Vendenheim, 5.785 habitants, est l'une des 33 communes de l’Eurométropole de Strasbourg. La municipalité se prépare au déconfinement, mais Philippe Pfrimmer, le maire se sent peu soutenu par l’Etat.
"Ces derniers jours ont été difficiles." Philippe Pfrimmer, maire (SE) de Vendenheim, dans le Bas-Rhin, le dit sans détour, "nous sommes face à une cacophonie gouvernementale, à un Etat qu’on peut qualifier d’absent. " Les communes manquent de moyens et d’informations. L’élu esquisse une ébauche du déconfinement, tout en estimant que le département sera sans doute classé en rouge - donc, que les écoles ne rouvriront peut-être pas le 11 mai.
Cela dit, il faut bien prévoir des alternatives pour les 320 élèves de primaire et les 200 enfants de maternelle. Vendenheim compte quatre établissements scolaires, dont une école élémentaire, une école maternelle, et deux collèges, public et privé. La solution d’accueillir une partie des élèves le matin, une autre l’après-midi, semble peu envisageable. "Il faudrait tout désinfecter à midi. Et vous imaginez, désinfecter 20 salles de classe en une heure?" Trop coûteux.
Ce que préconise Philippe Pfrimmer, c’est plutôt de faire venir un groupe de 15 élèves maximum par classe le lundi-mardi, un autre le jeudi-vendredi, ce qui laisserait tout le mercredi pour la désinfection. Et de réguler les entrées dans les salles. Ainsi que de sortir des cours d’école pour les récréations, et les faire ailleurs...
Il faudra "prendre la température"
Son adjointe à l’éducation, Carine Duret, entend "prendre la température" dès la semaine prochaine auprès des directeurs d’école et des enseignants, parfois réticents à l’idée de reprendre le travail. Certains parents ne souhaiteront sans doute pas renvoyer leur enfants à l’école dès le 11 mai, malgré la mise à disposition de gels et de distributeurs dans les établissements. Pour respecter la distanciation sociale, les services de la mairie envisagent de retirer des tables, de déplacer du mobilier au fond des salles ou dans les couloirs. Le maire propose même de délocaliser deux salles de classe dans les gymnases de la commune, fermés au public pour l’instant. Pour ce qui est de la reprise du périscolaire et de la restauration collective, rien n’est fixé pour le moment. Mais, glisse Carine Duret, "sachant que les restaurants et cafés devront rester fermés, cela semble compliqué de rouvrir les cantines..."Une situation "surréaliste"
Malgré cette situation qu’il qualifie de "surréaliste" à plusieurs reprises, Philippe Pfrimmer assure que la municipalité essaie d’avoir un coup d’avance pour appréhender le déconfinement. "J’ai même commandé directement 3.000 masques enfants à un fournisseur portugais" avant les annonces d’Edouard Philippe, mardi. Montant de la facture : 5.000 euros pour la commune. Alors même si ces protections seront prohibées en maternelle et déconseillées en primaire, ces masques lavables en textile seront bien proposés aux élèves fédinois par la municipalité, sous réserve qu’ils arrivent à temps.Quid des activités périscolaires et culturelles cet été? Le « Fédicentre », centre socio-culturel, a déjà préparé son programme. Mais avec de nombreuses incertitudes : autorisation des sports collectifs, présence de petits groupes, déplacements... Un mini-séjour pour ados a d’ailleurs été annulé. Pour ce qui est de la médiathèque, une solution « drive » est envisagée pour les habitants. Enfin, le centre culturel « Le Diapason » restera fermé jusqu’au 31 août - pas sûr, même, que la programmation puisse reprendre au 1er septembre.
Obligation de réponse, pas de solution
"En tant que maire, je dois des réponses à mes administrés, pas des solutions". Mais des réponses, Philippe Pfrimmer n’en obtient pas toujours lui-même. Par exemple, sur cette réunion entre les services du préfet et une dizaine de maires du département ces jours-ci. Impossible de connaître l’identité des participants. Malgré les nombreux échanges téléphoniques avec ses homologues, de Lampertheim et Mundolsheim, notamment. "Cela me paraîtrait cohérent que l’Eurométropole soit représentée.. mais on n’arrive pas à en savoir plus!"Ce qu’il croit savoir, en revanche, c’est qu’il faudra revoir certaines choses par rapport au modèle actuel, sortir de cette dépendance économique par rapport, notamment, à la Chine, en en payant le prix. "Mais je suis sûr qu’il ne sera pas si élevé que cela". Vu d’ici, il pourrait bien y avoir un après-covid.