Dehlingen - Entre le sable de la plage et la terre à gratter, ils ont choisi : les colonies "archéologie" font sensation en Alsace Bossue

Chaque été à Dehlingen, c'est le même rituel : le petit village voit débarquer des dizaines d'archéologues en herbe, bien décidés à faire rimer vacances avec abondance. Immersion au cœur de la colo, truelle à la main, à la recherche d'objets anciens. 

Qui a dit que la colo, plus c'est loin, plus c'est bien ? Sûrement pas la trentaine d'adolescents, réunis depuis le 17 juillet pour deux semaines sur le site du Gurtelbach, à Dehlingen. Ni les plus jeunes, qui avaient pris possession du site la quinzaine précédente. Passer une partie de leurs vacances en Alsace Bossue, ils l'ont choisi, par intérêt pour l'archéologie. 

"Ça fait cinq ans que je viens", explique Laurina. "Nous aussi", répondent ses copines. "Quatre ans", pour Lucie. "C'est ici qu'on se revoit tous les ans avec les amis, c'est bien".

Car la colonie "archéologie", proposée pour la 26e année, attire d'un été sur l'autre les mêmes enfants, rejoints par quelques nouveaux, comme Danny, arrivé tout droit de...Normandie. "La tata de ma maman m'a dit que je pouvais participer à cette colo, alors j'ai dit à mes parents que je voulais y aller et ils m'ont inscrit. J'aime bien les anciennes fouilles, les chemins où ils passaient", explique le garçon de 10 ans, avant de préciser : "Il faut surtout être motivé, avoir de la force et savoir bien creuser".
 

 

Sur une ancienne villa gallo-romaine 

Les apprentis archéologues travaillent sur les vestiges d'une ancienne villa gallo-romaine, occupée du Ier au Ve siècle. Ils ont été redécouverts par un agriculteur alors qu'il travaillait sur son champ. Depuis, les archéologues de la Société de recherche archéologique d'Alsace Bossue (SRAAB) fouillent le site. Mais avant eux, à la fin du XIXe siècle, le pasteur de Diemeringen, Jean Ringel, avaient déjà gratté certaines parties.

La mission des enfants : arriver à déterminer si le périmètre qu'ils décapent a déjà été creusé par le pasteur ou s'ils sont les premiers à retourner la terre. Ils auront la réponse, après avoir analysé les morceaux de céramique qu'ils trouvent : si les différentes couches de terre et donc les objets sont mélangés, ils sauront que c'est l'œuvre de Jean Ringel. Eux espèrent évidemment avoir la primauté des fouilles pour pouvoir remonter quelques pépites
 

"C'est peut-être nos ancêtres qui étaient là"

"J’enlève la terre car il faut tout décaper. Il faut beaucoup gratter mais ça me plait de travailler, donc c’est bien. Ici, on peut faire des choses qu’on ne ferait jamais ailleurs", explique Théo, 15 ans de Voellerdingen. "C'est super intéressant de voir ce qu'il s'est passé dans le passé", se réjouit Laurina, en train de nettoyer à la brosse à dents des morceaux de tuiles, de verre, d'os, de céramique ou de fer que ses copains ont sorti de terre le matin-même. "C'est peut-être nos ancêtres qui étaient là, c'est trop bien". 
 

L'objectif de cette colonie "archéologie" : donner aux adolescents une autre expérience de l'Histoire que celle qu'ils vivent dans les musées, et les sensibiliser au travail effectué par les archéologues. Mettre les mains à la pâte, rien de mieux pour comprendre. Parmi les animateurs, beaucoup d'anciens colons, marqués par leur enfance à gratter encore et encore, et venus faire durer le plaisir.

Preuve que le pari des archéologues est gagné : ils démystifient leur métier et les objets anciens. Faire naître des vocations n'est pas un objectif car la profession est bouchée, toujours est-il que plusieurs anciens "vacanciers" ont suivi la voie : l'un est aujourd'hui docteur en archéologie, un autre prépare une thèse, un autre encore démarre ses études dans le domaine... Rien que ça. 
 
 
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