L'association des Indignés d'Ardennes Forge ne sait toujours pas de quoi demain sera fait. Les 47 ex-salariés devront-ils rembourser, comme l'exige la justice, une partie des dommages et intérêts qu'ils ont perçu suite à la fermeture de leur usine ? Retour sur leur lutte, épuisante.
C'est sur les cendres de l'entreprise de pointe, Thomé-Génot - dont les ex-dirigeants sont actuellement sous le coup d'un mandat d'arrêt international pour banqueroute par détournement et abus de biens sociaux - qu'avait émergé Ardennes Forges en 2006.
La nouvelle entreprise, fondée sur la réputation et le savoir-faire d'un fleuron historique de l'industrie ardennaise, n'a pas tenu deux ans. Elle a été liquidée en 2008.
Chez les 316 ex-salariés de Thomé-Génot, puis chez les 47 ex-salariés pour la 2e fois sans emploi d'Ardennes Forge, il ne reste que rancoeur et peur de l'avenir.
Victimes une fois chez Thomé-Génot de deux patrons voyous, ils ont été victimes une deuxième fois de deux patrons malhonnêtes chez Ardennes Forge. Bruno Queval et Gilles Lesage ont en effet été condamnés en 2014 pour escroquerie et travail dissimulé.
Quatre "patrons voyous"... puis il faut rembourser
Mais l'affaire ne s'arrête pas là. Aujourd'hui, les 47 ex-salariés d'Ardennes Forge doivent rembourser à l'Association pour la gestion du régime d'assurance des créances des salariés (AGS) un "trop-perçu".En 2010, en effet, après la liquidation d'Ardennes Forge, les ex-salariés avaient obtenu du tribunal prudhommal de Charleville-Mézières, une indémnité globale de 900 000 euros, ventilée individuellement, pour licenciement sans cause réelle et sérieuse ainsi que pour travail dissimulé. Cette somme a été versée aux salariés.
C'était apparemment trop puisqu'en 2012, les AGS ont saisi la Cour d'appel de Reims, qui a fini par revoir à la baisse le montant des indémnités dues aux salariés et casser la décision prudhommale. De 900 000 euros, les 47 ex-Ardennes Forge ne pouvaient plus prétendre qu'à 470 000 euros.
Depuis les AGS réclament un remboursement. Malgré la condamnation des ex-patrons d'Ardennes Forges, convaincus d'escroquerie et de travail dissimulé et malgré le fait que ces ouvriers n'aient pas les moyens de rembourser ces sommes, qui peuvent aller jusqu'à 25 000 euros par ex-salarié.
Jusqu'au bout du processus judicaire
Depuis 2012, les Indignés d'Ardennes Forge se sont donc battus, et avec eux, des élus, des habitants, tout un territoire ardennais. Mais cette année, ils sont arrivés au bout des procédures judiciaires, la cour de cassation a clos le débat, donnant raison aux AGS.Leur avenir est aujourd'hui incertain, angoissant. Ils s'attendent tous les jours à voir arriver des huissiers. Ils attendent une décision des AGS. C'est leur témoignage que nous vous livrons dans ce Grand Format, signé Sophie Dumay, Xavier Claeys et Nathalie Baliguet.