Tous les dimanches matins, à Colmar, l'équipe du club de lancer de couteaux et de haches s'entraîne. Créé en 2009, le club colmarien a été le premier à voir le jour en France. Nous sommes allés à la rencontre de Roland Meyer-Speicher, l'actuel président, pour découvrir ce sport insolite et méconnu.
Tous les dimanches matins, au stand de tir de Colmar, vous pouvez voir une douzaine de personnes lançaient des couteaux, et même des haches. Pas de panique : il s'agit tout simplement de l'entraînement hebdomadaire de l'équipe du club de lancer de couteaux et de haches (ALCA) de Colmar. Une discipline sportive insolite et méconnue, encore considérée comme un simple loisir.
Venu de l'Amérique du Nord et du Canada, le lancer de couteaux et de haches était l'apanage des trappeurs et des Amérindiens. En France, les premières compétitions ont eu lieu en 2004. Le club de Colmar, lui, s'est créé en 2009, devenant le tout premier club français de cette discipline à voir le jour.
Similitudes entre arts martiaux et lancer de couteaux
L'actuel président de l'ALCA, Roland Meyer-Speicher, découvre ce sport en 2011. « Je suis tombé sur un court article de presse qui en parlait. Je suis passionné d'arts martiaux et de couteaux alors je suis allé me renseigner, voir une première fois, et la deuxième fois, je suis reparti avec ma licence », raconte-t-il.
« Pour moi, c'était comme dans les films, comme les ninjas avec les étoiles. C'est un peu le même principe sauf que là on est plus cadré, cela reste une activité sportive. »
Roland Meyer-Speicher, président de l'ALCA
Après avoir exercé un art martial japonais pendant dix ans, l'aïkido, il s'est essayé à la boxe chinoise et française. « On retrouve des analogies entre le lancer de couteaux et les arts martiaux, comme la concentration et la recherche du meilleur geste. Mais c'est physiquement différent car avec le lancer, on est plus statique », souligne-t-il.
Le risque de blessures est aussi plus présent et le danger, bien réel. Seules les personnes de plus de 16 ans sont acceptées au club. Mais Roland Meyer-Speicher tient à être rassurant. « Nous n'avons jamais eu de blessures ou d'accidents. Le seul accident qui est déjà arrivé, c'est d'avoir une écharde métallique. Lorsque plusieurs couteaux sont lancés en même temps et qu'ils s'entrechoquent, cela peut former des échardes et on peut se la planter lors du lancer suivant. »
Daniela Meyer-Speicher, championne du monde
Son épouse, Daniela Meyer-Speicher, trésorière de l'association, s'est aussi prise au jeu. Trois ans après son mari, en 2014, elle s'essaie au lancer. « Elle ne comprenait pas que je lance des couteaux pendant deux heures. Alors je lui ai dit : essaie ! Résultat, quatre ans plus tard, elle a gagné la médaille de bronze dans la catégorie 7 mètres hache au championnat du monde en République Tchèque ! »
Reconnaissance vers un sport officiel
Roland Meyer-Speicher reconnaît un réel engouement pour cette discipline à l'échelle européenne, mais aussi en France, où les personnes prennent plus au sérieux cette activité sportive. « Depuis 2008, cela s'est développé en Europe. A mon premier championnat du monde en 2014, à Callac (Côtes-d'Armor), nous étions déjà 168 lanceurs venus de 14 pays différents, dont l'Angleterre, l'Allemagne, la République tchèque, la Russie ou les Etats-Unis. Avant, à Colmar, le lancer, c'était surtout pour se retrouver entre amis. Maintenant, les gens se tournent plus vers la compétition. »
Désormais, les compétiteurs ont l'habitude de se retrouver presque chaque année, soit au championnat du monde, qui a lieu entre les mois de juillet et d'août, soit au championnat de France, qui se déroule en mai.
Président de l'ALCA depuis six ans, Roland Meyer-Speicher souhaite désormais faire reconnaître le lancer de couteaux et de haches comme un sport officiel en obtenant l'agrément ministériel. Un agrément difficile à obtenir. « Le point de vue du ministère des Sports pour l'instant, c'est plutôt de considérer cette activité comme un loisir. Mais on va se battre pour le faire reconnaître comme un sport à part entière », insiste-t-il.
Depuis 2019, un fédération est ainsi en cours de création pour poursuivre la structuration de cette discipline à l'échelle nationale. En Alsace, on compte aujourd'hui trois clubs, dont celui de Colmar, un à Hagueneau et un autre à Dieffenbach-au-Val.
Tous les dimanches matins, vous pourrez donc voir les lanceurs s'entraîner de 10h à 12h au stand de tir de Colmar. Pour les plus curieux, il est possible de venir se renseigner lors de ces séances d'entraînement, de regarder et même d'essayer quelques lancers.
Roland n'a qu'un seul conseil à donner à ceux qui veulent tenter l'expérience : venir essayer !