Au musée Unterlinden de Colmar (Haut-Rhin), les panneaux - en bois massif - d'un retable du XVe siècle, trop lourds pour être déplacés dans un atelier, sont restaurés devant les visiteurs impressionnés.
Des coups de pinceau au beau milieu de la salle d'exposition. Au musée Unterlinden de Colmar (Haut-Rhin), un retable est en cours de restauration. Un travail non pas caché du public, mais bien réalisé aux yeux de tous. Plusieurs professionnelles s'activent autour de deux panneaux peints à l'huile, représentant des scènes de la vie de la Vierge.
Les panneaux en bois massif étaient trop lourds pour être déplacés en atelier. Alors ils sont traités sur place, suscitant l'admiration des visiteurs. "C'est la première fois que je vois quelqu'un restaurer un tableau, raconte cette touriste. Je suis émerveillée, tout simplement parce que je trouve que c'est très compliqué pour l'artiste de travailler en public."
À l’origine, le retable du XVe siècle était exposé dans l'église des Franciscains de Colmar. En 600 ans, le passage du temps a dégradé l'œuvre. "Des cycles d'humidité et de sécheresse ont joué sur le panneau en bois et l'ont fait gonfler et se rétracter par cycles successifs, explique Alicia Stemplowski, conservatrice restauratrice de peinture. La couche picturale, un peu plus rigide, ne suit pas forcément ces mouvements, et se craquelle."
Un peintre colmarien inspiré par Martin Schongauer
Des bougies et des insectes ont pu eux aussi abîmer les panneaux en bois. Il a fallu retirer plusieurs couches de saletés, du vernis, combler les lacunes et remettre de la couleur. En septembre 2024, les visiteurs assistent aux derniers travaux de restauration, démarrés en 2013.
Ce retable est attribué à Urbain Hutter, un peintre colmarien cité entre 1471 et 1497, suiveur de l'artiste Martin Schongauer, dont la production domine à Colmar dans le dernier quart du XVe siècle. "On a pu faire des rapprochements stylistiques et associer à Urbain Hutter différentes œuvres, dont ce retable, précise Magali Haas, commissaire de l'exposition "Couleur, gloire et beauté". Il est vraiment dans la lignée de Martin Schongauer, avec des visages assez doux, un travail sur les drapés, et les auréoles se caractérisent par des cercles concentriques en relief."
Des séances de restauration en public sont encore prévues au musée Unterlinden jusqu'au 13 septembre 2024.