Grève à France Bleu Alsace : "Nous sommes le service public mais nous n'aurons plus les moyens d'assurer cette mission"

A l'instar d'un grand nombre de salariés de Radio France, ceux de France Bleu Alsace sont en grève ce mardi 18 juin. En cause : un vaste plan d'économies annoncé par leur direction. Nous avons joint Rachel Noël, journaliste à France Bleu Alsace et élue SNJ pour comprendre les raisons de leur colère.

Le plan stratégique "Radio France 2022" présenté début juin par la présidente du groupe Sybile Veil est mal passé. Et c'est un euphémisme. Aujourd'hui, mardi 18 juin, un appel à la grève en intersyndicale a été lancé. Il est massivement suivi. 85% des journalistes de Radio France sont en grève. A France Bleu Alsace, ils le sont tous. Nous avons contacté Rachel Noël, journaliste à France Bleu Alsace et élue SNJ (Syndicat des Journalistes).
 

 

60 millions d'économies d'ici 4 ans


Le plan "Radio France 2022" table sur 60 millions d'euros d'économies à réaliser d'ici quatre ans. Ces nouvelles restrictions budgétaires sont présentées pour répondre à la baisse des dotations publiques ainsi qu'à la hausse "prévisible" des charges de personnel. Des économies qui seraient faites en grande partie sur la masse salariale (20 millions d'euros) avec la suppression de 270 à 390 postes (sur les 4000 salariés du groupe) sous la forme d'un plan de départs volontaires.
 
Pour Rachel Noël c'est un non sens : "Quand on demande le détail de ce plan, la Direction nous rétorque que 20 millions d'économies doivent être faites sur la masse salariale car mécaniquement, via les changements de pallier ou de grilles salariales, elle va augmenter de 16 millions. Or c'est faux. Nous avons fait appel à un cabinet  d'expertise comptable qui mise lui sur 7 millions environ."


22,8 euros par an, voilà ce que coûte Radio France aux Français
-Rachel Noël, journaliste France Bleu Alsace-


Et la journaliste de rajouter : " Il faut aussi arrêter de dire que Radio France coûte cher. En 2017, sur les 138 euros de redevance que paie un foyer fiscal, 16% seulement vont à Radio France. 22,8 euros par an, voilà ce que coûte Radio France aux Français."  


Des efforts, toujours des efforts


Les chiffres sont donc contestés par les syndicats. La méthode aussi. " On nous fait clairement du chantage. La Direction nous dit qu'elle n'a pas le choix. Que nous devons faire des efforts. Elle propose par exemple de ne supprimer que 270 postes, si nous, salariés, acceptons de faire une croix sur une semaine de congés."

Nos salaires sont bloqués depuis 7 ans, et rien qu'à Strasbourg nous avons déjà perdu deux postes
-Rachel Noël, journaliste France Bleu Alsace-


Sauf que les salariés de Radio France n'en peuvent plus. "Nous sommes à l'os, ça a été clairement démontré en 2015. Et on en a marre de faire des efforts. Nos salaires sont bloqués depuis 7 ans, et rien qu'à Strasbourg nous avons déjà perdu deux postes, deux départs à la retraite qui n'ont pas été remplacés. Et en plus de tout ça, il faut aussi que nous fassions du web, des collaborations multimédias en plus de notre travail classique. Nous sommes moins et on doit en faire plus. Il ne peut y avoir sans cesse des réductions d'effectif et en demander de plus en plus aux gens qui restent." 

Et ce, alors que le groupe Radio France a retrouvé l'équilibre financier l'année dernière. Et que ses antennes peuvent se targuer d'excellentes audiences. 

Un appauvrissement de l'antenne


"Les salariés craignent évidemment pour leurs emplois mais aussi plus globalement pour la qualité des produits que nous proposons. Nous sommes le service public mais nous n'aurons plus les moyens de remplir cette mission." 
 

Désormais, on ne peut plus faire des économies sans appauvrir l'antenne
-Rachel Noël, journaliste France Bleu Alsace-


"Aujourd'hui, vue la mobilisation, c'est un message fort qui est envoyé. On considère que, désormais, on ne peut plus faire des économies sans appauvrir l'antenne. Si nous sommes de moins en moins nombreux, des produits seront supprimés de nos antennes, donc nous aurons moins d'antenne et donc moins de proximité. On ne veut pas être des journalistes de bureau mais c'est ce qui nous menace à terme. Ne plus pouvoir aller sur le terrain."

Le préavis déposé par la CFDT, SNJ, FO, CGT, Sud et Unsa ne dit pas autre chose : " L'indépendance éditoriale, la qualité et la richesse des ses contenus, produits exclusivement en interne, le rayonnement de ses formations musicales ainsi que l'excellence de sa proximité en région ne peuvent s'accommoder d'économies drastiques et d'une course déraisonnable aux ressources propres." 

Les syndicats demandent purement et simplement le retrait du plan ainsi qu'un "effectif et des moyens nécessaires pour remplir les missions de service public." Pour rappel, en 2015, une grève historique de 28 jours avait déjà paralysé Radio France pour protester contre un plan d'économies. Encore un.
 
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