De plus en plus de jeunes couples se retroussent les manches pour acheter et rénover des maisons alsaciennes

S'investir pour retaper une maison à colombages n'est plus une préoccupation réservée aux retraités. Depuis quelques années, des jeunes choisissent à leur tour de se lancer dans l'aventure pour sauver ce patrimoine local. 300 maisons alsaciennes sont démolies chaque année dans la région. 

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En Alsace, près d'un millier de maisons alsaciennes, souvent très abîmées par le temps, sont menacées de disparition dans les villages. Une situation qui émeut les jeunes couples : ils sont de plus en plus nombreux à acheter et rénover des vieilles maisons à colombages.

À Hoffen, un peu plus de 1.100 habitants dans le nord du Bas-Rhin, Maryne Scherer et Yves Fischer viennent d'acquérir une grande bâtisse de plus de 300 m² avec cour et dépendances. Pour leur premier achat immobilier, à seulement 24 et 29 ans, ils ont pris le parti de l'ancien. Du très ancien, même. Leur maison daterait des années 1785.

Vivre en cœur de village

Un choix surtout motivé par l'emplacement de leur futur chez eux : "On vient tous les deux d’Hoffen, notre deuxième fils est né à Hoffen devant chez nous dans le camion des pompiers. On ne voulait pas quitter Hoffen. Et on n’avait pas envie de vivre dans un lotissement surpeuplé où les voisins voient dans notre assiette. On a entendu que cette maison était à vendre, donc on s’est dit « on la veut, on doit l’acheter », et maintenant elle est à nous", témoigne Maryne. 

Elle aurait été prête à construire, mais les terrains en plein cœur de village sont rares. Alors, elle a volontiers suivi son compagnon, Yves, maçon, dans ses envies de rénovation. Lui a grandi dans une maison alsacienne avec ses parents. Attaché à "tout ce qui est authentique", il ne se voyait pas vivre dans du high-tech. 

Le couple et ses deux petits garçons, Elyot et Emyle, prévoient au moins deux ans de chantier, qu'ils partagent d'ailleurs au quotidien sur les réseaux sociaux (voir ci-dessous), pour une maison à leur image : "On va mélanger l'ancien et le moderne. On veut garder le colombage pour préserver l'esprit de la maison alsacienne mais on va utiliser des matériaux d'aujourd'hui, comme la fibre de bois pour l'isolation, explique Yves, que les heures de travail en perspective n'effraient pas. Pour vous, ça peut sembler compliqué, mais moi, c’est mon quotidien au travail", assure-t-il.

Les Hoffenois projettent d'investir 100.000 euros pour les travaux, en plus des 120.000 déjà dépensés à l'achat : "C'est beaucoup moins que si on avait acheté neuf avec une telle superficie. On n'aurait jamais eu les dépendances". Un budget plus que correct, car Maryne et Yves envisagent de tout faire eux-mêmes, avec leurs familles, bien heureuses de voir leurs enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants s'installer au village. "On aurait aussi aidé s'ils avaient construit, bien sûr, mais là c'est différent. Cela préserve un héritage auquel nous tenons, en tant qu'Alsaciens, et en plus, les enfants font vivre la commune", se réjouit Sébastien, le papa de Maryne. 

Une maison pleine d'histoire(s)

À une dizaine de kilomètres de là, à Lampertsloch, Delphine Haehnel et Aymeric Ney ont aussi opté, en 2014, à 25 et 26 ans, pour une maison alsacienne de 1711 à retaper. Ils y ont consacré leurs week-ends et leurs vacances pendant cinq ans. "On se sent très bien chez nous, on est très fiers de pouvoir profiter du résultat de notre travail", confient-ils après quelques mois d'installation.

Ils ont nettoyé, à la main, chacune de leurs 8.000 tuiles en queue de castor et malaxé de leurs pieds puis monté seau par seau le nouveau torchis. "Le but, c'est d'utiliser des produits qui se trouvent sur place : par exemple, la terre de jardin pour faire le torchis, le bois qui vient de la forêt d'ici...", expliquait Aymeric pendant le chantier, lorsque nous l'avions rencontré (voir vidéo ci-dessous).

Le couvreur de métier est sensible au bâti ancien. Il a sauvé de la destruction la vieille porte de la maison qu'il a fait isoler et remonter. La décoration est pleine de vie : une poutre noircie rappelle l'emplacement d'un ancien poêle, un vieil établi et une machine à coudre servent de meubles de salle de bain. 

Delphine et Aymeric font souvent figure d'exemple. D'autres viennent s'inspirer d'eux. "C'est vrai que quand on s'est lancés, très peu de jeunes étaient intéressés par les maisons alsaciennes. Mais on remarque que ça change. Et encore plus depuis la crise sanitaire et les confinements qui ont fait naître des envies de campagne et d'espaces. On n'est plus dans le profil du médecin retraité que l'on trouvait souvent, ou des gens plutôt aisés", remarque Aymeric. Longtemps, le coût a été le principal frein. "Mais si on s'occupe du chantier, on peut s'en sortir raisonnablement", affirme-t-il.

Pour les jeunes parents d'un petit Arsène, la facture totale - achat et travaux compris - s'est élevée à 220.000 euros. "Il ne faut pas hésiter à tenter l’aventure, encourage Delphine. On n’est pas seuls. De nos jours, il y a les réseaux sociaux pour nous aider - Facebook, Instagram - des associations comme l’ASMA… On ne savait pas non plus à quoi s’attendre au départ, c’était tout nouveau pour nous. Et pourtant, on s’est lancés et je crois qu’on a réussi à faire quelque chose de bien".

Les deux trentenaires ont attrapé le virus et envisagent déjà de recommencer. D'abord, en rénovant une petite demeure sur leur terrain pour en faire une cuisine d'été, puis en achetant une autre maison alsacienne, plus grande, à remettre sur pied. 

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