Colmar : mort d'un homme, un rapport de l'ARS pointe des "dysfonctionnements" au sein du Samu du Haut-Rhin

Des "dysfonctionnements" ont émaillé la prise en charge en août 2019 par le Samu du Haut-Rhin d'un appel pour un patient décédé quelques heures plus tard d'une occlusion intestinale à Colmar sans avoir été pris en charge, selon un rapport de l'agence régionale de santé.

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"Plusieurs dysfonctionnements structurels, impliquant l'organisation du SAMU 68, et conjoncturels en lien avec la régulation de l'appel" sont épinglés par le rapport d'inspection de l'Agence régionale de santé (ARS) Grand Est, daté du 11 juin et diligenté après la mort, le 24 août 2019, de Joël Richart.

Dans la matinée, cet homme âgé de 49 ans, est pris de violents maux de ventre. Son colocataire appele le Samu peu avant 10h, rappelle le document qui note que, "en écoutant les enregistrements" de l'appel, "on entend (M. Richart) gémir". Après un premier échange avec un assistant de régulation médicale (ARM), le colocataire est mis en contact avec un médecin régulateur qui ne s'entretiendra jamais avec le patient, relèvent les inspecteurs, venus enquêter en novembre 2019 à l'hôpital Emile-Muller de Mulhouse, où est installé le 15.

L'établissement était alors marqué par une grève des urgences, service miné par de nombreux départs de médecins, épuisés par les conditions de travail. "La difficulté de cet appel a résidé dans le fait que le médecin a échangé uniquement avec le tiers présent" et pas avec le patient, insiste le rapport, qui relève que le régulateur ne pose aucune question "sur les antécédents médicaux" ni "les éventuels traitements en cours".

Le médecin du Samu suggère ensuite que M. Richart aille consulter à la maison médicale de garde ouverte "à partir de 16h", sans demander s'il a les moyens de s'y rendre. Plus tard dans la journée, vers 16h, le Samu recevra un appel de la concierge de l'immeuble de M. Richart : il git inanimé sur son balcon. Arrivés sur place, les secours constateront son décès.

Quinze points de dysfonctionnement

Selon les conclusions de l'autopsie, sa mort est consécutive à une "perforation digestive très probablement en rapport" avec un cancer, maladie que le médecin traitant de M. Richart ignorait, indique le rapport. Plus largement, le document liste plusieurs "dysfonctionnements" au sein du Samu 68, comme "l'absence de projet médical" et de "fiches-réflexes" pour les ARM, ou encore le manque d'accompagnement des généralistes libéraux "lors de leur prise de fonction en régulation".

L'ARS a adressé mi-juin à Emile-Muller une quinzaine de "prescriptions et de recommandations" afin d'y remédier. Noël Richart, le frère de Joël, a lu le rapport début juillet. Contacté par France 3 Alsace, il annonce ne pas être étonné par son contenu. "Sur les quinze points relevés, il y en avait trois ou quatre que j'avais constaté.Tous ces point, si on les ajoutent l’un à côté de l’autre, ont donné malheureusement ce qui s’est passé ce jour-là… Ils sont totalement passés à côté".

Presqu'un an après, l’émotion est toujours vive, la colère aussi. "C’est impensable pour moi d’appeler le 15 et qu’ils ne se déplacent pas suite à un appel, surtout de cette gravité. Je trouve qu’ils ont pris ça à la légère. Il y a avait juste une question qui aurait pu le sauver, c’était de lui demander s’il avait un moyen de locomotion".

Une plainte transmise au parquet de Mulhouse

Noël Richart s'interroge aussi sur les responsabilités des uns et des autres. "Est-ce que c’est le responsable de la structure, qui n’a pas fait respecter les procédures, est-ce que c’est le médecin ou les ARM qui ne sont pas formés et dont on ne vérifie pas leur capacité à écouter correctement quand quelqu’un appelle et à identifier l’urgence ?"

Aujourd'hui Noël Richart attend des "sanctions lourdes, si la justice considère qu’il y a eu négligence, et qu’on aurait pu éviter le décès de mon frère, pour qu’il n’y ait plus un deuxième Joël Richart" et se dit un peu soulagé par une chose, que son frère "ne soit pas parti dans une indifférence totale". 

La plainte déposée en septembre 2019 par les proches de Joël Richart auprès du parquet de Colmar a été transmise à Mulhouse, où une information judiciaire est déjà ouverte depuis le décès en juin 2019 d'une sexagénaire après un appel au Samu 68.
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