Mal équipés, certains infirmiers libéraux mettent en place des règles barrières pour éviter la propagation du virus : séparation des tournées, pour être en contact avec moins de patients, évitement d'une personne contaminée pour protéger les autres...
Guillaume Robin est en colère quand on lui demande de combien de masques de protection il dispose dans les trois cabinets qu'il partage avec six autres infirmiers libéraux sur les villes d'Holtzheim, Eckbolsheim et Wolfisheim. "Nous avons zéro masque. En tant que professionnels de santé, nous allons être en première ligne et nous n'avons aucune protéction, zéro, rien", martelle-t-il.Pas de masques pour aller chez les patients atteints de Covid-19
Et cela a déjà posé problème à cet infirmier. "On soignait une de nos consoeurs, infirmière à l'hôpital mais qui là est chez elle parce que l'un de ses patients est un cas confirmé. Du coup, nous ne pouvons plus venir faire son pansement, elle va devoir se débrouiller toute seule. Et c'est un endroit qu'elle ne peut pas atteindre elle-même. Elle va devoir piloter son mari pour qu'il lui fasse. Avec un masque, nous aurions pu continuer à lui faire ce soin."Il est surtout en colère contre la vente sans discernement aux particuliers, en début d'épidémie. Il en veut à ces professionnels, pharmacies et magasins de matériel médical, qui ont vendu leurs stocks à des particuliers, pour faire du chiffre d'affaire et sans considération des besoins de santé publique. "Moi et mes collègues n'avons pas de masques, alors qu'une de mes patientes m'a avoué qu'elle en avait acheté six boîtes pour elle toute seule, des masques qu'elle ne mettra sûrement pas, et qui sont peut-être mal stockés. S'ils prennent l'humidité, par exemple, ils sont inutiles."
Le gouvernement a mis en place une livraison de masques pour les médecins généralistes en priorité. Ces masques sont d'abord distribués aux médecins, dentistes et kiné.
Depuis le début de l'épidémie, pas de changement notable pour nous. "Nous relayons à nos patients les messages du ministère et nous appliquons les gestes barrière. D'ailleurs, ces gestes, nous les faisions déjà", explique, pragmatique, Guillaume Robin. "D'ailleurs, porter un masque en période grippale, quand on est malade, va peut-être devenir une nouvelle règle. Une règle de base, pour éviter de contaminer d'autres personnes quand on se rend chez son médecin par exemple".
50 masques pour 5 infirmiers
Dans le cabinet de Nathalie Geiger, qui exerce sur les villes de Reichstett, Mundolsheim et Souffelweyersheim, il y a quelques masques. Une boîte de 50 masques. 50 masques pour cinq infirmiers libéraux. Ce qui est bien sûr insuffisant. "Ils n'ont pas encore servi, on les garde pour plus tard", explique-t-elle.
Par contre, elle remarque un changement d'attitude net de ses patients depuis vendredi. "On sent que les gens mettent une distance entre nous, qu'ils ont peur d'être contaminés. Certains ouvrent à peine la porte. Un patient a voulu faire lui même une injection, pour ne pas que je rentre dans son domicile, ce qui est bien sûr impossible !", relate-t-elle. "Alors on écoute les gens, on passe du temps à les rassurer, on leur explique les choses et la plupart du temps ça suffit. Mais bien sûr, ça nous prend du temps."
Tournées différenciées
Dans leur cabinet, les cinq infirmières ont mis en place deux tournées bien distinctes. Chaque infirmière est positionnée sur une seule des deux, pour éviter les brassages trop importants de personnes et donc du virus, le cas échéant."Je ne suis pas encore trop inquiète, on applique les règles de bases. On doit vivre au jour le jour. De toutes façons, nous, les infirmiers, n'avons pas le droit de tomber malades", conclut-elle.
Et pour les personnes qui voudraient savoir comment laver correctement leurs mains, comme les soignants le font, voici un visuel fait par l'Organisation mondiale de la santé :
OMS : Lavage Des Mains by Florence Grandon on Scribd