En Champagne-Ardenne, la Fondation du Patrimoine reçoit de 950.000 à 1 million d'euros de dons par an pour la sauvegarde d'églises ou de cathédrales, mais aussi d'objets ou d'espaces naturels. Ce qui en fait le premier secteur géographique de France en nombre de dons.
Restauration d'églises, de châteaux, de lavoirs, de jardins, 700 projets de restauration publics ou privés ont pu être financés ces dernières années en Champagne-Ardenne grâce à une mobilisation exceptionnelle.
Troisième région de France pour ses dons
En moyenne, la délégation de Champagne-Ardenne de la Fondation du Patrimoine reçoit 950.000 à 1 million d'euros de dons par an. Cela permet d'aider à la restauration de nombreux projets, portés par des collectivités, des associations ou des particuliers"L'une des souscriptions les plus réussies a été celle de la Chapelle Saint-Joseph à Reims, rappelle Pierre Possémé, président de la délégation. Chacun a donné ce qu'il pouvait. La restauration a été financée presque à 100% par les dons".
Même élan de générosité pour la rénovation de la Croix de Lorraine, en Haute-Marne. "Nous avons reçu des milliers de chèques de 40 à 50 euros. C'était très émouvant. Pour les donateurs, c'était un hommage rendu au général De Gaulle et à la résistance, un symbole de liberté."
La défiscalisation pour convaincre les mécènes
Les dons des particuliers ne suffisent pas. Il faut aller chercher de l'argent auprès des entreprises."Pour les convaincre, précise Pierre Possémé, on leur explique que c'est une façon intelligente de défiscaliser. L'argent sert à sauver le patrimoine et permet de sauver des emplois qui ne sont pas délocalisables."De manière générale, en Champagne-Ardenne, le mécénat marche très bien. La délégation s'est classée troisième de France pour ses dons l'an dernier. Il faut dire que les maisons de Champagne sont très généreuses. Dans la Marne, les dons peuvent monter à 240.000 euros.
Qui peut monter un dossier ?
Chacun peut décider de défendre un objet du patrimoine qui lui tient à coeur. Des particuliers, des collectivités territoriales, des associations peuvent avoir envie de préserver un bien mobilier, immobilier ou un espace naturel. "Dans le moindre de nos villages, des églises aux lavoirs, on trouve les traces de ce savoir-faire ancestral des hommes de métier," souligne l'ancien patron du Bâtiment Associés.Tous les biens qui relèvent du patrimoine français, qui donc portent en eux le savoir-faire des anciens, sont élligibles. Cela ne s'arrête pas au patrimoine bâti. La Fondation du patrimoine a aussi été sollicitée pour de très beaux jardins, des forêts. La Fondation s'est ainsi engagée sur des espaces naturels à Cormicy, dans la Marne.
L'aide de la Fondation
La délégation s'engage sur des projets très variés. la création d'un vitrail à l'église Saint-Jean-du-Marché de Troyes ou la création d'un musée départemental de la résistance à Mussy Sur Seine. La procédure est simple.Un dossier est envoyé à la Fondation où il est étudié et éventuellement sélectionné. Le dossier financier doit être solide. Les deux permanents de la délégation, Noémie et Bernard, étudient les projets, établissent des conventions de mécénat et lancent la souscription. Celle-ci durent plusieurs mois. Ainsi des souscriptions sont en cours pour l'Abbaye cistercienne de Morimond à Parnoy-En-Bassigny en Haute-Marne ou le château de Vaux à Fouchères, dans l'Aube.Des collectivités s'engagent pour la sauvegarde du patrimoine
Les collectivités ne sont pas en reste. Beaucoup s'impliquent pour restaurer d'anciens bâtiments.La commune de Joinville lance régulièrement des souscriptions,via la fondation,pour restaurer des maisons de son centre-ville à pan de bois, restaurer d'anciennes cartes de la ville ou un ancien pigeonnier. Le département des Ardennes a lui aussi lancé des souscriptions pour le Château de la Cassine ou les thermes gallo-Romains de Warcq. La délégation du patrimoine intervient en appui. Elle n'assure pas seule le financement des travaux, mais vient en complément d'un montage financier pour l'ensemble du chantier.
Depuis sa création, la Fondation a porté 700 projets publics et privés en Champagne-Ardenne. Parmi les plus emblématiques, la grande Rose de la Cathédrale et la porte Mars à Reims, le Château Perrier à Epernay, les thermes gallo-romains de Warcq, dans les Ardennes, la Croix de Lorraine en Haute-Marne, le Moulin à eau de Bar-sur-Seine. Chaque année, une vingtaine de projets sont sélectionnés.
C'est une façon de préserver notre histoire. Les bâtisseurs, qu'ils soient charpentiers, tailleurs de pierre, nous ont laissé leurs connaissances. Rien de ce que nous faisons aujourd'hui ne pourrait l'être sans respecter leur savoir-faire.
Le loto de la mission Bern
La Fondation du Patrimoine est étroitement liée à la mission Bern, menée par le célèbre animateur Stéphane Bern. En 2017, il a été chargé par le président de la République d'identifier le patrimoine immobilier en péril et de rechercher des solutions innovantes pour financer les travaux de restauration. La mission organise chaque année, au mois de septembre, un loto du patrimoine, dont les sommes sont versées à la Fondation.500 000 euros ont ainsi été attribués en 2019 pour la restauration du Moulin de Bar-Sur-Seine dans l'Aube, dernier vestige des moulins à pan de bois utilisant la force hydraulique de la Seine. Ce ne sont pas les projets qui manquent. Dans chaque commune, il existe une perle qu'il faut préserver de l'oubli et de la destruction. Pierre possémé ne s'arrête jamais."Nous avons un projet de restauration de l'église de Bezannes, dans La Marne. Il ne faut pas laisser disparaître le passé car c'est lui qui fait rayonner les constructions modernes. La rénovation de cette église et les frais d'architecte représentent un budget de 1 million d'euros. La fondation s'efforce d'apporter 15 à 20% de mécénat."
Beaucoup de projets sont en cours : la cathédrale de Troyes, la Basilique de Chaumont, mais aussi un billard, objet patrimonial dans le château de la Motte-Tilly ou la création d'un musée de la résistance à Mussy-sur-Seine, des tentures murales au musée Saint-Remi de Reims.
Il existe en Champagne-Ardenne de nombreux monuments à rénover, et de nombreuses initiatives liées à la préservation du patrimoine à accompagner.Pierre Possémé a dans ses cartons le projet d'un parcours patrimonial gallo-romain qui permettrait de mettre en valeur les richesses du territoire et de développer l'attrait touristique de la région Grand Est.