A Bâle, le Rhin traverse la ville. Pour passer d'une rive à l'autre, il y a bien sûr des ponts, mais également quatre petits bacs, les "Fähri", en activité depuis le 19e siècle. Une véritable institution, dont une association assure la pérennité.
Par Sabine Pfeiffer
A côté des péniches et des barques, quatre "Fähri" (ferries), embarcations de bois à fond plat, semi-couvertes, font vraiment partie du paysage rhénan bâlois. Du Sud au Nord de la ville, il y a, dans l'ordre : le St. Alban-Fähre (bac de la vallée de St-Alban), qui répond au doux nom de "Wilde Maa" (Homme sauvage), le Münster-Fähre (bac de la cathédrale) surnommé "Leu", le Klingental-Fähre (bac de Klingental), aussi appelé "Totentanz" (danse des morts) ou "Vogel Gryff" (griffon), et le St. Johann-Fähre (bac de St-Jean), appelé "Ueli". Deux à trois dénominations par bateau… Rien de compliqué pour les Bâlois, pour qui ces ferries font partie intégrante de leur ville, tout autant que la cathédrale ou la fontaine Tinguely. Présents depuis le milieu du 19e siècle, ces bacs ont, aujourd'hui, une fonction plus agréable qu'utilitaire, et servent davantage à transporter les touristes et les promeneurs que des Bâlois pressés de se rendre d'une rive à l'autre.
Les premiers bacs ont été mis en circulation vers le milieu du 19e siècle, au moment où la ville de Bâle s'est agrandie, mais n'avait encore qu'un seul pont. Les ferries permettaient aux habitants de rallier rapidement les deux rives. Mais au fil du temps, avec la construction de plusieurs ponts en dur, cette fonction utilitaire a perdu sa raison d'être. En 1972, une fondation a été créée afin de les sauvegarder. Elle est propriétaire des quatre embarcations, qui ne dépendent donc pas des transports publics. Les bateliers sont des gérants-bailleurs, qui versent une contribution et fixent collégialement le prix de la traversée (1,60 CHF – environ 1,40 €). En-dehors des heures officielles de navigation, chacun est libre d'utiliser son bateau pour y proposer des événements particuliers, comme des soirées fondues. Mais ils ne pourraient pas s'acquitter des frais d'entretien (environ 25 000 CHF – 22 000 euros par an et par bac). D'où la création, en 1974, d'une association, le Fähri-Verein, destiné à rechercher les fonds nécessaires. Aujourd'hui, les cotisations de ses 4000 membres permettent de couvrir les dépenses et réparations annuelles des bateaux et, ainsi, d'assurer leur pérennité. Car impossible d'imaginer Bâle sans ces petits bateaux, discrets mais bien présents tout au long de l'année. L'hiver, ils circulent seulement de 11 à 17h, l'été ils commencent à 9h et terminent souvent dans la nuit.