Géothermie à Bure : l'Andra a-t-il menti ?

Le potentiel géothermique du sous-sol de Bure, aux confins de la Haute-Marne et de la Meuse, a-t-il été sous-estimé pour faciliter l'implantation du centre de stockage de déchets radioactifs ?

C’est un procès à haut risque qui se déroule ce lundi 5 janvier au tribunal de grande instance de Nanterre. Six associations antinucléaires l'ont saisi pour examiner la "responsabilité pour faute" de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), accusée d'avoir "délibérément dissimulé" les ressources géothermiques de Bure.

Manifestation des militants antinucléaires

Avant l'audience, qui s'est ouverte peu après 15 heures, une vingtaine de militants antinucléaires ont manifesté devant le tribunal de grande instance, chantant "Non, pas de déchets à Bure" sur un air de guitare. Les associations réclament chacune 3.000 euros en réparation. Mais leur objectif est surtout d'obtenir "une reconnaissance symbolique d'une faute de l'Andra", pour montrer que cette agence "n'est pas infaillible et qu'elle sait tricher quand
elle veut"
, a déclaré à l'AFP Antoine Godinot, géologue de l'association BureStop 55.

A Bure, une zone rurale très faiblement peuplée aux confins de la Meuse et de la Haute-Marne, l'Andra propose d'installer son futur "centre de stockage industriel géologique" (Cigéo), pour entreposer à 490 mètres de profondeur des déchets hautement radioactifs et à durée de vie longue provenant des centrales nucléaires françaises.

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) exclut toutefois une telle entreprise sur tout site en France présentant "un intérêt particulier" pour la géothermie. Aussi, depuis plus de 11 ans, les associations opposées au projet Cigéo tentent de démontrer l'intérêt géothermique du sous-sol de Bure.
Leur avocat, Me Etienne Ambroselli, fait aussi valoir "un risque sérieux" si de telles ressources souterraines venaient un jour à être exploitées à proximité du
centre, redoutant des "perforations des déchets" radioactifs par des forages.

Une bataille d'expertises

De son côté, l'Andra réfute les accusations d'avoir menti sur le potentiel géothermique. Au regard d'études qu'elle a diligentées en 2007-2008, "il n'existe pas de ressources géothermiques exceptionnelles" dans la zone de 30 km² étudiée pour Cigéo, répète-t-elle.

L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a aussi estimé en 2013 qu'au vu de ces tests, le potentiel géothermique de Bure n'était "pas de nature à remettre en cause le choix du site d'implantation du projet Cigéo", au regard des critères de l'ASN.

Les antinucléaires contestent la précision de ces études, qu'ils jugent par ailleurs incomplètes, réclamant notamment des forages plus profonds. En 2013 une contre-expertise de Geowatt, un bureau d'études suisse, avait conforté leurs doutes.

Délibéré rendu fin mars

Le jugement a été mis en délibéré au 26 mars.

Après avoir mené en 2013 un débat public controversé sur le projet Cigéo, l'Andra a proposé un démarrage progressif de l'exploitation du centre à partir de 2025, avec une phase industrielle pilote de 5 à 10 ans. L'Andra compte finaliser sa demande de création du centre en 2017, dans l'optique d'un décret d'autorisation à l'horizon 2020.

L'exploitation de Cigéo est prévue pour durer au moins un siècle, tout en étant "réversible" et "flexible" sur cette période, rappelle l'Andra, afin de laisser aux générations futures un maximum de possibilités pour permettre des adaptations techniques, voire le retrait des "colis" radioactifs de leur tombeau souterrain.

Voir notre reportage dans le JT 19/20 de ce lundi 5 janvier 2015 :

Le potentiel géothermique du sous-sol de Bure, aux confins de la Haute-Marne et de la Meuse, a-t-il été sous-estimé pour faciliter l'implantation du centre de stockage de déchets radioactifs ? C'est la question qui a été posée ce lundi 5 janvier par le tribunal de Nanterre. Le délibéré sera rendu le 26 mars.

 

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