Gerstheim, modèle d'engagement pour l'alsacien et l'allemand à l'école

Après une section bilingue paritaire ouverte en 2011, Gerstheim compte désormais aussi depuis la rentrée 2019 une école ABCM immersive et une classe de 6e bilingue. Une offre très large pour une commune de moins de 3.500 habitants, qui a décidé de s'engager pour l'alsacien et l'allemand. 

L'offre s'est étoffée à la rentrée à Gerstheim : après l'allemand, les enfants peuvent désormais aussi apprendre l'alsacien à l'école. Public, privé, il y en a pour tous les goûts.

La section bilingue paritaire, créée en 2011, est bien en place et fonctionne déjà pour la neuvième année scolaire, sur la base de 13 heures d’allemand et 13 heures de français par semaine, de la petite section de maternelle au CM2. Les premiers écoliers à s'être assis sur les bancs de cette école sont entrés au collège cette année, au mois de septembre. Pour leur permettre de poursuivre leur formation bilingue, une classe de 6e a été ouverte au collège de la commune

"Ces élèves sont très spontanés, dotés d'un vocabulaire déjà riche", explique leur professeure d'allemand, Agnès Chauvet. Sans l'ouverture de la classe à Gerstheim, ils auraient été contraints d'aller dans un autre établissement, plus éloigné, ou auraient dû être mélangés aux autres élèves de 6e, beaucoup moins avancés en allemand.
 

Le maire se mobilise pour trouver les professeurs

Hors de question pour le maire de ce gros village de 3.500 habitants. Laurence Muller-Bronn a fait pression pour que cette 6e bilingue puisse voir le jour. Elle s'est elle-même mobilisée pour trouver des professeurs capables de dispenser des cours de mathématiques et d'histoire-géographie, en allemand. C'est elle aussi qui a soutenu les parents d'élèves et l'association ABCM Zweisprachichkeit pour qu'une école ABCM ouvre à la rentrée.

Plus que d'une naissance, il s'agit en fait d'une renaissance car l'école ABCM était déjà en place à Gerstheim lors de l'année scolaire 2017-2018. Mais elle avait fermé ses portes en juin 2018, faute d'élèves. Beaucoup de parents, échaudés par les multiples déplacements de l'école, avaient fini par retirer leurs enfants. En 14 ans, elle avait en effet déménagé trois fois : d'abord installée sur un terrain privé à Bindernheim dans le Ried, elle était partie pour Kappel en Allemagne quelques années plus tard, avant de revenir en Alsace en 2017, à Gerstheim cette fois.​​​​​ ​
 
Aujourd'hui, il s'agit d'une école ABCM immersive, autrement dit, les enfants apprennent l'allemand et l'alsacien. La maîtresse ne parle plus un mot de français.

"Je suis bretonne, et je sais que ce n'est pas du tout un sujet chez nous, confie Laurence Muller-Bronn. La langue régionale n'est pas du tout parlée au quotidien comme l'alsacien, mais de l'apporter comme une connaissance, un héritage, on ne se pose même pas la question, c'est une richesse. En Alsace, j'y habite depuis plus de trente ans, se rajoute quand même l'intérêt de l'emploi, on est en frontière : on ne peut pas dire que les Bretons apprennent le breton pour trouver un emploi, mais les Alsaciens... Là, Gerstheim a les pieds dans le Rhin"


L'alsacien à la maison, ça ne suffit pas

L'école accueille neuf élèves, cinq en petite section et quatre en moyenne section. Sarah Weiss-Moessmer y avait déjà scolarisée sa fille Rose, il y a deux ans. Elle ne lui parle qu'en alsacien, une question de "culture" et de "racines" mais cela n'est pas suffisant selon elle : "Quand les enfants arrivent à l'école, ils ne parlent que français entre eux parce que beaucoup ne maîtrisent que cette langue, et cela continue quand ils rentrent. C'est pour ça que je suis persuadée que c'est important qu'ils parlent alsacien à l'école"

Beaucoup de parents non dialectophones ont aussi choisi d'inscrire leurs enfants dans cette classe, comme Stéphanie Deloy, maman de Lyncoln : "On est à côté de l'Allemagne. Quand on va en Allemagne, j'ai beaucoup de mal. Mon compagnon parle allemand et alsacien. Pour moi, c'est un petit regret de ne pas arriver à communiquer avec les gens. Je me suis dit que j'allais donner cette chance à mon fils"

L'idée est de développer cette école, en ajoutant petit à petit des niveaux, à commencer par les grands de maternelle à la rentrée prochaine : "On ne va pas demander aux enfants d'être des linguistes, comme on ne demande pas à un gamin qui fait de la musique de devenir un virtuose, explique Laurence Muller-Bronn. On va lui apporter gratuitement, par le bilinguisme, un enrichissement et un choix supplémentaire, en connaissant mieux la culture de son voisin"
 
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