Covid-19 : Avec le confinement, ils ont découvert l'aquaponie, où comment faire pousser des laitues grâce à des poissons

Depuis le 17 mars 2020, le carnet de commandes de Pierre Harlaut, président de l'association aquaponie France dont le siège est situé à Romain dans la Marne, ne désemplit pas.

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Se confiner dans un 38 m2 avec un enfant de 9 ans n'a pas été facile tous les jours pour Charlotte Bellotti. A 33 ans, cette infirmière habite à Franconville dans le Val d'Oise, au quatrième étage d'un grand immeuble. Depuis un an, celle qui officie en service de réanimation dans un grand hôpital parisien a vécu la crise sanitaire de plein fouet. Déjà engagée dans des démarches écologiques, c'est naturellement que la jeune mère de famille s'est tournée vers l'aquaponie. "Je ne sais pas travailler la terre, reconnaît-elle, mais j'ai toujours été curieuse."

Le déclic, c'est pendant le premier confinement qu'elle l'a eu. Cloîtrée dans son appartement avec son fils, l'appel de la nature ne s'est pas fait attendre longtemps. D'abord intéressée par la permaculture et le woofing, tendance qui consiste à donner de son temps dans une ferme en échange du gîte et du couvert, son attention s'est tournée vers l'aquaponie. "Ce qui m'intéresse, c'est de fabriquer un écosystème en alliant les poissons aux plantes, explique l'infirmière. Et le fait que ce soit adaptable à un petit espace, sans avoir une grosse jardinière, sans consommer trop d'eau et ne pas avoir trop de déchets."

 

Un mélange d'hydroponie et d'aquaculture

Mais qu'est-ce que l'aquaponie ? C'est un système qui repose sur deux techniques agricoles peu écologiques, l'hydroponie, la culture hors-sol et l'aquaculture. Une fois combinées, les deux méthodes créent un cycle vertueux, nous expliquait Pierre Harlaut, un Marnais à la tête d'aquaponie France, dans ce reportage daté de 2016 (voir la vidéo ci-dessous). En résumé, les plantes sont trempées dans l'eau utilisées pour l'élevage des poissons. Leurs excréments sont utilisés commen engrais pour les plantes, qui filtrent l'eau à leur tour.

©France 3 Champagne-Ardenne

C'est donc en travaillant dans la ferme d'Alexandre Truchard, dans le Val d'Oise, lui-même formé par Pierre Harlaut, que Christelle Bellotti s'est intéressée à l'aquaponie. "Pour l'instant j'ai besoin d'apprendre, je vais m'initier avec Alexandre, m'occuper de son aquaponie pour ensuite l'appliquer chez moi", explique-t-elle.

Comme cette infirmière, ils sont nombreux à avoir découvert l'aquaponie pendant le confinement. "Le 16 mars, tout s'est arrêté. Le 17, Nous avons subi un véritable assaut sur notre boutique et notamment vers nos
kits clé en main
, se souvient Pierre Harlaut. Notre service logistique a été totalement saturé à la suite des deux confinements."

 

L'agriculture à portée de balcon

Il faut dire que l'aquaponie a de quoi attirer. Ludique, la méthode attire l'oeil grâce aux poissons et s'adapte particulièrement bien aux petits espaces. "On a beaucoup de demandes dans les écoles. Les enfants sont comme des fous avec les poissons", souligne le président d'aquaponie France. De plus, sur sa chaîne YouTube, le Marnais donne beaucoup de conseils pour se lancer seul, avec uniquement du matériel de récupération. "Pierre Harlaut s'est différencié avec le système D et la récup, analyse Alexandre Truchard. Il fait des vidéos et prend le temps d'expliquer."

Malgré les apparences, le système est peu gourmand en eau. "Je m'y intéresse de plus en plus, ce système propose de réelles solutions et repose sur un cercle vertueux, expose-t-il. 90% d'eau en moins, c'est énorme. On peut désormais manger des légumes et son poisson, avec des matériaux qui utilisent le moins d'eau possible."

De la Marne à la Thaïlande

Il n'y a pas qu'en France que l'aquaponie gagne du terrain. Piriya Chaichanasiri est belgo-thaïlandais et lui aussi, est passé par une des formations du Marnais. Cela fait maintenant cinq ans qu'il a abandonné un salaire confortable en Suisse pour rejoindre l'une de ses deux terres natales et se lancer dans une ferme géante d'aquaponie, à Phetchabun Nong Phai, au centre de la Thaïlande. En tout, il dispose de 3.200 m2 de serres et une capacité de 75.000 plants.

Même s'il n'en est qu'au début de son aventure, il est fier de proposer un système encore marginal et respectueux de l'environnement. "Je suis le deuxième à proposer ce système en Thaïlande, mais je vois bien que l'aquaponie intrigue, raconte-t-il. J'ai reçu plusieurs visites de personnes intéressées, mais comme je ne suis pas encore tout à fait au point, je préfère les arrêter pour le moment, et les reprendre quand ce sera le cas."

De la Marne à la Thaïlande en passant par Paris, l'aquaponie séduit de plus en plus professionnels et particuliers. En 2019, c'est l'aquarium de la capitale qui se lançait dans l'aventure

 

Quels sont les visages de l’agriculture d’aujourd’hui ? Pour les découvrir, cliquez sur un point, zoomez sur le territoire qui vous intéresse ou chercher la commune de votre choix avec la petite loupe. Bonnes balades au cœur du monde paysan.


 

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