Derrière la colère, des visages. Rencontre avec l'un d'eux Olivier (52 ans), travailleur handicapé et père de trois enfants. Il est descendu dans la rue pour la première fois avec les gilets jaunes le 17 novembre et compte récidiver ce samedi 1er décembre.
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Olivier, 52 ans, est un artiste compositeur-interprète. C’était son métier, celui qui devait lui permettre de vivre et de s’occuper de sa petite famille. Mais depuis 2001, Olivier "souffre d’acouphènes et d’hyperacousie invalidante" comme il nous l’explique dans une lettre estampillée "Gilet Jaune, Pourquoi j’ai manifesté le 17 novembre 2018" transmise à nos services. Incapable de travailler comme avant, Olivier peine à être embauché et décide de devenir bailleur. Malgré tout, il ne s’en sort pas. Il est descendu dans la rue pour la première fois en novembre et compte bien poursuivre le mouvement. Voici son témoignage.
Pouvez-vous en quelques mots résumer votre situation ?
Je fais partie de ces français en colère contre le gouvernement par rapport à leur façon d’agir, cette déshumanisation, cette déconnexion des gens du pouvoir. Le mouvement des gilets jaunes est donc l’occasion d'exprimer ce ras-le-bol. J’ai perçu en 2017, 3600 € de revenus locatifs pour un logement loué 300 € par mois. C’est mon seul revenu. Je vis sous le seuil de la pauvreté car ces impôts payés, il me restera moins de 200 € par mois pour vivre. Ma condition physique, mon âge font qu’il est difficile de trouver du travail. Je n’aurai pas ma famille pour nous soutenir (lui et ses trois enfants), je serai obligé de vendre la maison ou de la louer et de vivre dans un camping-car…
Qu’est-ce que qui vous a poussé à descendre dans la rue cette fois-ci ?
Il y avait de quoi manifester avant, mais le dédain de l’administration fiscale quand j’ai essayé de leur faire part de ma situation a servi de déclic. Ils doivent se dire –si vous être propriétaire ça va, vous n’avez qu’à vendre votre maison-. Ce cynisme général m’a poussé à passer le cap. Aujourd’hui, je ne peux pas vivre en étant bailleur. Heureusement que je peux compter sur ma famille sinon le système me pousserait à redemander le RSA. Et donc à couter de l’argent aux contribuables. L’Etat ne percevra plus ma taxe d’habitation et l’impôt sur le revenu foncier et il ne permettra plus à une personne de se loger. Comble de l’ironie, l’Etat déboursera la somme de 6752 € de Revenu de Solidarité Active par an. C’est insensé. On incite les gens à être des assistés.
Comptez-vous continuer à manifester ?
Oui, j’y serai pendant l’après-midi. J’ai toujours voté, je comprends qu’il peut y avoir des gens plus riches et les autres, tout simplement parce que certains sont plus ambitieux, mais de tels écarts non. Ce n’est plus la République en marche mais la République en panne. Et même si ma situation personnelle était différente j’y serai allé. Trop de mes proches sont en galère et de personnes souffrent de cette pression étatique même si beaucoup par pudeur n’osent rien dire de leurs difficultés par qu’ils craignent le regard des autres. C'est difficile de voir mon fils qui a 20 ans et malgré son diplôme d’hôtellerie est obligé d’aller chercher son paquet aux restos du cœur.
La lettre complète transmise par Olivier Cellier