« C’est bon, les écoles ne rouvriront pas le 11 mai ! ». C’est presque soulagée que Florence Claudepierre, une mère de famille haut-rhinoise, nous fait part de ses impressions après avoir écouté Edouard Philippe. Le Premier ministre vient de présenter les grandes lignes du plan de déconfinement devant l’Assemblée nationale. Maintenu à partir du 11 mai, il sera « progressif », et « différencié » entre les départements "verts", où il sera appliqué largement, et "rouges", où il prendra une forme plus stricte.
- Edouard Philippe, Premier ministreLes départements "rouges" seront soit ceux qui auront un "taux de cas nouveaux dans la population sur une période de 7 jours, (qui) reste élevé", soit ceux qui ont "des capacités hospitalières régionales en réanimation tendues", soit ceux qui ont un "système local de tests et de détection des cas contacts pas suffisamment prêt".
Aucun doute pour Florence Claudepierre, le Haut-Rhin – l’un des départements qui a payé le plus lourd tribut dans cette crise du coronavirus - sera classé en rouge. Cela lui fait un gros poids en moins sur les épaules. Comme beaucoup de mamans haut-rhinoises, elle était très inquiète à l’idée que les écoles rouvrent d’ici deux semaines : « si ça ne tenait qu’à elle, ma fille aurait envie de retourner en classe dès le 11 mai pour retrouver ses copains. Mais moi ça me fait peur. J’ai un profil à risque. Et puis il y a encore beaucoup de malades autour de nous, la crise sanitaire est loin d’être réglée ici, constate-t-elle depuis la vallée de Masevaux où elle réside. Hors de question dans ces conditions de prendre le risque de relancer l’épidémie », assène cette porte-parole des parents, elle qui est présidente de la Fédération de parents d'élèves (FCPE) du Haut-Rhin.

Lors de ses échanges avec les parents, un mot revient de manière récurrente : la confiance, ou plutôt désormais le manque de confiance envers les mesures annoncées par le gouvernement.
- Florence Claudepierre, présidente de la FCPE du Haut-Rhin.Les parents n’ont pas l’impression que cette réouverture des écoles est faite dans l’intérêt des enfants. Ils ont le sentiment d’être sacrifiés sur l’autel de la reprise économique.
Demande de report à Mulhouse
Cette inquiétude palpable chez les parents haut-rhinois est partagée par certains élus du département. A Mulhouse, la maire LR Michèle Lutz a elle aussi écouté avec attention les déclarations du Premier ministre. Si elle entend les impératifs sociaux et économiques d’une réouverture des établissements, elle prend note de la souplesse laissée à certains territoires et dont sa ville aura besoin. « L’une des demandes que je vais faire au préfet sera de décaler le 11 mai à une date ultérieure, annonce-t-elle. Il faut que j’ai la certitude de pouvoir préparer et désinfecter les écoles et d’avoir à disposition le personnel nécessaire pour accueillir les enfants dans les meilleures conditions ».Elle n’avance encore aucune autre date. Seule case pour l’heure à cocher dans les calendriers : celle du 7 mai, annoncée devant les députés par Edouard Philippe. On devrait alors connaître la liste des départements « verts » et des départements « rouges ».

A Colmar, les enfants devront avoir un masque
Il y a la date de la reprise, il y a aussi les conditions sanitaires dans lesquelles elle s'effectuera. Selon les préconisations du Premier ministre, le port du masque pour les enfants sera "prohibé" en maternelle, "non recommandé" en élémentaire et obligatoire au collège. Des recommandations sur la foi d'avis scientifiques qui ne suffisent pas au maire LR de Colmar Gilbert Meyer. "Ma consigne demeure concernant le port du masque pour les enfants en école élémentaire. Chaque curé est maître dans son église". L'adage vaut avertissement. L'édile a déjà fait savoir à la préfecture du Haut-Rhin qu’il n’autoriserait pas la réouverture des 47 maternelles et des 69 écoles élémentaires de sa commune tant qu’il n’y aura pas un masque pour chaque enseignant et chaque élève. Les commandes ont été passées mais des retards sont annoncés pour les livraisons : ils ne devraient arriver que fin mai, et les premiers stocks attendus ne permettront d’équiper que 80% de la population colmarienne, selon le maire. « Je ne veux pas avoir à faire de tri, commente Gilbert Meyer. Je ne veux pas avoir à trancher si je dois plutôt donner des masques aux enfants ou aux personnes âgées. C’est une trop grande responsabilité à assumer. »