise en détention provisoire l’aurait beaucoup apaisé. Impossible selon lui de repasser à l’acte.
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