Il y a encore quatre, cinq ans la patate douce se trouvait dans le rayons des légumes exotiques mais face à l'engouement des consommateurs pour ce tubercule bizarre, de plus en plus de maraîchers alsaciens se mettent à le produire. Récit d'une success-story.
"Oh là là, oui ! C'est le légume à la mode" me lance le responsable du site de la Sapam, grossiste basé à Strasbourg quand je l'appelle pour lui dire que je souhaite réaliser un article autour du succès de la patate douce. "Il y a quatre, cinq ans, elle faisait partie du rayon des légumes exotiques mais aujourd'hui elle trône au milieu des produits alsaciens. Nous en vendons une tonne par semaine" poursuit Noel Roth.
Originaire d'Amérique, la patate douce a su séduire les consommateurs au fil des années et s'est imposée dans nos assiettes. A Handschuheim (Bas-Rhin) Jean-Michel Obrecht a été l'un des premiers à se lancer, il y a une dizaine d'année. Féru de fruits et légumes méconnus, le maraîcher a démarré avec la patate douce à chair orange (la plus connue et consommée) qui vient du Canada.
Une multitude de variétés
"Il existe plus de 400 variétés de patates douces" nous dit-il dans son champ lors de la récolte, début octobre. Lui, plante quatre variétés : la canadienne donc, une chinoise à chair violette, une patate blanche originaire des pays chauds et la patate "Murisaki" qui est rouge à l'extérieur et blanche à l'intérieur.Des patates qui n'ont rien à voir avec nos pommes de terre. Elles ne sont pas de la même famille, n'ont pas le même goût ni la même consistance. Dans ses champs Jean-Michel Obrecht et ses salariés la récoltent à la main mais aussi avec mécaniquement. Le légume demande tout de même un peu d'attention. Si sa culture est très aisée, il s'agit de faire doucement lors de la récolte pour ne pas l'abîmer.
Développement des producteurs
A l'aise dans un sol léger, la patate douce se plaît en Alsace. Peu gourmande en eau, elle se développe sans problèmes dans notre région. Face à la demande grandissante de plus en plus de maraîchers ont donc décidé de se diversifier. "Dans notre petit magasin, nos clients en demandaient. Nos patates douces venaient d'Egypte ou des Etats-Unis. Nous avons voulu tester" nous raconte Virginie Krieger dont c'est la première récolte cette année. La famille a planté près de 50 tonnes de ces tubercules dont une grosse partie sera vendue par la Sapam, le reste à la ferme.Seul bémol : son stockage. La patate douce n'aime pas le froid, il faut donc la conserver dans un endroit tempéré (12°C) afin qu'elle ne pourrisse pas. La famille Krieger a opté pour son hangar dans lequel elle conditionne les asperges au printemps. Un lieu chauffé qui convient aux patates douces.