Hatten : La cour de Marie, voyage retour vers les sixties

Un voyage dans le temps. C'est ce qu'offre le musée privé La cour de Marie, à Hatten, par le biais de nombreuses expositions thématiques. Pour fêter la 10e saison, qui débutera mi-avril, une nouvelle exposition évoquant le camping des années 1950 à 70 est en préparation.
 

Attention, embarquement immédiat. Dès que le visiteur franchit la porte du musée "La cour de Marie", aménagé dans une ancienne ferme de Hatten (Bas-Rhin), la machine à remonter le temps commence à fonctionner. La première pièce, une petite buanderie avec lessiveuses, essoreuses et une étagère garnie de barils collector de lessive Ariel, Dash, Omo et Skip, donne le ton.
 



Ensuite, le visiteur atteint une grange réaménagée, 1500 mètres carrés sur deux niveaux, où les zones thématiques se succèdent : antiques téléviseurs, postes radios d'avant-guerre, machines à coudre, pots à lait, mobylettes, machines agricoles… une liste à la Prévert, dans laquelle chacun peut piocher selon ses désirs.      
 

Ça nous fait vivre, c'est une cure de jouvence.


A l'origine de ce musée improbable : un couple, Natalie et Jean-Claude Freyermuth, chineurs invétérés depuis plus d'un quart de siècle. "Dès 1994, on allait chercher des objets anciens aux quatre coins de France, raconte Natalie. La voiture et le coffre de toit étaient pleins à ras bord." Mais à l'époque, ils n'avaient aucun projet de musée. Le seul but de cette "collectionnite" d'objets, principalement d'après-guerre, était de les protéger, les sauvegarder. "On voulait éviter qu'ils finissent à la déchèterie, et disparaissent. Il fallait que cette époque, celle de notre enfance, laisse des traces", explique Natalie.

En 2003, ils ont acheté cette vieille ferme de Hatten, autant pour la sauver de la démolition que pour disposer enfin d'un lieu de stockage digne de ce nom pour les milliers d'objets amassés. C'est seulement lorsqu'ils ont effectué des tris par catégories que l'idée a surgi d'en faire des expositions thématiques.


600 visiteurs en 2010, 10.000 depuis 2018

Les Freyermuth ont donc ouvert leur musée en 2010. Deux cents mètres carrés, pour présenter des tracteurs, et une cuisine sixties en formica "avec balai, aspirateur et vaisselle arcopal". 600 visiteurs sont venus la première année, et revenus les suivantes, avec d'autres. Car à chaque nouvelle saison (le musée est ouvert d'avril à octobre), d'autres collections venaient enrichir celles déjà exposées. Les poupées Raynal de Natalie, qu'elle hésitait d'abord à présenter au public, ont rapidement constitué l'un des principaux attraits du site. Depuis trois ans, les 1500 mètres carrés sur deux niveaux sont totalement occupés, et le nombre de visiteurs a atteint les 10.000 par an, dont beaucoup de groupes qui viennent en bus.
 


En 2015, une association s'est constituée autour de Natalie et Jean-Claude, afin de soutenir leur projet, les aider à entretenir le lieu et les seconder dans l'accueil du public. "C'est notre enfance, on aime venir, explique Maguy Gilles, bénévole de l'association. On se croirait chez notre grand-mère, c'est dans ce genre d'ambiance qu'on a grandi. C'est pour ça qu'on vient les aider, et on aime le faire." En cette fin d'hiver, les bénévoles sont là pour nettoyer les collections avant la réouverture. "Mais l'été, quand le public arrive par bus entiers, on sert aussi le café et le gâteau, précise Michèle Spielmann, une autre bénévole. Et c'est super."
 


A l'étage, sous l'immense toit du hangar, des landaus de toutes les époques (les plus anciens remontent à 1870), recouverts de draps durant la pause hivernale, subissent un bon osterputz. Parmi eux, des petites voiturettes de métal, en forme de mini véhicules de sport (d'où leur surnom "Sportswaawe" (voiture de sport), dont l'aspect devait inciter les jeunes pères des années 1930 à pousser plus volontiers leur progéniture durant la promenade dominicale.
 

Beaucoup de gens nous déposent des objets dans la cour.


Beaucoup d'objets exposés proviennent aussi de dons. Ainsi cet authentique salon de coiffure, avec casques-séchoirs et miroirs dorés, offert par des particuliers de Roeschwoog. Et pour Natalie et Jean-Claude, pas question de laisser moisir un don dans une cave. Chaque objet reçu est mis en valeur et exposé. Par respect pour le donateur, et au profit des visiteurs.
 


Certains membres bricoleurs de l'association embellissent aussi le décor, en créant des écrins pour certains objets, tout particulièrement les jouets. Un "manège enchanté" qui tourne pour de vrai a ainsi été fabriqué pour accueillir les peluches Pollux – dont celle avec laquelle Natalie a fait ses premiers pas. "C'était quelque chose dont on rêvait, car on aime créer, précise Francine Fischer, l'une des bricoleuses. Et Natalie en rêvait aussi."

Le camping vintage, du rêve à la réalité


Côté rêve, Jean-Claude Freyermuth n'est pas en reste. Dans la grande salle où, depuis 9 ans, il exposait ses tracteurs, il a fait place nette. Afin de recréer un décor de camping des années soixante, avec tente en pointe et stand de glaces. Et une authentique mini-caravane ovoïde des années 1960, achetée fin 2019 sur le Net, et cherchée avec Natalie dans le sud de la France, par une nuit de tempête.

Pour peaufiner la mise en scène, il a bien sûr compté sur l'aide de quelques bénévoles de l'association. "Nous avons la chance d'être bien entourés, reconnaît-il. On vit avec le projet, on en parle, on en rêve la nuit. On le construit peu à peu."

Le coiffeur pour les poupées Raynal

De son côté, Natalie a constitué au fil des ans une collection de près de 200 poupées de la marque Raynal – en feutrine dans les années 1920, puis en rhodoïd jusqu'en 1949. Ne supportant pas le froid, elles passent les mois d'hiver au chaud, dans une chambre. Mais d'ici quelques semaines, elles réintégreront leur résidence d'été, un espace spécialement aménagé pour elles dans la grange-musée.
 


En attendant, certaines, dotées de cheveux véritables, se sont fait refaire une beauté chez… un coiffeur de Hatten. Shampooing, assouplissant et mise en pli, rien que ça, pour leur rendre leur chevelure soyeuse et leurs authentiques anglaises. Pour le coiffeur, Laurent Ball, mettre ainsi son savoir-faire au service de poupées était une première. "J'ai aimé le faire, sourit-il. Mais je ne suis pas volontaire pour coiffer l'ensemble des poupées du musée. Ce serait un travail à plein temps."
 


Pour sa 10e saison, La cour de Marie rouvrira ses portes au public chaque week-end entre le 18 avril et le 18 octobre 2020. Les visites de groupes sont possibles en semaine, sur réservation, et près de 40 autobus se sont déjà annoncés. Et pour les plus impatients, il est déjà possible d'avoir un petit avant-goût ce dimanche 8 mars, en se rendant à la Nef des Jouets de Soultz (Haut-Rhin), où Natalie présentera une sélection de ses poupées Raynal dans le cadre d'un salon du jouet.  
 
 
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