Culture : envolée des ventes de mangas grâce au Pass culture, une initiative saluée par les libraires

Le dispositif mis en place par le Ministère de la Culture permet aux 18-25 ans de bénéficier de 300 euros pour satisfaire leurs envies de cinéma, de théâtre, de concert ou de musique en ligne. Les libraires y gagnent de nouveaux clients. Les ventes de mangas s'envolent.

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A Reims, il y a environ huit mois, la librairie Bédérama avait été choisie pour tester cette opération du Pass culture, mise en place par le Ministère de la Culture. "On a dit oui, tout de suite", raconte Séverine Tréfouël, la libraire de cette maison spécialisée dans la bande dessinée et les mangas. Aujourd'hui, elle ne le regrette absolument pas.

"Cela nous a aidé dans la gestion, ça nous a formés. On a été dans le bain, tout de suite". Riche de cette expérience, chez Bédérama, on a pu anticiper. La suite, ce sont "des clients, vraiment tous les jours", explique Séverine Tréfouël.

L'expérience acquise au moment du test a en effet permis, à la librairie de s'approvisionner. Et il a le fallait car la demande a été très forte. "On est vraiment très content. On a plus de 10% de clientèle, en plus. Quand ils découvrent les choix dans notre boutique, ils sont très contents", dit-elle.

 

Un succès prévisible

Le Pass culture s'adresse aux jeunes de 18 à 25 ans. "Ce public ciblé est davantage lecteur de mangas, que de bandes dessinées. Le succès est donc normal. Ca se passe très bien. Il a fallu s'organiser, avec le logiciel. Ca marchait bien pendant le test, et ça continue".

Les éditeurs rencontrent des difficultés. Les imprimeurs ont du mal à suivre, car il n'y a pas assez de papier, et ça entraîne des ruptures de stocks.

David Leon, responsable du rayon BD, mangas, à la librairie Rimbaud, à Charleville-Mézières.

"Jujutsu Kaisen", "Bersek" ou encore "The Promised Neverland", sont des séries qui marchent très bien. "Les clients achètent souvent des séries complètes, plus d'autres choses. Ils commencent ou finissent de grosses séries". Le succès de cette opération survient à un moment où habituellement, les ventes ralentissent. De quoi satisfaire les professionnels.

 

Euphorie à la librairie Rimbaud, dans les Ardennes

A Charleville-Mézières, dans le département des Ardennes, David Leon, le responsable du rayon Mangas et Bandes dessinées, parle carrément "d'euphorie, depuis quelque temps. La vente de mangas marchait déjà bien, avant. Le Pass culture lui a donné un coup de "boost". C'est la même clientèle que d'habitude, mais au lieu d'acheter deux ou trois mangas, ils prennent des séries, en masse, des série quasi- complètes".

Si "Jujutsu Kaisen" fait également partie des meilleures ventes, "L'Attaque des Titans" est ce qui se vend le plus, à la librairie Rimbaud. "La série existait déjà, en animé", précise David Leon. "Demon Slayer" est aussi une des séries qui tire son épingle du jeu, et l'on peut également citer "One Piece". "Les mangas d'action se vendaient déjà, avant. Cela se confirme", assure David Leon.

 

Les imprimeurs ont du mal à suivre

Chez Bédérama, à Reims, on avait anticipé les commandes. A la librairie Rimbaud, à Charleville-Mézières, on le confirme, la demande est très importante. "Les demandes dépassent l'offre. On prévient les clients qu'il y a une attente de quelques semaines", indique David Leon. "Il manque beaucoup de tome 1. En fait, les éditeurs rencontrent des difficultés. Les imprimeurs ont du mal à suivre, car il n'y a pas assez de papier, et ça entraîne des ruptures de stocks".

 

On est vraiment content. On a plus de 10% de clientèle, en plus.

Séverine Tréfouël, libraire, chez Bédérama, à Reims.

Au moment où le Pass culture a été lancé, le secteur se portait déjà bien, "mais ça a représenté une bonne aubaine", confie le libraire ardennais. "Notre rayon s'est agrandi, on a développé notre stock, et il y a une bonne rotation sur les séries".

 

Une opération à reproduire

A Chaumont, en Haute-Marne, à la librairie "Apostrophe", James Hugueny, le libraire se réjouit également de cette initiative. "Ca fait entrer des nouveaux clients. C'est une bonne chose, une opération à reproduire. Chez nous, les achats sont assez variés : des romans pour jeunes adultes, de la bande dessinée, quelques beaux livres sur la nature ou les pays, et un peu de documents. C'est positif".

A Troyes, dans l'Aube, Thierry, chez "Rapid livres", se montre beaucoup moins enthousiaste. "C'est compliqué à mettre en œuvre. C'est une usine à gaz. Il faut trois à cinq manœuvres pour valider un achat. Il faut passer les titres, un par un. J'ai vendu un livre, et je ne sais pas si je serai payé. Ce n'est pas forcément pour les petits. C'est un outil pour les grosses sociétés. Les collègues se plaignent de ça. Je pense qu'avec le Pass culture, les jeunes vont s'abonner à Salto".

 

825.000 jeunes concernés

Le Pass culture avait fait l'objet d'une expérimentation, dans les départements de la Marne, des Ardennes et du Bas-Rhin, notamment. Depuis le mois de mai dernier, cette opération a été étendue à toute la France.

Elle concerne les jeunes de 18 à 25 ans, qui après avoir téléchargé l'application, peuvent bénéficier d'un crédit de 300 euros, valable 24 mois. A partir d'une plateforme dédiée, ils peuvent ainsi voir leur accès à la culture, sous diverses formes, facilité. A ce jour, 544.857 jeunes utilisent ce dispositif numérique.

C'est l'occasion d'effectuer, à bon compte, toutes sortes de dépenses culturelles, et de se hasarder à faire des découvertes, sans impacter son budget.

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