Un don de 3 à 10 euros pour l’établissement de son choix va permettre aux professionnels de garder la tête hors de l’eau, car la Région Grand-Est s’engage à doubler les sommes recueillies, jusqu’à hauteur de 100.000 euros. Une initiative bien accueillie.
Ceux qui aiment aller prendre leur petit café du matin dans un bar devront attendre jusqu’à l’année prochaine pour goûter à ce plaisir matinal. Le Premier Ministre Jean Castex a annoncé que les cafés et les bars ne pourraient pas rouvrir avant le 20 janvier 2021, minimum. Si cette décision déçoit les consommateurs, elle plonge les professionnels dans l’angoisse, la détresse. "On espère que ça va apporter une bouffée d’oxygène " explique Vincent Masencal. Depuis 2019, il est le gérant du "Lion", un établissement que bon nombre de rémois continuent à appeler "Le lion de Belfort", une maison ouverte Place Drouet-d’Erlon, à Reims, dans le Marne, depuis 1901.
" Cela peut nous donner un sérieux coup de pouce, selon la générosité de ceux qui vont nous soutenir ", poursuit le patron de ce café, bar, restaurant. " A la suite des interventions du Gouvernement, il n’y a aucune annonce pour les bars. On n’a aucun horizon. J’espère qu’il y aura plein de publicités autour de cette opération. Ca permettra d’aider les cafés et les bars, hors restaurants. Car les aides, on les attend. C’est plus long que prévu. Dans mon établissement, j’emploie, en tout 17 personnes… C’est le désarroi pour toute la profession."
C'est pourquoi la profession organise la riposte. "Mercredi, le 2 décembre, une manifestation doit avoir lieu, à 15 heures, Place Royale, devant la sous-préfecture de Reims. Notre appel, c’est "Laissez-nous travailler !" Une manifestation pour toute une filière : " il ne faut pas oublier que tous nos fournisseurs aussi sont impactés par ce drame économique. Cette initiative, c’est top. Il ne faut pas oublier qu’on est des lieux de rencontres, de mélanges des générations, des styles. Moi, j’adore ces moments de partage exceptionnels ".
La Région s’engage à doubler les dons
"Face au rebond de l'épidémie, j'ai souhaité que l'effort engagé soit poursuivi."
Sachant qu’un café coûte entre 1,50 euros et 2 euros, et qu'une coupe de champagne entre 7 et 12 euros, de nombreux habitués de ces établissements devraient pouvoir apporter leur soutien financier à leur bistrot préféré. Mais l’opération sera conséquente aussi, parce que la Région Grand Est s’engage à doubler les dons jusqu’à hauteur de 100.000 euros. "Nos cafetiers et gérants de bars comptent parmi les commerçants dont l’activité doit être soutenue ", annonce le Président de la Région Grand Est, Jean Rottner. La Région a donc, dans cette perspective imaginé cette opération " Café Solidaire ". " C’est avant tout, avec les citoyens du Grand Est que nous avançons, nous les encourageons à s’investir, à travers cette action de crowdfunding solidaire, pour les commerçants qui symbolisent toute la convivialité et le plaisir d’être ensemble ", a poursuivi Jean Rottner.
L’opération qui débute est menée avec la plateforme Cap Collectif, une plateforme fondée en 2014 par Cyril Lage, et qui travaille avec la plupart des grandes collectivités, notamment pour des opérations de financement participatif. " Cette opération est une première ", explique Amina-Mathilde N’Diaye, chargée de communication de Cap Collectif. " Nous aimerions l’étendre à d’autres Régions ". Cap Collectif a déjà de nombreuses réalisations à son actif, puisque la plateforme a hébergé le site du Grand Débat National, ainsi que plusieurs projets pour la planète avec Nicolas Hulot.
Comment participer
Pour commencer, il faut que les responsables des bars et cafés intéressés par l’opération se rendent sur " Ma Région demain", la plateforme de la Région Grand Est. C’est sur celle-ci qu’ils pourront s’inscrire et donner des renseignements sur leur établissement. Pour les donateurs, rendez-vous également sur " Ma Région demain ", pour y verser de 3 à 10 euros, via le module de paiement Tipsmee qui apparaît sur la fiche de l’établissement choisi.Les organisateurs de l’opération précisent que les bars et cafés peuvent librement proposer en contrepartie, des bons d’achat à utiliser chez eux, ultérieurement. Le 12 novembre dernier, la Région Grand Est a voté un plan d’urgence de 55 millions d’euros, pour venir en aide aux secteurs les plus touchés par le confinement. Mais les conséquences de ce deuxième confinement sont considérables. Joël Oudin, Président de l'U.I.M.H. l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie, dans la Marne, indique que sur les quelque 500 bars et cafés marnais, 20 à 30 % vont disparaître, surtout dans les campagnes. " Pour les autres, ça va être difficile de remonter la pente. Mais c’est une bonne initiative. On prend tout ce qui peut aider. Et pourquoi pas la même opération pour les restaurants ?" poursuit-il. De nombreux professionnels sont inquiets aujourd’hui. Et demain, les habitués de ces lieux de convivialité où l’on se rendait pour prendre un thé, un chocolat chaud ou un café, avant le confinement, pourraient à certains endroits, trouver portes closes, pour toujours.