Un gérant de jardinerie à Colmar est accusé d'avoir vendu à ses clients du matériel permettant de cultiver du cannabis et d'avoir donné des conseils pouvant aider des cannabiculteurs. Son avocat parle de "poursuites d'un autre âge".
Un gérant d'une jardinerie alternative, située dans la zone commerciale de Colmar; devait être jugé en comparution immédiate ce jeudi 26 juillet. Il est accusé d'avoir vendu du matériel à certains de ses clients qui s'étaient révélés être des cultivateurs de cannabis. L'audience de ce jeudi a finalement été reportée pour des raisons de procédure (des scellés non levés) au 16 août.
Son avocat, Joseph Breham, explique que son client reconnaît avoir eu connaissance de la destination du matériel qu'il vendait. Le gérant est poursuivi pour complicité d'acquisition, détention et d'emploi non autorisé de stupéfiant. Pour autant, son avocat juge ces chefs d'accusation "d'un autre âge".
Selon vous, ces poursuites ne sont pas justifiées...
"Non, moi, ça me paraît totalement délirant que le parquet veuille à tout prix, contre vents et marées, contre l'évidence, poursuivre mon client. Et en d'autres termes, j'ai un peu l'impression que l'on veut faire de mon client la victime expiatoire de lois rétrogrades marchant à sens contraire de l'histoire. J'espère que le tribunal se rendra à l'évidence et relaxera mon client pour que enfin ces poursuites-bâillons, ces poursuites d'un autre âge s'arrêtent et que le parquet se rende à l'évidence.""Et pour une fois, poursuivre des vrais trafiquants, poursuivre des vraies personnes qui sont de nature à créer un danger pour la santé publique, l'ordre public; et pas des hommes d'affaires parfaitement insérés, parfaitement intégrés, qui respectent parfaitement la loi."
Votre client a-t-il conseillé des cultivateurs de cannabis?
"Sur le fond du dossier, mon client a toujours parfaitement reconnu ce qu'il avait fait. Le premier reproche aujourd'hui, c'est d'avoir facilité l'usage de cannabis. À un moment, il faut juste respecter un peu le droit: avoir facilité l'usage, ce n'est pas du tout ce qu'a fait [...] mon client. Mon client a prodigué des conseils, sachant que ces personnes pouvaient utiliser ces conseils pour faire pousser du cannabis. Très bien: il y a eu infraction qui est précise, qui s'appelle la production de drogue, c'est prévu, c'est la cour d'assises."C'est absolument délirant, on essaye de faire rentrer dans l'infraction de complicité d'usage quelque chose qui ne rentre pas dedans
"Si le parquet considère que ce qu'a fait mon client, c'est de la complicité, je veux dire de la complicité de production, à ce moment là ils le renvoient en cour d'assises. Et on ne fait pas cette espèce d'entre-deux un peu bâtard - excusez-moi de l'expression - où, comme on comprend bien, renvoyer quelqu'un aux assises pour ça, c'est absolument délirant... On essaye de faire rentrer des carrés dans des ronds. Et on essaye de faire rentrer dans l'infraction de complicité d'usage quelque chose qui ne rentre pas, et qui n'est jamais rentré là-dedans."
Vous parlez d'une "loi rétrograde"...
"Exactement. Mais d'évidence, c'est pour ça que je parle de loi qui marche à contresens de l'histoire. Tout le monde sait maintenant aujourd'hui. Toutes les grandes démocraties occidentales se sont rendues à l'évidence, sauf la France. Le cannabis, ce n'est pas un fléau pour la santé publique, ce n'est pas un fléau pour l'ordre public. Ce qui est éventuellement un fléau, ce qui est éventuellement dangereux, c'est le trafic. Évidemment. Mais c'est exactement l'inverse de ce que fait [...] mon client. Mon client a justement permis éventuellement l'autoproduction, l'autoconsommation. Ce qui est donc tout sauf du trafic, et ce qui est le meilleur moyen de lutter contre le trafic.Donc, un des paradoxes de cette affaire, c'est que le parquet va requérir pour condamner, pour mettre en prison, je ne sais pas... quelqu'un qui est en fait son meilleur allié dans la lutte contre le trafic. Mais bon, ça, ça sous-entend d'avoir un peu une vision peut-être un peu générale des choses; et pas étriquée et juridico-juridique."