La navette des crêtes cherche son public depuis plus de 20 ans. En période estivale, elle permet aux marcheurs et aux touristes de laisser leur véhicule au garage. La région Grand Est a décidé de reprendre le flambeau pour tenter de changer les habitudes des automobilistes.
Beaucoup de bruit ce dimanche 9 juillet ensoleillé sur la route des crêtes du massif vosgien. Beaucoup trop pour tous ces marcheurs et touristes à l'assaut des sommets venus chercher fraîcheur et quiétude. Parkings bondés, routes surchargées, les véhicules en tout genre affluent depuis les vallées. Il existe pourtant une solution permettant d'éviter de prendre sa voiture ou d'enfourcher sa moto. Depuis plus de vingt ans, un système de navettes estivales relie les points stratégiques aux départs des sentiers de randonnée.
Un système pratique à la noble cause, tenter de réduire le nombre de véhicules, mais qui n'a pas eu le succès escompté par son initiateur, le Parc naturel régional des ballons des Vosges, en 2001. Question de mentalité ou d'habitude, peut-être. En tout cas, la navette des crêtes n'a pas su convaincre. Ce matin, au départ de la navette devant la gare de Munster (Haut-Rhin), ils ne sont que deux, constate notre équipe de reportage. Un randonneur et un cycliste. Deux habitués de ce mode de transport pourtant bien pratique. "Ça me permet de faire une randonnée de 20 kilomètres sans pollution. Je la prends régulièrement tous les ans, c'est génial", se réjouit le randonneur à la retraite qui dispose de tout son temps.
Du temps et de la motivation
En trente minutes, les passagers de Munster arrivent au col de la Schlucht. Pour ceux qui partent de plus loin, il faut s'organiser et ne pas avoir peur de passer du temps dans les transports. Comme ce couple parti de Strasbourg. Une démarche logique et nécessaire : "On n'a pas de voiture, on se débrouille avec les trains et les bus. On a fait un petit voyage de deux heures". Une autre navette de la ligne Fluo, quelques kilomètres plus loin, leur permettra de redescendre sur Mulhouse.
Deux navettes dédiées sillonnent la route des crêtes du Grand Ballon au Lac Blanc. L'itinéraire, jalonné d'arrêts, tient compte des sentiers de randonnée. De quoi en théorie contenter le randonneur qui a laissé sa voiture au garage. Sauf que dans la pratique, la randonnée peut se transformer en galère. Des bus qui ne s'arrêtent pas, des trous parfois de deux heures entre deux passages, même les plus motivés y laissent des plumes. Sans compter la taille des bus, énorme, qui ne sont pas adaptés à ce genre de périple.
Un nouvel élan
Pour tenter de donner un nouvel élan à ce système de navettes, la Région Grand Est vient de s'emparer de l'organisation et du financement de ce transport en commun. Avec deux navettes sommitales et le réseau existant des lignes Fluo desservant neuf vallées de part et d'autre du massif, le système a besoin d'un coup de neuf. Un budget de 900.000 euros a été voté sur quatre ans. Après 20 ans, la région, dont le transport fait partie de ses domaines de compétence, reprend enfin la main. Il était temps. "C'est un travail de longue haleine, de changement de mentalité, depuis 2020 on a subi beaucoup de changements, les gens prennent conscience qu’il faut changer les habitudes", explique Denise Buhl Vice-présidente région Grand Est.
Il y a du chemin à parcourir avant d'arriver à convaincre. 2023 est une année de transition. La région va lancer un appel d'offres et chercher un nouveau prestataire. "On va travailler aussi à la décarbonation, pas de grands bus, mais des navettes plus adaptées au massif, plus petites, électriques ou à hydrogène", précise Denise Buhl.
Les navettes des crêtes fonctionnent du 9 juillet au 31 août en continu, de 8h30 à 18h30 à raison d’une heure d’intervalle et les week-ends en septembre.
