Covid-19 : "il ne se passe rien, c'est dur psychologiquement" selon un salarié de la restauration

Alors que la France risque de se reconfiner dans les prochains jours face aux assauts de la pandémie, nous avons rencontré Damien Carlier, il est adjoint de direction dans un restaurant de Reims. Seul, au chômage partiel, il explique sa lassitude face à cette situation.

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C'est un arrêt brutal. Le 30 octobre 2020, tout s’arrête pour Damien Carlier. La France entre dans le second confinement et là, c’est le le coup de grâce. "J’étais au bar avec mes collègues et notre patron est venu nous voir pour nous dire que nous fermions après le service. J’ai pris ça encore comme un coup de masse, après avoir vécu le premier confinement en mars, je n’y croyais pas, encore et encore et pour combien de temps, ça me gêne. Qu’allons-nous devenir ? Aucune perspective, le plus dur, c’est de ne rien savoir, d'être dans l’inconnu", explique Damien Carlier.

Budget amputé

Dans son appartement, Damien 44 ans, prépare son café. C'est une journée ordinaire depuis quelques mois et ne pas aller à son travail lui pèse de plus en plus.

 

Depuis 20 ans, il officie comme adjoint de direction au sein de l'équipe du restaurant le "Mr Foggs Pub", à Reims. Et depuis la fin octobre, il reste chez lui. Avec le chômage partiel, il ne touche que 84% de son salaire habituel. Il faut donc être vigilant, anticiper les dépenses. "Je perds environ 400 euros par mois. Ce n'est pas rien, cela représente mon budget course alimentaire qui est conséquent. Habituellement, nous mangeons sur place et c'est une économie non négligeable. Manger chez moi midi et soir, c’est presque 300 euros par mois en plus. Mon salaire est passé de 2.000 euros à 1.500 euros, je m’aperçois que même en étant chez moi je dépense plus qu’en allant travailler : les crédits, les factures, le chauffage sont à payés et eux ne sont pas à 84%, rien ne baisse. Nous ne sommes jamais chez nous avec notre métier, je fais 44 heures par semaine, la toutes les données sont modifiées", souligne Damien. 

Mourir d'ennui et le néant absolu

Au-delà du salaire, ce qui manque aussi à Damien, c'est tout simplement de s'activer, son quotidien reste très calme. "Il ne se passe rien, psychologiquement, c'est dur pour moi. Merci Netflix, le matin tu te lèves, tu téléphones à tes potes pour raconter toujours la même chose et puis avec le couvre-feu, ta vie sociale en prend un coup. Habituellement, je fais du sport en salle mais aujourd’hui, cela n’est plus possible, tout est fermé", précise Damien. 

A la question : que vous manque-t-il le plus aujourd’hui, Damien répond sans aucune hésitation : "les clients, le boulot, que va-t-il se passer dans ma journée ? Dans mon métier, il se passe toujours quelque chose mais là, rien de rien, c’est le néant absolu".

Au fur et à mesure que les jours passent, Damien reste chez lui. Ses seules occupations sont la lecture et la télévision. Une situation dure à vivre pour ce jeune homme dynamique habitué à côtoyer les clients de la Place d’Erlon. Une perte profonde du lien social, du jour au lendemain. Il a perdu tous ses contacts, il n'y a plus d’ambiance, fini les bruits de verres, la machine à café et son sifflement strident, une absence totale de repère !

"Je ne suis pas habitué à rester sans rien faire, c’est long, c’est très très long. Honnêtement cela devient difficile à vivre, tout me manque, mon bar, mes amis, mes collègues. Je suis dans l’attente, je veux une vraie date pour retrouver ma vie d’avant. J’avoue qu’avec le temps on s’y habitue, on ne fait qu‘attendre. J'attends cette réouverture presque comme un cadeau de Noël, nous sommes tous fous, nous trépignons d’impatience, j’ai hâte d’être souriant, d’avoir de la complicité avec mes clients" confie Damien.

Les perspectives ne sont pas bonnes

Au cœur de la Ville, sur la Place d’Erlon, le lieu de vie des Rémois, tous est triste, gris, sans âmes. Damien approche à petits pas de son établissement, son regard dissimulé sous son masque.

"J’ai le cœur brisé, ici c’est une place vivante où se côtoient les gens, il y a les sourires, les rigolades. Les terrasses sont bondées en été, et là, c’est vide, la joie de vivre a disparu, il n’y a plus que des commerçants en tristesse. Concrètement, j’en ai marre, il nous faut une date, une véritable date pour reprendre et retrouver du plaisir", déplore Damien Carlier.

Si l'envie de se remettre au travail est unanime et pressante pour ce salarié de la restauration, des craintes variées se font jour. De nombreuses questions se posent, elles sont encore sans réponses. Damien Carlier est persuadé qu'au vu de la situation sanitaire, un reconfinement est tout proche. Le désarroi n'a que trop duré pour ce cadre de direction. Il en est ainsi pour tous les métiers de la restauration, ils n’attendent que le feu vert du gouvernement pour retrouver leurs vies d’avant. "Ce n'est pas demain la veille ! " conclus-t-il.

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